33 ans. L’âge du Christ, ou celui de la maturité pour Candide Pralong. Le Valaisan, arrivé sur le tard en Coupe du monde, lance son hiver, le cinquième sur le circuit mondial, samedi à Ruka. Plus serein que jamais. “J’ai l’impression d’être plus relax que lors des saisons précédentes. C’est peut-être l’expérience”, sourit le fondeur du val Ferret. “La motivation est intacte comme si j’avais 20 ans. Je dors désormais bien avant les compétitions. J’ai appris que de me faire du souci ne me faisait pas aller plus vite.”

Pour skier plus vite, justement, Candide Pralong pèse toutes les composantes qu’il peut influencer. Après avoir fait évoluer sa technique sur ses spatules l’hiver dernier, il a choisi au printemps de troquer sa marque de skis contre une autre, en s’associant avec Fischer. Un choix fort pour celui qui a toujours chaussé des Rossignol. Un changement, justement, induit par sa nouvelle attitude sur les skis qui correspond mieux à ses qualités. “J’ai une manière de skier qui fonctionne plus sur le moteur que sur la force”, analyse l’athlète d’Orsières en prenant comme points de comparaison des athlètes comme Alexander Bolshunov, Pål Golberg, Federico Pellegrino ou encore Jovian Hediger. “Ces skis fonctionnaient pour ces gars qui sont des sprinteurs puissants.”

De la légèreté et de la souplesse dans le ski

Le profil léger et souple du Valaisan sied à merveille à ces Fischer, sur lesquels skient une grande majorité des athlètes de Coupe du monde. “J’ai fait le choix de la sécurité car ils ont un grand stock de skis, mais les tests ont prouvé également que c’était le meilleur des choix.” Sur ses nouvelles lattes, Candide Pralong se sent “plus posé, plus calme”. C’est l’effet qu’il recherchait après avoir fait évoluer sa technique. “Ces skis sont plus plats et moins cambrés. J’ai le sentiment que je n’ai plus besoin de me battre avec.” Ici, le mouvement est naturel, plus stable. “J’ai des bases solides, qui ne sont pas encore fixes, mais je suis confiant.”

Ces différents changements interviennent dans un contexte réfléchi, à la veille d’une saison sans point d’orgue mondial ou olympique. “Il y a peut-être moins de piment, mais il y a également moins de pression.” Un stress moindre compte tenu qu’il n’y a aucune obligation de performer dans l’immédiat afin d’accrocher le plus rapidement possible un ticket pour les Championnats du monde ou les Jeux. “On sait que l’on va faire au mieux tout au long de la saison.”

S’inspirer de la relève helvétique

Cela ne signifie aucunement que Candide Pralong n’affiche aucune ambition. Au contraire, le Tour de Ski, qui passera par Davos cet hiver (3-4 janvier 2024), est affiché en rouge sur son calendrier. “C’est une course qui me tient à coeur. J’adore ce format par étapes qui permet de m’exprimer au mieux.” Sans toutefois se fixer d’objectif chiffré. “J’aimerais être à 100% de mes moyens, avoir la technique la plus propre. Et les résultats suivront.”

Candide Pralong, qui sort de sa meilleure saison avec 6 top 30 à la clé, est un diesel qui a besoin d’enfiler quelques dossards pour atteindre son meilleur niveau. “J’ai toujours besoin de deux ou trois courses pour me mettre dedans. ” Avant de prendre la direction du pays du Père Noël, il a pris ses marques le week-end dernier en courses FIS à Gällivare (SUE), en se classant notamment 16e du 10 km classique remporté par son compatriote Cyril Fähndrich. Celui qui partage le titre de doyen de l’équipe de Suisse de ski de fond avec Jonas Baumann se plaît d’ailleurs à côtoyer cette relève suisse prometteuse. “C’est intéressant de voir ces jeunes qui arrivent, ils ont un super niveau. J’aime bien partager, discuter avec eux, observer leur dynamique, ce qui fonctionne. Je les conseille d’un côté, mais ils m’inspirent de l’autre.”

Il n’y a pas d’âge pour apprendre. Mais il est certain qu’avec le temps, Candide Pralong s’est apaisé pour mieux performer. Le Valaisan a pris de la bouteille et comme le bon vin, il se bonifie.

Johan Tachet