Dans l’aire d’arrivée du slalom de Zagreb , Michelle Gisin passe un main dans le dos de Wendy Holdener pour la consoler. La Schwtzoise, 3e de la première manche, vient de se manquer sur la seconde pour échouer au pied du podium. “Je pensais avoir davantage de sensations, mais je n’ai jamais réussi à trouver le flow”, explique la Schwytzoise qui a réalisé le 19e chrono seulement sur le deuxième parcours après avoir accumulé les petites fautes. “Il est vrai que ça change passablement de choses de s’élancer avec un petit numéro ou après une trentaine de filles.”
Vent, feuilles mortes et neige de culture
On ne saurait donner tort à la skieuse d’Unteriberg qui a dû se battre contre les éléments. La piste Medvednica s’est rapidement détériorée au fil des passages. En cause, les températures élevées (près de 10°) qui régnaient sur les hauteurs de Zagreb. La maigre couche de neige de culture a même laissé transparaître de larges traînées de terre comme on en voit normalement en avril. A cela s’ajoute les bourrasques de vent qui soufflaient sans discontinuer, transportant de nombreux détritus d’arbres sur la piste, faisant danser les piquets dans tous les sens et obligeant les organisateurs à ôter l’arche d’arrivée alors qu’il restait encore une dizaine de filles au sommet. “C’était des conditions très limites”, relève Denis Wicki, l’entraîneur valaisan des slalomeuses helvétiques. “Les organisateurs ont défendu bec et ongles la tenue de la course, après il était difficile d’avoir un meilleur revêtement sans neige artificielle. Mais c’est notre sport et nous devons accepter les choses comme elles sont.”
“C’était une belle course, mais très bizarre”, mentionne Michelle Gisin, 10e de la course. “Ce n’est pas évident à gérer. On sait qu’à Zagreb, une fois par année, les conditions seront difficiles, et je suis d’autant plus fière d’être montée sur le podium ici l’an dernier.” Reste que pour Michelle Gisin “les meilleures ont su skier à leur niveau”. L’Obwaldienne fait référence à Petra Vlhova et Mikaela Shiffrin qui ont créé des écarts abyssaux avec toute concurrence, puisque la troisième, Katharina Liensberger, pointait déjà à plus de deux secondes de la lauréate slovaque.
Wendy Holdener et Michelle Gisin, pas encore à plein régime
Mais les deux Suissesses, qui ont connu des pépins physiques durant la préparation, n’ont pas rougir de leur performance en Croatie. Pour leur entraîneur Denis Wicki, elles n’ont démontré qu’une petite partie de leur potentiel et en premier lieu Wendy Holdener. “Wendy manque encore d’assurance et de confiance”, confie le coach anniviard. “Elle ne parvient pas à lâcher sur les parties planes, là où normalement elle est la plus forte. Elle se crispe. Alors que dans les autres secteurs, elle fait jeu égal avec Vlhova et Shiffrin, qui sont en pleine bourre. Le problème est juste dans la tête. Il s’agit simplement de continuer à travailler.”
Michelle Gisin lutte encore, pour sa part, avec les effets indésirables de la mononucléose, comme en témoigne sa fin de seconde manche, où elle a dû aller puiser dans ses réserves pour terminer son exercice. “Le fait que la course ne soit pas le matin et que la journée soit bien entamée lui prend davantage d’énergie”, explique Denis Wicki qui avoue qu’il aurait toutefois “signé immédiatement en début de saison pour toutes ces places dans le top 10”. Et Michelle Gisin, avec un podium en géant à Courchevel et un autre en slalom à Lienz, a même déjoué tous les pronostics jusqu’ici.
A Tarvisio pour préparer Kranjska Gora
Elle retrouvera d’ailleurs l’une de ses pistes préférées ce week-end à Kranjska Gora, puisque l’Obwaldienne était montée à deux reprises sur le podiums en géant l’hiver dernier dans la station slovène. Pour préparer au mieux ce rendez-vous, les Suissesses ont déjà pris la route de Tarvisio en Italie où les attend notamment une certaine Lara Gut-Behrami qui s’y entraîne déjà avec l’envie d’en découdre à nouveau en compétition après avoir été contaminée par le Covid-19. Par contre, il faudra patienter avant de retrouver Camille Rast, Mélanie Meillard et Aline Danioth. Un mince espoir subsiste de les retrouver mardi prochain pour le slalom de Flachau, pour autant qu’elle puisse fournir un test négatif lundi.
Johan Tachet, Zagreb