C’est une Lara Gut-Behrami très souriante qui s’est prêtée au jeu des interviews dans l’aire d’arrivée d’El Tarter ce jeudi, sans broncher. La skieuse de Comano s’est exprimée en anglais, en italien, en allemand, en suisse allemand, en français et même en espagnol. Histoire aussi de montrer sa satisfaction, après s’être offert le super-G andorran, mais surtout un 4e Globe de cristal de la discipline. C’était une journée forte en émotion.

« Libérer mon ski »

« Avant de voir mon temps, j’étais déjà très contente de la manière dont j’avais skié, a-t-elle détaillé. J’ai enfin retrouvé mon relâchement. Il fallait arrêter de chercher les petits détails, les centimètres, mais je devais plus me faire confiance, libérer mon ski. Je suis contente d’y être parvenue. » Déjà excellente 3e de la descente la veille, Lara Gut-Behrami s’est offert ce jeudi son 37e succès en 342 départs en Coupe du monde, le 19e en super-G, dans « la discipline de l’instinct ».

C’est en voyant du vert dans l’aire d’arrivée que la Tessinoise s’est rendue compte de son exploit. « J’ai vu que j’étais devant Federica (ndlr: Brignone), je me suis dit que j’avais fait un grand pas en direction du Globe, a-t-elle avoué alors que cinq athlète pouvaient encore prétendre à se couvrir de cristal. Je pensais qu’elle était la plus dangereuse. » Deuxième du classement de la spécialité, juste derrière Elena Curtoni, Lara Gut-Behrami a ensuite pu laisser exploser sa joie.

« Je n’ai pas naturellement dans mon caractère d’apprécier ce que je réussi mais j’essaie de le faire, concède la championne olympique de la discipline. C’est génial de terminer la saison de vitesse de cette manière. » Pour elle, le but était surtout d’évacuer la frustration. « Trop souvent cette saison, j’ai skié de manière ‘trop sure’ alors que là, j’ai tout tenté, j’ai taillé mes virages, je n’ai rien lâché. Ça m’a beaucoup coûté cette saison d’être frustrée car ça n’allait pas comme je voulais. Au final, je voulais juste prendre du plaisir. »

« Très compliqué de trouver un équilibre »

Et avec désormais quatre Globes de cristal de super-G depuis en plus du grand Globe de 2016, la longévité de l’épouse de Valon Behrami a de quoi impressionner. « Souvent, on est tellement focalisés sur ce qu’on est en train de faire, qu’on ne se rend pas compte de ce qu’on réalise, qu’il s’agisse de moi ou de mes coéquipières. On a 30 ans, ça fait des années qu’on se sacrifie pour ça, qu’on fait en sorte d’avoir la rage au ventre pour aller à fond. Parfois, on pourrait se relâcher, savourer plus, mais c’est très compliqué de trouver un équilibre. J’espère réussir à prendre un peu de cela pour la saison prochaine. »

Une saison prochaine où elle devrait encore pouvoir compter sur les services d’Alejo Hervas, son préparateur physique. « Lara a beaucoup d’expérience et c’est impressionnant de voir comment elle gère une journée comme aujourd’hui, elle est une véritable artiste, a déclaré l’Espagnol. Elle sait comment skier à 110% dans ces situations. J’espère qu’on va réussir à continuer sur cette lancée. »

Johan Tachet & Laurent Morel, El Tarter