Au Centre des Sports de Villars, Charlotte Chable a troqué l’habit de l’athlète avec celui de coach. La skieuse dispense ses précieux conseils à une dizaine de fans venus tester des exercices d’entraînement d’équilibre et de gainage auxquels se soumet pratiquement quotidiennement la jeune athlète durant l’été. Un brin de détente bienvenue dans un programme chargé pour la Chablaisienne qui vient de rentrer d’un périple d’un mois en Nouvelle-Zélande et en Australie.

Le large sourire qu’elle affiche témoigne d’un bonheur retrouvé: celui d’être en pleine forme, de skier et de skier plutôt vite. Deux victoires en slalom et deux 2es places en géant et en slalom, complètent un excellent bilan dans l’hémisphère sud pour la Vaudoise. Des résultats probants qui démontrent que la jeune skieuse retrouve progressivement ses sensations après avoir été victime d’une troisième blessure au genou en janvier 2017. Un nouvel accident qui avait freiné sa progression alors qu’elle venait d’intégrer le top 30 mondial.

Depuis, Charlotte Chable a pris le temps de se reconstruire. Patiemment. Sans brûler les étapes, pour recouvrer la pleine possession de ses moyens. Avec l’objectif de réintégrer l’élite mondiale du slalom.

Le reportage vidéo complet:

Charlotte Chable, vous semblez rayonnante.

(Rires) C’est vrai que tout se passe bien pour moi. Le genou va également bien, je recommence à skier. Pour la tête, ce n’est que du positif. Tout roule.

Avec une confiance retrouvée.

Je dois travailler, ce n’est pas tous les jours évident. Mais la confiance revient petit à petit.

Les résultats obtenus en Nouvelle-Zélande et en Australie vous ont également aidée.

Ce voyage m’a fait beaucoup de bien. J’ai décidé de partir seule. Je m’en suis bien sortie et les résultats étaient en plus bons. On verra ce que cela donnera cet hiver.

Pourquoi êtes-vous partie seule dans l’hémisphère sud?

Car des courses y étaient organisées. J’avais besoin d’y participer pour abaisser mes points FIS et avoir de meilleurs dossards en Coupe du monde. C’est une expérience que j’avais envie de tenter et j’en suis très satisfaite.

Vous avez d’ailleurs pu vous confronter à des skieuses de Coupe du monde.

Il n’y en avait pas beaucoup et elles s’alignaient principalement en géant, une discipline où je ne suis pas encore prête contrairement au slalom. Mais dès le mois d’octobre, je vais m’entraîner avec Wendy (Holdener), Michelle (Gisin) et le reste de l’équipe et pouvoir enfin me situer.

 

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And now it’s a goodbye Kiss for you my dear New Zealand 💋 This trip was awesome 🙃 #timetogohome #thankful #needsomesommerdays #allesgutmitdiegut

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Vous avez connu plusieurs graves blessures par le passé. Comment êtes-vous parvenue à tenir le coup et ne pas tout laisser tomber?

Ma motivation, mais aussi le soutien de mes entraîneurs, de ma famille. Tout mon entourage a toujours cru en moi. J’ai beaucoup réfléchi après ma troisième blessure. Je me suis demandé si c’était la blessure de trop, s’il fallait que j’essaie autre chose. Mais le ski se trouve au fond de moi, je devais encore crocher et j’espère que c’était la bonne décision.

D’autant plus que vous n’avez pas encore 24 ans et que vous avez encore une belle carrière devant vous.

C’est sûr. Mais j’ai conscience que le ski alpin, c’est beau, c’est cool, toutefois il faudrait que ça commence à fonctionner maintenant et je donne tout en ce sens.

Inconsciemment, pense-t-on toujours à la blessure?

On y pense souvent même. Le plus dur est d’essayer d’oublier. Ça prend du temps, mais je me trouve sur le bon chemin.

Existe-il encore de l’appréhension lorsque vous skiez?

Parfois, mais cela va de mieux en mieux. Je sais que le genou va bien et que je peux aller à fond, même si certaines conditions sont encore difficiles pour moi.

Lesquelles?

S’il y a du brouillard et qu’on ne voit pas très bien. S’il a neigé, que l’on pousse la neige sur le côté. Si tu pars à la faute, tu peux te faire mal. Se sont des situations où je n’ai pas encore 100% confiance.

Qu’est-ce qui a changé entre la Charlotte Chable qui obtenait son premier top 10 en Coupe du monde (ndlr: à Aspen) voici trois ans et la Charlotte Chable d’aujourd’hui qui entend retrouver ce niveau?

Elle a grandi (rires). Sinon, je n’ai pas l’impression d’avoir changé. J’ai peut-être pris conscience que skier est la chose que je souhaite vraiment faire. J’ai la même envie qu’auparavant: celle de vouloir skier vite.

 

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Discovering New Zealand like.. 😳 Oh my god it’s so beautiful everywhere !#dayoff #niceview #thankful

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Quels objectifs vous fixez-vous pour l’hiver qui arrive?

Le but premier est de revenir le plus rapidement possible en Coupe du monde. L’idéal serait de faire ce pas sans devoir passer par la Coupe d’Europe. On verra comme cela se déroulera. Il faudra peut-être mixer entre les deux. Si je skie vite, tant mieux. Si cela prend un peu plus de temps, on fera avec. Il faut vraiment que je fasse de mon mieux, mais je suis confiante car je n’ai pas seulement l’envie d’être au départ, mais également de revenir dans le top 30.

Avez-vous une garantie d’être alignée lors du premier slalom de la saison à Levi en novembre?

Non, mais il y a de la place. Je dois montrer que je mérite ma place au départ, que je peux skier vite et que je suis prête.

Quatre ans après Vail, estimez-vous qu’une sélection pour les Mondiaux de Are est envisageable?

C’est un objectif réalisable. Si je suis actuellement prête, entre guillemets, je suis encore loin de l’avoir réalisé. Nous allons avancer pas à pas et prendre course après course.

Johan Tachet