Le Cirque blanc est encore sous le choc. Ce vendredi, veille de l’entame de la saison de Coupe du monde, un seul nom est sur les lèvres de toute la caravane de la Coupe du monde, celui de Lucas Braathen. Le prodige norvégien de 23 ans, en conflit ouvert avec sa fédération concernant les droits à l’image, a annoncé sa retraite à la surprise générale. Le tout lors d’une conférence de presse quasiment improvisée, convoquée par son père à la hâte. Le vainqueur du dernier Globe de cristal du slalom, très charismatique, va laisser de l’avis de tous un grand vide.

“C’était une surprise pour nous tous, a d’ailleurs concédé Marco Odermatt. On sait qu’il a toujours eu des problèmes avec la fédération. Je ne sais pas si c’est le seul élément, mais j’espère que cela ne l’est pas.” Le meilleur skieur du monde veut toutefois croire à un éventuel retour: “Je ne suis pas certain à 100% qu’il ne reviendra pas”. Patron du circuit masculin, Markus Waldner a lui aussi subi un gros choc: “C’était un peu le big bang, je dois dire. C’est une très mauvaise nouvelle pour nous. Lucas était un grand skieur et en plus quelqu’un avec beaucoup de personnalité. Il va beaucoup nous manquer sur le tour. La porte lui est toujours ouverte.”

Même son de cloche du côté de la fédération norvégienne, mise en cause par le skieur aux 12 podiums de Coupe du monde. Quelques heures après le choc, Claus Johan Ryste s’est confié à SkiActu. Interview du directeur sportif.

Claus Johan Ryste, comment avez-vous vécu ces dernières heures?

C’était très dur. Beaucoup de personnes sont impliquées et c’est vraiment triste. Lucas est un excellent skieur mais aussi une personne très intéressante en dehors des pistes.

Comment l’équipe accepte la situation?

L’équipe tente de rester ensemble, soudée. Les athlètes parlent beaucoup. Ils essayent de rester concentrés sur ce qu’ils doivent faire eux-mêmes. Mais il y a un vide. C’est un jour triste. Tout le monde trouve la situation difficile, que ça n’aurait jamais dû arriver. Mais on doit respecter ce choix.

Pensez-vous qu’il puisse revenir, que des solutions puissent être trouvées?

Non, définitivement pas. Je ne crois pas qu’on puisse revenir en arrière. Il a été très clair lors de sa conférence de presse. On doit respecter ce qu’il a dit. On aimerait le voir skier à nouveau mais c’est impossible après ce qu’il a annoncé. Je ne vais pas essayer de le convaincre maintenant. Premièrement, il faudrait s’asseoir ensemble et parler, voir où on en est. En ce moment, il a fait son choix, certes extrême. Après, on verra s’il est prêt à skier à nouveau. Mais son choix reste un gros choc.

Pourrait-il décider de poursuivre sa carrière sous les couleurs brésiliennes de sa maman?

Je n’ai rien entendu à propos de cela. Ce ne sont que des spéculations des médias à mon avis. Il a dit qu’il se retirait. Je l’ai entendu. Si quelque chose devait changer, on pourrait en discuter. Mais ce n’est pas le cas actuellement.

La fédération a-t-elle fait des erreurs?

C’est sûr que quand je vois ce qui se passe aujourd’hui, je me dis que tout n’a pas été correct. On doit assumer le fait qu’on aurait dû faire les choses différemment. On doit se plonger là-dedans. Il y a des règles et ça prend beaucoup de temps de les changer. Probablement trop de temps, c’est dommage.

Il reste beaucoup de jeunes talents prometteurs dans l’équipe…

Oui, mais là, on est tristes. On voulait que Lucas les aide. C’est ce qui était prévu. Mais c’est son choix. Mais on en est là maintenant. On a une équipe forte et on va essayer de prendre soin les uns des autres, sans trop se concentrer sur les résultats.

Laurent Morel/JT, Sölden