Il faut savoir parfois se remettre en questions. Pour évoluer. C’est ce qu’a réalisé Candide Pralong. À 32 ans, le Valaisan a décidé de changer sa technique sur les skis. “Après tant d’années, l’entraînement devient lassant si c’est toujours le même. Ce nouveau challenge me booste”, lance le fondeur du val Ferret qui s’est posé au printemps passé “pour faire le bilan”, calmement, après un cycle olympique qui l’a conduit aux Jeux de Pékin. “Je me suis dit que si je souhaitais continuer à haut niveau, j’avais envie d’apporter quelque chose de nouveau dans mon approche dans le but de passer un nouveau palier.”

C’est au niveau de la technique que l’athlète d’Orsières voit son plus grand potentiel de développement. Un pari “risqué”, mais un changement salutaire. “Je sentais que j’avais une certaine marge de progression. Sinon j’aurais arrêté et commencé un autre job.” Pour mener à bien son entreprise, il s’attache les services d’Andreas Waldmeier, le compagnon de la néo-retraitée Laurien van der Graaff dont il était également l’entraîneur personnel. “Cela fait plusieurs années qu’il travaille sur la technique”, explique Candide Pralong. “J’ai toujours aimé ses idées innovantes et j’avais envie de les expérimenter.”

“Être plus relâché sur les skis”

Depuis avril, le Valaisan, sous la houlette de son nouveau mentor, bosse intensément. “L’objectif est de travailler sur le ressenti du mouvement. C’est très complexe, mais dans les grandes lignes, le but recherché est d’être le plus relâché possible sur les skis. Il s’agit d’utiliser le moins possible la force, et au mieux le poids du corps afin d’être moins crispé.” Une méthodologie d’entraînement qui se rapproche de celle pratiquée par les fondeurs nordiques. “Le but n’est pas de copier Johannes Høsflot Klæbo et les autres Norvégiens, mais de s’en inspirer”, certifie l’Orsiérain qui consigne depuis plein de notes dans un petit calepin.

Candide Pralong prend “énormément de plaisir” à se réinventer sur ses spatules, même si les résultats ne se font pas encore concrets, en compétition du moins. “C’est frustrant car ça prend du temps, on ne peut pas tout changer d’un seul coup.” À l’entraînement, le résident de Nyon se sent “très bien” sur ses skis. Mais la compétition est une autre réalité. “En course, c’est différent, car il y a la pression, la fatigue. Je réfléchis peut-être trop au aux mouvements que je dois effectuer. Naturellement, je n’arrive pas à me relâcher comme je le devrais.”

Les Jeux olympiques 2026 comme objectif

En skating, le Valaisan assure “avoir skié à (son) niveau” en se classant 31e de la poursuite de Ruka (20e chrono) et du 10 km de Lillehammer. “En Norvège, il y avait 12 Norvégiens devant moi et je n’étais pas loin. Du coup, je vois que c’est possible.” En classique, Candide Pralong n’a, par contre, pas encore trouvé ses marques. “En changeant de technique, je m’attendais à ce que cela prenne plus de temps de ce style. Il faut être patient pour progresser.”

Bonne nouvelle pour lui, le 20 km de Davos, le premier grand événement de sa saison, se disputera en skating ce week-end. “Je me réjouis de mettre en pratique ce que j’ai appris devant mon public et sans me mettre de pression.” Une bonne performance ce dimanche dans les Grisons, c’est-à-dire un top 25, pourrait déjà lui ouvrir les portes des Championnats du monde de Planica (SLO) fin février – début mars. Un premier objectif à court terme qui en appelle d’autres dans le futur, avec dans un coin de la tête une troisième participation olympique aux Jeux de Milan/Cortina en 2026. “La motivation est là à 200%, mais il n’y a pas de certitude. Tant que je suis compétitif en Coupe du monde, je continuerai, car je suis un passionné.”

Johan Tachet