Actuellement Alexis Pinturault compte 26 points d’avance sur Aleksander Aamodt Kilde en tête du classement général de la Coupe du monde. Autant dire rien du tout alors qu’il reste officiellement huit courses à disputer cet hiver. Si les finales de Cortina d’Ampezzo (ITA) pourraient être annulées, le suspens n’en reste pas moins entier alors que les épreuves de vitesse de Kvitfjell se profilent ce week-end.

Le skieur de Courchevel n’avait dans un premier temps pas prévu de se rendre en Norvège mais il espère y grignoter quelques points qui pourraient être décisifs au final. Alors que le coronavirus est sur toutes les langues car il pourrait largement influencer la fin de saison, le Français (20e et 25e) des entraînements de descente se confie.

Alexis Pinturault, on se répète chaque week-end, mais c’est peut-être le dernier de la saison ici à Kvitfjell même si les courses de Kranjska Gora sont pour l’instant confirmées. Comment gère-t-on cette situation?

Déjà, il est désormais sûr qu’il va y avoir la course ici à Kvitfjell. Pour Cortina, on verra et on va devoir s’adapter quoiqu’il arrive. Tout est possible. De mon côté, je prends les jours comme ils viennent.

Il reste à espérer que l’équité soit respectée avec autant de courses dans chaque discipline.

C’est sûr que c’est important.

Aleksander Aamodt Kilde est très fort ici à Kvitfjell, ça vous inquiète?

Non, on sait qu’ici, c’est la piste des Norvégiens. Ils ont l’habitude de s’y entraîner. Tous les ans, ils sont soit sur le podium, soit sur la plus haute marche. Ils seront de très gros clients tout au long du week-end et en particulier Kilde, car c’est lui qui va le plus vite.

Vous avez réussi deux entraînements encourageants, allez-vous participer à la descente?

Normalement pas, ce n’est pas prévu. A l’entraînement, les autres sont à 15% alors que moi je dois mettre plus d’engagement étant donné que je ne connais pas la piste (ndlr: il n’y est venu qu’une fois, en 2015). Je ne peux pas me laisser descendre si je veux apprendre à skier correctement ce parcours. Quand on ne connaît pas une descente, ce n’est pas forcément simple.

Donc vous élancer samedi ne vous a pas traversé l’esprit?

On verra, mais ce n’est pas l’objectif. Je suis ici pour prendre des repères pour le super-G.

Venir à Kvitfjell représente un effort supplémentaire pour vous. C’était nécessaire?

Oui, vu la situation au général. Si elle était différente, je ne serais pas venu, comme les autres années. Mais là, c’était idiot de ne pas tenter cette chance et de potentiellement avoir des regrets derrière de ne pas avoir osé. J’ai l’habitude de courir tous les week-ends, du coup je pense que cet enchaînement était faisable. On a eu et on aura encore bien pire parfois tout au long de l’hiver de Coupe du monde. Là, ça reste deux week-ends (ndlr: Kvitfjell et Kranjska Gora) avec deux courses, même une seule normalement ici pour moi. Ce n’est pas aussi intense que ce qu’on a pu avoir en janvier avec des courses tous les deux-trois jours sans compter les huit heures de routes entre elles. C’est des choses plus éreintantes qu’ici. Là, ça me permet de garder un certain rythme et ce n’est peut-être pas si mal.

Physiquement, comment vous sentez-vous en ce moment?

Le plus difficile, ce n’est pas physiquement car à ce niveau ça a l’air de tenir, mais c’est mentalement. Au bout d’un moment, de faire des courses avec des hauts et des bas, de subir un certain nombre de pressions, forcément le mental se fatigue. C’est le plus difficile à voir venir.

On vous rabâche en permanence votre chasse au grand Globe, ça ne doit pas être simple non plus…

C’est vrai d’ailleurs que je ne m’attendais pas à ce qu’on me pose autant de questions à ce sujet. Evidemment, je savais qu’on allait m’en parler en début de saison, à Sölden et Levi notamment, et en fin de saison si j’étais en bonne position, mais je ne m’attendais pas à ce que le sujet soit évoqué avant et après chaque course toute l’année.

C’est compliqué à gérer?

Maintenant, plus du tout. Au début, ça l’était car on sait tout ce que ça représente et à quel point l’hiver est long et que beaucoup de choses peuvent se passer. Mais au fur et à mesure que ça avance, on apprend à vivre avec ces sollicitations.

Laurent Morel, Kvitfjell