Le premier Xtreme n’aura pas été une grande réussite pour Elisabeth Gerritzen. Plus touchée mentalement que physiquement après sa chute, la Vaudoise n’a pas totalement perdu son sourire. Surtout qu’elle termine tout de même sa saison à la 5e place du classement mondial.

Elisabeth Gerritzen, comment allez-vous après votre chute?

J’ai eu le souffle coupé et j’ai assez mal au dos mais je pense que ce n’est rien de grave, juste un petit souci musculaire. J’ai tout de suite pensé à mes parents qui me regardaient. Je me suis dit: “mince, j’espère que je vais m’arrêter assez vite”. Tous mes proches étaient présents.

Que s’est-il passé concrètement?

Je suis arrivée sur le saut mais mes skis se sont croisés juste avant. Du coup, je n’ai pas réussi à me poser. Je n’avais pas les jambes. En plus, la neige était catastrophique, très dure à cet endroit.

On vous imagine déçue.

Oui, forcément. Mais j’ai essayé, c’est ça qui compte. Surtout que je ne jouais rien aujourd’hui.

Comment vous sentiez-vous avant votre descente?

Franchement, j’étais hyper stressée aujourd’hui, avant de monter dans l’hélico, en haut du Bec et en regardant les hommes. Je sais que c’est quelque chose qui m’affecte beaucoup donc… peut-être que je suis partie en petit peu défaitiste en me disant que ça allait mal se passer. Le freeride, c’est plutôt mental que physique en fait finalement. Aujourd’hui, je n’étais pas dedans.

Pouvez-vous expliquer ce stress?

Je pense que la montagne le provoque. Ici, c’est quand même vachement raide. On est montées en hélicoptère au départ des hommes (ndlr: plus haut) et rien que là, d’être dans cette ambiance et de regarder en bas, alors que c’est très vertical, c’est compliqué. Ensuite, on doit descendre jusqu’à notre départ et ça fait assez peur en fait.

Comment avez-vous vécu l’attente hier (dimanche)?

J’étais exténuée, surtout mentalement. On n’a rien fait, mais de devoir attendre de 9h à 16h sans savoir si ça allait avoir lieu ou non, ce n’était pas simple. Après, c’est de ma faute, c’est moi qui n’ai pas réussi à gérer mes nerfs.

Avec-vous conservé la ligne que vous envisagiez initialement?

Oui, j’ai simplement rajouté le saut sur lequel je suis tombée. J’ai remarqué que personne ne l’avait sauté et je me suis dit que ça pouvait faire la différence, m’ajouter des points. Je n’étais pas là pour faire 4e.

Vous êtes 5e du Tour cet hiver, votre saison est-elle réussie pour vous?

Oui, à fond. Je suis trop contente. Mon objectif était de me qualifier pour la saison prochaine, c’est réussi. L’Xtreme, c’était juste du bonus.

Et désormais, vous l’avez fait. Vous aurez cette expérience la prochaine fois.

J’ai une revanche à prendre ici, c’est sûr.

Que retenez-vous de votre hiver?

J’ai appris beaucoup de choses. Avant cette saison, ça faisait longtemps que je n’étais pas tombée en compétition. Désormais, il va falloir trouver le juste milieu entre la prise de risques et la sécurité que j’avais trop l’année passée. C’est un apprentissage et je reste assez jeune par rapport aux autres filles. Il faut que j’apprenne à gérer ça et mes nerfs.

Quel est votre programme des prochains jours?

Je vais aller rider. J’aimerais bien faire du snowboard, dans une neige que j’adore. Je vais penser à autre chose que la compétition et réviser tous mes cours auxquels je ne suis pas allée depuis très longtemps. Je vais reprendre une vie normale, une vie d’étudiante de 22 ans. En septembre, je pense par ailleurs aller en Nouvelle-Zélande pour skier.

Laurent Morel, Verbier