Le monde du ski s’est incliné devant Beat Feuz samedi à Kitzbühel, après que le Suisse ait terminé la dernière course de sa carrière. Mais ce n’était pas juste le descendeur d’exception, aux nombreuses médailles et victoires, à qui ils ont fait hommage, mais aussi l’homme: un collègue, un chic type, un pote. 

“Il va nous manquer. Il a toujours été un bon ami et un bon concurrent sur la piste. C’est vraiment dommage de le voir partir mais il a tellement accompli. Et s’il est prêt maintenant à faire autre chose, alors ça va,” a confié l’Italien Dominik Paris, qui a si souvent partagé le podium avec le Bernois. 

“C’est une page qui se tourne pour la descente,” a noté de son côté Johan Clarey. “C’est le meilleur descendeur ces cinq, six dernières années, il a été monstrueux, il a tout gagné. Et c’est un bon mec en plus, c’est vraiment un bon mec! J’ai apprécié courir contre lui.”

“Il m’a privé de quelques belles choses,” a tout de même lâché le Français, le sourire en coin. Comme une victoire à Beaver Creek en 2019 et à Kitzbühel en 2021. “Mais je ne lui en veux pas parce que d’être derrière lui c’était un preuve que c’était une belle course à chaque fois et j’en suis très fier.” Malgré la barrière de la langue, “c’était toujours cordial avec des blagues, c’est quelqu’un qui a beaucoup d’humour. Donc c’était toujours des supers moments.”

Un des plus grands de l’histoire

Aksel Lund Svindal, qui a quitté la compétition en 2019 après avoir remporté cinq médailles d’or aux Championnats du monde, deux aux Jeux Olympiques et 11 globes de cristal, se souvient avoir été bluffé par l’exceptionnelle vitesse de Beat Feuz. “C’est un des plus grands skieurs qu’on ait jamais eu. Et pas juste parce qu’il était rapide, mais parce que c’est vraiment un type cool, très relax. C’était toujours un plaisir de courir contre lui. Il va manquer au monde du ski, pas juste aux fans en Suisse, mais partout dans le monde.”

Un modèle pour les jeunes skieurs suisses

Au sein de l’équipe suisse, les plus jeunes skieurs étaient aussi pleins d’éloges pour un collègue qui était toujours prêt à partager son savoir et à donner un coup de main. “C’est une perte. C’est un gars qui nous amenait beaucoup d’expérience, qui avait l’envie de nous apprendre. Et si on était motivés, c’était le premier à nous donner pleins de conseils et ça c’est quelque chose qui va manquer,” a noté Justin Murisier, qui a d’ailleurs cherché conseil auprès du Bernois avant de descendre la Streif ce weekend.  

Arnaud Boisset a aussi salué le calme et l’esprit d’équipe du champion olympique. “Beat c’est quelqu’un de très humble et très gentil. J’ai toujours eu un bon feeling avec lui, je n’ai pas eu l’impression d’être le petit jeune qui venait embêter. Il a apporté beaucoup de relâchement dans l’équipe en étant un peu plus tranquille sur les entraînements.” En prenant sur lui, le quadruple globe de cristal a permis aux plus jeunes skieurs d’éviter la pression et de se concentrer sur leur propre travail, note-t-il. “Maintenant il se retire. Franchement c’est un grand champion, il a pratiquement tout gagné ce qu’on peut gagner en vitesse, donc respect à lui. Tout de bon pour sa retraite sportive!”

Demain est un autre jour…

Une chose est quasi sûre, Beat Feuz ne sera vraisemblablement pas présent à Kitzbuehel l’an prochain, même s’il ne vit pas loin de la station autrichienne. “Si vous me demandez aujourd’hui, il y a peu de chance que je sois dans l’aire d’arrivée ici l’année prochaine,” a-t-il noté avant sa dernière course. Beat Feuz n’est pas du genre à être sentimental. Il a fait sa dernière course samedi comme une autre: pas de célébration, pas de champagne, pas de haie d’honneur à l’arrivée. Dans un premier temps, il compte se retirer du Cirque blanc pour passer plus de temps avec sa famille.

Aksel Lund Svindal avait tout de même une petite suggestion pour le Suisse pour faciliter sa transition de sportif actif à champion retraité. “Demain matin, savoures ton petit-déjeuner. Goûtes comment c’est d’être à Kitzbühel, assis au petit-déjeuner, et de savoir que tu n’as pas besoin de faire de compétition aujourd’hui. C’est une assez belle sensation!”

Sim Sim Wissgott, Kitzbühel