Détendu et souriant, Alexis Pinturault n’a pas eu grand chose à se reprocher lors de la descente de Lake Louise, seule épreuve à ne pas avoir été annulée le week-end dernier dans l’Alberta. Dans des conditions difficiles (une piste qui “tapait” de plus en plus au fil des dossards et une visibilité qui se réduisait en parallèle), le champion de Courchevel a skié avec ses armes. Des armes de technicien qui ne lui ont pas permis de marquer les premiers points de sa carrière dans la discipline (32e). Mais il a tout de même pu engranger de la confiance. Au classement général de la Coupe du monde, le Français de 30 ans est en revanche déjà décroché par Marco Odermatt, qui a brillé lors des deux courses auxquelles il a pris part. Pas de quoi fait perdre la face à “Pintu”, qui a répondu aux questions de SkiActu.

Alexis Pinturault, comment s’est déroulée cette descente de Lake Louise pour vous?

Au-delà de ma place, l’écart de 2″35 avec la tête est bon. Surtout sur une descente comme celle de Lake Louise et alors que ce n’était aujourd’hui que mon 4e jour dans la discipline (un jour d’entraînement cet été et les deux entraînements ici). Je suis très content du résultat. Le but n’était pas forcément de marquer des points mais surtout de faire des kilomètres dans cette discipline. C’était l’occasion de se préparer aussi pour la semaine prochaine avec Beaver Creek et les super-G.

Malgré ce début de saison qui n’est pas parfait pour vous (5e à Sölden, sorti à Lech/Zürs et donc 32e à Lake Louise), vous gardez le sourire?

Oui, l’état d’esprit est bon. Autant à Sölden, j’ai eu quelques petits soucis à me mettre dedans, autant maintenant je trouve que les sensations reviennent bien. L’essentiel, c’est de s’amuser, de prendre du plaisir et de donner le maximum.

Alexis Pinturault a retrouvé ses sensations à Lake Louise. (Christophe Pallot/Zoom)

Marco Odermatt a réussi son meilleur résultat en descente (4e) dès la première épreuve de l’hiver. Il est en forme et continue de marquer des points importants dans l’optique du Globe alors que c’est moins le cas pour vous. Etes-vous inquiet?

Il faut rappeler que l’hiver est très long et qu’on n’est qu’au tout début. Mais il est vrai qu’il va encore en marquer beaucoup avec les courses de vitesse à venir. L’avance va continuer de rudement et fortement s’accroître jusqu’à la fin de la tournée américaine. Après, il faudra essayer de rattraper, mais il sera fortement devant car en descente, je ne peux pas rivaliser. En super-G, ça va encore.

En cette saison olympique, si Marco Odermatt venait à prendre trop d’avance rapidement, pourriez-vous envisager de laisser tomber le classement général de la Coupe du monde pour vous concentrer entièrement sur les Jeux?

Oui, bien sûr. Ça peut être une opportunité ou une possibilité. Il faudra voir mon état de forme. Personnellement, mon but n’était pas d’arriver au top dès le début de l’hiver mais de construite ma forme. Maintenant, il faut mettre les choses en route. Marco a l’air très très fort sur ce début de saison. On va voir où ça va nous mener.

Savez-vous à quoi on peut s’attendre sur la piste olympique en Chine?

Je n’ai aucune information. Très peu de monde en a. J’ai vu deux ou trois vidéos qui circulent sur internet mais ça se cantonne à ça. La piste a l’air assez technique mais après, il faut voir comment c’est réellement une fois sur place.

Un autre rival, Aleksander Aamodt Kilde, a fait son retour sur le circuit après une grave blessure. Ça fait plaisir de le revoir tout de même?

Oui, en effet. Il n’a pas été chanceux avec son dossard mais il a l’air d’être en forme. Il l’a montré lors des entraînements et en course. On peut s’attendre à ce qu’il soit très fort en vitesse mais aussi en géant. Je me suis entraîné quelques fois avec lui et il allait vite!

Dans le parc national de Banff, “Pintu” est passé tout près de marquer ses premiers points en descente. (Christophe Pallot/Zoom)

Pour vous, faire de la descente, c’est aussi l’occasion de se préparer pour le combiné des Jeux olympiques?

Oui, c’est sûr.

Vous n’avez donc pas laissé tomber la discipline?

En fait, avec mon équipe, on a choisi de ne plus s’entraîner en vitesse depuis quelques années en été. Pourquoi? Parce que je n’ai plus le temps mais aussi car les meilleurs entraînements que l’on peut trouver sont sur les pistes de Coupe du monde dans des conditions de course. C’est la raison pour laquelle on fait aussi le choix de venir ici, de se préparer pour Beaver Creek. On profite vraiment de s’aligner sur les entraînements de descente des pistes de Coupe du monde. Par rapport à ce qu’on peut faire en dehors, ça n’a rien à voir.

Quel va être votre programme des prochains jours avec notamment cet enchaînement inédit de quatre courses de vitesse à Beaver Creek?

Nous, les techniciens, on connaît déjà ça, on a vécu ça régulièrement. Mais c’est sûr que ce sont des programmes qu’on n’a pas particulièrement envie de voir Avoir une intensité aussi élevée sur quatre jours en évitant de se blesser, c’est très difficile. Souvent, il y a un jour où on est un peu moins bien… Malheureusement, on doit faire avec les annulations à Lake Louise, c’est donc compréhensible. Le compromis n’est pas évident à trouver mais au moins, ce n’était pas une volonté des dirigeants à la base. Ça a plutôt été imposé par la force des choses.

Avez-vous prévu de faire des impasses dans le Colorado?

Je vais probablement en faire sur les descentes, oui.

Laurent Morel, Lake Louise