Camille Rast se plaît à dire qu’elle est un diesel qui a besoin de temps pour lancer sa saison. Samedi, sur le glacier du Rettenbach, la skieuse de Vétroz n’a pas trainé à l’allumage en prenant la 12e place du géant de Sölden. Dans des conditions de piste difficile, avec des trous qui se sont rapidement créés dans de la neige mole, et avec une visibilité réduite, la Valaisanne a mis les gaz et su parfaitement faire parler ses qualités techniques. “Je suis vraiment contente, cela démontre que le travail de l’été paie, même sur une piste où cela n’a jamais été une grande histoire d’amour”, sourit Camille Rast dont l’unique “performance” notable sur le glacier tyrolien était une 29e place l’hiver dernier.
C’est avec le sourire et la conviction que le ski est déjà là que l’ancienne championne du monde juniors de slalom repart d’Autriche. “J’espère pouvoir construire ma saison sur cette prestation.” D’autant plus que Camille Rast avait mis l’accent sur le géant lors de l’intersaison avec l’objectif de grimper dans la hiérarchie mondiale de la discipline où elle avait pris le 20e rang final la saison passée. “J’espère consolider ce top 15, me rapprocher ensuite du top 7. Le géant, c’est avant tout une histoire de confiance et d’expérience. J’essaie de mettre les choses en place pour que tout fonctionne.” Souvent dans l’ombre de Wendy Holdener en slalom et de Lara Gut-Behrami en géant, celle qui a été la meilleure représentante suisse du jour entend petit à petit “inverser la tendance”. “Je fais mon chemin, je progresse pas à pas et mes résultats aussi.”
Le plaisir de retrouver les skis de slalom tout prochainement
Après un retour à la maison et un bloc de condition physique sous la férule de son coach Florian Lorimier, Camille Rast va retrouver ses premiers amours: ses skis de slalom. Avant le slalom de Levi, prévu dans trois semaines, la Vétrozaine et ses coéquipières bénéficieront de plusieurs jours d’entraînement sur la mythique Black de la station finlandaise. “Je me réjouis d’aller bouffer du piquet comme on dit”, se marre-t-elle, avec un brin d’impatience. “Je pense que je serai un peu plus nerveuse à Levi qu’à Sölden. J’ai toujours eu l’envie d’être très performante en slalom, c’est ma discipline, je l’adore. Mais j’ai encore quelques semaines pour me préparer mentalement et physiquement.”
Michelle Gisin: “Je n’avais plus skié ainsi depuis trois ans en géant”
Derrière la Valaisanne, et malgré des résultats peut-être en deçà des attentes, c’est également le sourire qui prédominait sur les visages de Michelle Gisin (22e) et de Wendy Holdener (25e). L’Obwaldienne s’est tout d’abord pleinement rassurée dans sa discipline dite “faible”. Sans une énorme faute en seconde manche, elle aurait largement pu prétendre au top 15. Reste la sensation pour la double championne olympique de combiné d’avoir retrouvé ses sensations en géant. “Je pense que cela fait trois ans que je n’étais pas parvenue à mettre autant d’énergie dans mon ski. Il y a eu les problèmes avec la mononucléose, puis le matériel, la confiance, le mental, la technique n’étaient pas assemblés ces dernières saisons.” Michelle Gisin l’assure, elle a engagé à 100% en seconde manche. “C’est génial d’avoir trouvé la clé dès Sölden alors que tout est planifié pour arriver en forme en janvier et février. Maintenant, il faut s’entraîner pour trouver la constance.”
Wendy Holdener, une première depuis décembre
Dix mois après sa fracture de la cheville gauche et le décès de frère en février dernier, Wendy Holdener retrouvait un dossard. “C’était un gros challenge pour moi”, mentionne celle qui a encore des craintes à lâcher complètement les skis. “La confiance fait encore défaut dans des conditions où la neige marque et la visibilité manque. Du coup, je suis contente de ce que je peux prendre avec moi pour la suite.”
Au terme de son deuxième parcours, le sentiment de soulagement se mélangeait à celui du désir de progresser rapidement. “Je me suis dit: enfin, je suis de retour. Puis j’ai pensé: merde, il me reste encore beaucoup à faire”, sourit la Schwytzoise qui attend également impatiemment de rechausser les skis de slalom. Avec la perspective de rivaliser rapidement avec les meilleures spécialistes des virages courts de la planète.
Johan Tachet/LMO, Sölden