Comme Dario Cologna à son époque, Ilan Pittier n’a que 20 ans alors qu’il s’apprête à faire ses débuts en Coupe du monde. Si la comparaison et bien sûr osée, probablement trop, le fait de retrouver le Neuchâtelois parmi l’élite est bien un signe de son haut potentiel. Il disputera ce vendredi à Oberhof (GER) le sprint, sa spécialité, avant de peut-être avoir sa chance lors du relais dominical, puisque deux équipes helvétiques seront au départ.

“C’est vrai que ça fait un peu bizarre d’être avec ce groupe pour la première fois, a confié le fondeur de la Vue des Alpes, arrivé en Thuringe mercredi et impressionné par le travail de l’encadrement de Swiss-Ski. Je ne nourris pas de complexe et je connais bien tout le monde, mais c’est malgré tout spécial.” Sans que sa sélection soit une véritable surprise, Ilan Pittier s’en réjoui. C’est notamment grâce à une belle 2e place lors du prologue à Oberwiesenthal en Coupe des Alpes début janvier (il avait été éliminé sur un incident de course en demi-finales) qu’il a été retenu. “Je vais tout donner”, assure le résident de Davos, qui espère se qualifier pour les quarts de finale réservés au 30 meilleurs. “Mais je ne serais pas pour autant déçu si je n’y arrivais pas, je suis là pour apprendre”, rappelle-t-il.

À Davos pour se rapprocher de l’élite

Né à Neuchâtel, et membre du ski club de la Vue des Alpes, Ilan Pittier a suivi un parcours assez classique en intégrant le Giron jurassien puis le centre régional de performance de La Chaux-de-Fonds. En 2019, afin de se rapprocher de l’élite suisse, il a déménagé à Davos, où il a suivi une école de commerce, terminée en juin. “J’ai toujours été assez fan de l’endroit, sourit-il. Ça me faisait rêver d’y aller.” Il est vrai que les conditions d’entraînements sont idéales, et qu’il a pu partager la piste avec des fondeurs de la trempe de Dario Cologna, puis ensuite de Valerio Grond et Janik Riebli, nouvelles stars du sprint helvétique. Et il se réjouit aussi de l’arrivée de son entraîneur Erik Bråten l’été dernier, un Norvégien qui sait être “vraiment sérieux” à l’entraînement, mais qui “aime bien déconner” le soir à table.

“La plupart du groupe est jeune et on se connaît depuis un moment, c’est vraiment sympa, ajoute le Neuchâtelois. Il y a également Antonin (ndlr: Savary) et Pierrick (Cottier) avec qui on fait des courses depuis dix ans et qui ont intégré les cadres. C’est super agréable de pouvoir progresser ensemble.” Les trois Romands devraient d’ailleurs se retrouver sur l’étape valaisanne de Coupe du monde de Conches la semaine prochaine, puisqu’ils devraient être retenus, comme Erwan Käser et Candide Pralong d’ailleurs.

Les Jeux olympiques dans le viseur

Mais alors qu’il dispute sa première année chez les élites, Ilan Pittier ne veut pas s’arrêter en si bon chemin. “En début de saison, je ne savais pas trop à quoi m’attendre, avoue-t-il. Pour l’instant je suis satisfait de mes résultats, sans que ceux-ci soient incroyables. Mon objectif de base était d’aller au Tour de Ski mais j’ai dû patienter un petit peu plus…” De la patience, le 11e du sprint des derniers Championnats du monde juniors à Whistler en aura besoin s’il veut un jour atteindre ses rêves. “J’ai déjà les Jeux olympiques de Milan dans un petit coin de la tête, confie-t-il. Ce serait un super objectif. Il y a aussi des beaux Mondiaux à venir. En tout cas, il y a de quoi faire. Après, c’est important de pas trop se prendre au sérieux.”

En passionné “qui ne veut pas se prendre la tête”, Ilan Pittier a déjà été suivre sur place plusieurs étapes de Coupe du monde. Il se réjouit d’être enfin de l’autre côté de la piste. “L’appui du public apporte beaucoup, je pense. Et les résultats récents de l’équipe de Suisse ont apporté une vraie dynamique positive. À moi d’en profiter!”

Laurent Morel