Le 8 février 2018, Mélanie Meillard chutait à l’entraînement à quelques heures seulement de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de PyeongChang et se blessait gravement au genou droit. Deux opérations s’ensuivirent et surtout de longs mois de rééducation et de travail. Trois ans plus tard, la talentueuse skieuse valaisanne de 22 ans sera samedi au départ du slalom des Championnats du monde. Une belle récompense pour l’athlète d’Hérémence qui retrouve peu à peu ses sensations, comme en témoignent ses 9e (Levi) et 13e (Flachau) places dans la discipline cet hiver. Entretien à quelques heures du rendez-vous mondial.

Mélanie Meillard, vous êtes uniquement alignée en slalom pour ces Championnats du monde, comment abordez-vous cette compétition?

Je suis déjà contente d’être présente! Cela faisait longtemps que je n’avais plus participé à un grand événement. Etre parvenue à me qualifier c’est magnifique. Et je vais prendre cette course comme les autres, sans me mettre de stress, skier comme je sais le faire et donner le meilleur de moi-même.

Ce sont vos deuxièmes Championnats du monde après ceux de Saint-Moritz en 2017. Que représentent-ils après toutes les galères que vous avez rencontrées?

Ça fait bizarre, car à l’époque, j’étais toute jeune, je ne savais pas comment cela se passait. D’autant plus que nous nous trouvions en Suisse, à la maison, c’était exceptionnel. Après, le deuxième gros événement que j’aurais dû faire, les Jeux olympiques en 2018, m’a filé sous le nez. Ça fait bizarre d’être de nouveau sur une telle manifestation. C’est une récompense d’être au départ après ces deux ou trois années très difficiles. Je le mérite car j’ai réalisé les résultats pour y parvenir. Même si nous ne sommes pas beaucoup de Suissesses en slalom, j’ai fait ce qu’il fallait.

Sans pression, vous vous élancez ici à Cortina sans avoir rien à perdre…

C’est sûr. Mais il reste des blocages dans ma tête, je sais que je peux encore mieux skier qu’actuellement, je l’ai déjà prouvé par le passé. Ca va toutefois de mieux en mieux. Il reste toujours des jours compliqués, mais compensés par d’autres bien meilleurs.

Auriez-vous toutefois souhaité participer à d’autres épreuves lors de ces Mondiaux et non pas uniquement au slalom?

Franchement, je savais depuis le début de la saison que le slalom représentait ma seule chance de me qualifier pour les Championnats du monde. De plus, depuis plusieurs jours, j’ai pu me préparer à fond uniquement pour cette course. Je me focalise dessus, même si j’ai fait un peu de géant pour couper et ne pas devenir folle (rires).

Vous avez disputé votre dernier slalom en Coupe du monde il y a plus d’un mois. Comment avez-vous géré cette attente?

Ça fait un moment c’est vrai, mais j’ai pu m’améliorer à l’entraînement ainsi que de me reposer. Je sais que j’ai progressé et je veux le retranscrire en course. J’ai travaillé sur des choses techniques que je faisais faux, tout en essayant de mettre plus d’intensité. Après je sais que je suis aussi meilleure en course qu’à l’entraînement, même si je n’arrive pas encore à skier à la limite comme auparavant. Mais je progresse de jour en jour et je prends aussi toujours plus de plaisir.

Les températures printanières annoncés ce week-end, avec près de 10 degrés sur Cortina, modifient-elles l’approche tactique de la course? Ne faut-il pas gérer en première manche quitte à partir dans les premières filles pour avoir une piste impeccable et espérer une remontée lors de la seconde?

Non, je ne réfléchis pas du tout à cela. Parfois, il vaut mieux être devant en première manche, avoir de la marge et pouvoir la garder. Ce n’est pas possible de se dire: je vais freiner pour me classer… Tu peux vite terminer hors des trente et ce serait un peu con. Il fera chaud, mais surtout il fera beau. Je préfère ces conditions que lorsque l’on a peu de visibilité.

Johan Tachet, Cortina d’Ampezzo