C’est affublé du dossard 6 que Marco Odermatt, vainqueur du dernier entraînement de la descente de Lake Louise, lancera sa saison de vitesse vendredi sur la piste canadienne. Une petite révolution sur le front du Cirque blanc en vitesse, car le Nidwaldien, de part sa place dans le top 10 du classement WCSL de descente de la Coupe du monde, ne pouvait choisir que l’un des numéros impairs entre 1 et 19 lors des saisons précédentes. Hier soir, le 6 lui a été attribué par tirage au sort informatique.

Le nouveau format est simple, le top 10 en descente et en super-G est désormais tiré au sort entre les dossards 6 et 15, alors que les athlètes classés entre la 11e et la 20e places de ce même classement peuvent prétendre aux numéros 1 à 5 et 16 à 20, toujours par tirage au sort. “Ce système est plus équitable”, explique Markus Waldner, le patron de la Coupe du monde masculine. “Ainsi, les meilleurs athlètes sont regroupés. Ils profiteront de conditions similaires. Auparavant, il y avait près d’une heure de différence entre le 2 et le 20, qui figuraient dans le même groupe des “top athlètes”, et du coup, les conditions pouvaient drastiquement changer entre leur passage.”

Entre perspectives sportives et marketing

La FIS a concerté les coaches, les athlètes et les télévisions pour proposer ce nouveau système. “Nous avons beaucoup discuté”, poursuit l’Italien. “Le but était d’avoir un équilibre entre les perspectives sportives et marketing, car nous devons aussi vendre notre produit.” Markus Waldner assure que le meilleur format, “pour le suspense”, reste toutefois celui utilisé lors des épreuves techniques avec les skieurs s’élançant dans l’ordre inverse du top 30 de la première manche.

Une méthode guère utilisable dans ce cas compte tenu qu’il n’y a qu’une manche en descente et super-G. “C’est le meilleur système que l’on ait trouvé. Et il ne faut pas oublier que par le passé des gars comme Martin Cater (victorieux en descente à Val d’Isère en 2020 avec le dossard 41) ont tout de même réussi à s’imposer avec des dossards élevés.”

Des athlètes plutôt ravis

Chez les athlètes, la nouvelle formule a été accueillie avec une majorité d’avis positif. “Je trouve ce processus vraiment super”, lance le Français Johan Clarey, doyen du circuit. “L’ancien était archi nul. Cela permettra d’avoir plus de suspense. Les favoris s’élanceront jusqu’au 15, avant la course était souvent pliée après le 7.” Le vice-champion olympique de Pékin fait référence à la possibilité qu’avaient les meilleurs athlètes des disciplines de vitesse de pouvoir choisir leur numéro en priorité et s’approprier souvent les plus petits dossards impairs.

Il est rejoint dans son raisonnement par son compatriote Alexis Pinturault, souvent classé autour de la 10e place de la WCSL de super-G, qui se retrouvait piégé avec le dossard 1 ou 19. “Il valais mieux faire partie du second groupe car nous étions tirés au sort”, explique le vainqueur du grand Globe de cristal en 2021. “Cette fois-ci, même le tirage du top 10 est random, et tous les athlètes se retrouvent sur un pied d’égalité. C’est moins aléatoire et plus équitable.”

Des avantages et des inconvénients pour Beat Feuz

Beat Feuz est plus mesuré. “C’est dommage que les meilleurs ne puissent plus choisir leur dossard”, regrette le champion olympique de descente. On peut comprendre le Bernois, 1er de la WSCL de descente, qui faisait office de privilégié. “Mais c’est une bonne chose que les favoris se retrouvent dans un même bloc, et nous n’aurons plus besoin de regarder la météo aussi souvent qu’avant pour choisir son dossard.”

La météo, entre vent et chutes de neige, qui devrait d’ailleurs faire des siennes ce vendredi à Lake Louise et pourrait troubler l’équité de la descente si elle venait à être disputée.

Johan Tachet, Lake Louise