Les sommets pyrénéens qui surplombent la station de Baqueira Beret, couverts d’or blanc, sont cachés par un épais un brouillard en cette fin de semaine. “La face, je ne l’ai observée qu’en photo”, se marre Sybille Blanjean. La Valaisanne fera ses grands débuts sur le Freeride World Tour ce samedi en Espagne où un radieux soleil est annoncé. “J’avais pas mal de nervosité au début de la semaine, mais depuis que je suis arrivée sur place, il y a surtout de l’excitation à skier.”

La jeune rookie de 22 ans est l’une des trois athlètes romands présents sur le Tour cet hiver en compagnie de la championne du monde en titre Elisabeth Gerritzen et d’un autre néophyte, Maxime Chabloz. Et la Bagnarde se réjouit de rider “dans la cours des grands” où elle a été très bien accueillie. “Me retrouver à ce niveau est déjà un bel accomplissement. A moi désormais de me fixer de nouvelles limites.”

Lauréate du Freeride World Qualifier

La skieuse de Verbier ne débarque pas au sein de l’élite du freeride sans de solides références puisqu’elle a remporté le Freeride World Qualifier de la zone Europe l’hiver dernier, montant sur le podium sur les très relevés Engadinsnow dans les Grisons et la Nendaz Freeride. “Je crois toutefois qu’il y a un gros gap entre le Tour et le Qualifier. Il y a beaucoup plus d’agitation autour, avec les médias notamment, et surtout les faces semblent bien plus engagées.”

La skieuse de Verbier est déterminée pour sa première sur le World Tour. (DR)

Conserver sa place sur le Tour

Pas question toutefois pour Sybille Blanjean de changer son style. “J’aime les runs engagés, rapides et joueurs.” A la manière de Jérémie Heitz, elle apprécie prendre une ligne “qui va droit sur l’arrivée”. “Bon, Jérémie c’est un tout autre niveau”, sourit-elle. Dans un coin de la tête, elle rêve naturellement de dévaler le Bec des Rosses, chez elle à Verbier, fin mars pour l’ultime étape du FWT. Mais pour cela, la Bagnarde devra faire partie du top 6 mondial à l’issue des trois premières étapes qui se disputent entre Baqueira Beret, Ordino-Arcalis (AND) et Kicking Horse Golden (CAN) ces prochaines semaines. Et dans le portillon départ, elles sont onze skieuses à droper cette saison. “Mon objectif est de qualifier pour les finales ce qui m’assurerait une place sur le Tour la saison prochaine. Mais elles sont chères et il n’y en a pas pour tout le monde.”

Pas de quoi cependant mettre du poids sur les spatules et les épaules de Sybille Blanjean. “Je n’arrive pas à skier avec de la pression et j’essaie de m’en mettre le moins possible. Ainsi, même si j’ai des objectifs, j’évite de me projeter, et j’essaie de vivre le moment présent. Je dois me rappeler que j’aime avant tout skier et prendre du plaisir.”

Johan Tachet


Maxime Chabloz partagé entre pression et motivation

Sybille Blanjean ne sera pas l’unique représentante à faire ses débuts sur le Freeride World Tour dans le camp suisse. Lui aussi passé par les Qualifiers, Maxime Chabloz s’apprête à vivre sa première compétition parmi l’élite. “Je suis partagé entre la pression et la motivation car je veux bien faire.” Le Valdo-Nidwaldien tentera de trouver la balancer entre assurer et attaquer. “Je suis content de pouvoir découvrir cela sur une face intéressante”. Si la couche de fond est très dure, à l’image d’une piste de ski alpin, en raison de la pluie tombée il y a quelques jours et des gelées qui s’en sont suivi, quelques centimètres de poudreuses sont bien présents sur la face engagée espagnole.

“Il y a énormément de lignes possibles, détaille celui qui est un des meilleurs spécialistes de kitesurf en été. Il n’y a pas forcément des gros sauts mais plusieurs petits, ce qui peut jouer en ma faveur.” Le frère du descendeur Yannick Chabloz ne sera toutefois pas avantagé par son ordre de départ, puisqu’il s’élancera en troisième position. “Je ne pourrais pas changer ma ligne après en voyant ce que font les autres.” Reste que le fait de débuter sur une face nouvelle permettra à tous les riders, dont Maxime Chabloz, de partir sur un pied d’égalité.

Quant à ses objectifs, le rider de 20 ans ne se fixe pas de limite, tout en gardant la tête sur les épaules. “J’espère surtout pouvoir me qualifier pour les finales et donc conserver ma place sur le Tour, décrit-il. Après, je ne vais pas non plus me priver de jouer le jeu et d’essayer de réussir de belles performances.” Dès ce samedi dans les Pyrénées?

LMO