Lundi matin, les yeux étaient tournés vers Ittigen où Ralph Stöckli, le chef de mission de Swiss Olympic, annonçait les 22 skieurs alpins qui auront la lourde responsabilité de porter haut le drapeau rouge à croix blanche lors des prochains Jeux. Dans la sélection masculine, il résidait une inconnue parmi les onze tickets disponibles. Alors que les pronostics faisaient état d’une sélection de Marc Rochat ou Tanguy Nef, c’est finalement Yannick Chabloz, spécialiste de vitesse, qui a décroché le dernier strapontin.

La pilule est certes amère pour les deux slalomeurs, mais pas non plus difficile à avaler. “On ne s’attendait pas à un cadeau de Swiss-Ski” clament-ils en choeur. Il est vrai que tant le Genevois que le Vaudois ne sont parvenus à remplir qu’à moitié les critères de sélection – ils n’ont obtenu qu’un top 15 chacun cet hiver -, là où Daniel Yule, Ramon Zenhäusern, Loïc Meillard et Luca Aerni avaient réalisé les minima en slalom. “Ce n’est de loin pas une surprise”, avoue Tanguy Nef. “Je savais que ça allait être compliqué avec la concurrence dans l’équipe. Aux Jeux seules les médailles comptent et jusqu’à maintenant je n’ai pas montré sur deux manches que j’étais capable de monter sur le podium.”

Marc Rochat, réserviste à la maison

Marc Rochat se consolera avec un statut de remplaçant. “Oui, mais en Suisse”, regrette-il. “Je skierai en Chine, si un des gars tombe malade ou se fracture le petit orteil contre sa table de nuit à l’hôtel. Mais je ne m’attends pas à ce que cela soit le cas.” Pour Tanguy Nef, il aurait été difficile de sélectionner officiellement un cinquième slalomeur qui n’aurait eu qu’un rôle de spectateur en Chine. “C’est plus facile de le faire en vitesse car ils ont des entraînements. Et ça offre une belle opportunité à Yannick (Chabloz) qui est un super pote. Je suis vraiment content pour lui.”, poursuit fair-play le Genevois. “Je prévois de faire du ski durant encore plusieurs années et j’aurai encore ma chance.

Nef: “Terminer janvier sur une note positive”

Mardi soir, il n’y aura toutefois aucun esprit de revanche pour les deux Romands. “Ce n’est pas du tout ce que je recherche, même si j’aimerais montrer de quoi je suis capable pour mon ego personnel”, continue Tanguy Nef qui, hormis une 13e et une 24e places à Adelboden et à Wengen, est sorti trois fois de piste cet hiver. “Je ne suis pas forcément bon dans ma tactique de course”, analyse-t-il. “Je n’ai pas toujours les bonnes attitudes et cela ne pardonne pas. C’est sur ça que je travaille et j’espère que ça va me rendre d’autant plus fort pour cette fin de saison et aussi pour les saisons suivantes. Mais j’aimerais terminer janvier sur une pensée positive.”

Rochat: “Je veux continuer à m’amuser”

C’est un tout autre état d’esprit qui anime Marc Rochat. Excellent 8e à Kitzbühel, le Vaudois de Crans-Montana réalise la meilleure saison de sa carrière. “J’ai été l’un des seuls à construire et à progresser en constance ce mois de janvier. Qui aurait cru que Marc Rochat serait le type le plus constant en slalom dans l’équipe de Suisse”, rigole-t-il, sûr du ski qu’il produit actuellement. “Je sais que je skie fort et j’ai envie de continuer. Je ne me fixe pas un objectif fixe, mais je veux simplement continuer à m’amuser comme je l’ai fait lors des dernières courses.”

Car il sait que s’il parvient à sortir deux manches de qualité, le podium ne sera pas loin. “On commet toujours des fautes, car avec le niveau actuel, il faut skier à 120%. Mais le jour où les planètes seront alignées, je serai sur le podium et je serai le plus heureux des skieurs.”

De quoi définitivement tourner la page olympique.

Johan Tachet/GBO, Schladming