Arrivé au cours de la semaine à Bokwang, Arnaud Cottet a eu le temps de s’habituer au parcours de slopestyle olympique du Phoenix Park. Le Vaudois a ainsi pu assister aux entraînements afin de se faire une idée du potentiel qu’offrent les obstacles en Corée du Sud. Entretien d’un des précurseurs du freestyle en Iran via le projet “We ride in Iran”, freerider et producteur de films dans le milieu.
Comment avez-vous géré le jugement de cette épreuve?
Une compétition d’un tel niveau est toujours compliquée à juger, même si les deux premières étaient très fortes. Le niveau est très haut et chaque athlète, surtout en finale, peut créer la surprise. Sarah Höfflin et Mathilde Gremaux. ont réussi des figures plutôt nouvelles, à l’image de leurs double cork. En plus, sur les rails, elles étaient plutôt solides. Les imperfections dans leur runs étaient moins nombreuses que pour les autres et elles ont tenu beaucoup plus longtemps les grabs. Elles ont également bien géré leur vitesse sur les kicker (ndlr: bosses). Nous jugeons leurs runs sur un système “d’impression générale” et pas uniquement sur leur dernier saut, qui était meilleur que ce qu’ont montré les autres. C’est l’ensemble de leur run via les critères évalués (progression, amplitude, variété, exécution et difficulté) qui les positionne aux 2 premières places.
Mathilde Gremaud aurait-elle pu rêver de l’or si elle plaquait son dernier run?
Déjà, elle a fait une petite erreur sur le premier saut de son run initial qui peut lui coûter le titre. C’est toujours difficile à dire après coup, mais effectivement Mathilde effectuait un très bon run. Comme celui qu’à réussi Sarah d’ailleurs.
En tant que juge, qu’avez-vous pensé du niveau de cette compétition?
On s’attendait à ce niveau, notamment de la part de Sarah et Mathilde. Pour cette dernière, c’était un petit peu plus incertain avec sa blessure, mais elle a bien ridé ces derniers temps. Quant à Sarah, sa médaille d’or aux X Games (en Big Air) prouve qu’elle joue tout devant. La retrouver ici n’est pas une grosse surprise. C’est tout de même bien de pouvoir réussir une telle manche dans une journée pareille.
Un mot sur le ski freestyle helvétique?
C’est vraiment très fort. Les entraîneurs en slopestyle que sont Misra Torniainen et Dominik “JP” Furrer et en halfpipe Greg Tuscher sont très compétents. La complicité avec le chef du freestyle chez Swiss Ski Christoph Perreten fonctionne à merveille. Un travail de fond est effectué depuis près de 10 ans, à différents niveaux. Aujourd’hui leur labeur est récompensée. Je pense que c’est un modèle de développement pour une “nouvelle” discipline telle que le slopestyle.
Et sur le ski freestyle féminin?
C’est vraiment très intéressant de voir que le niveau monte autant depuis quelques années. On commence à voir de plus en plus de tricks qui étaient initialement réservés aux messieurs. Le slopestyle féminin est vraiment en train de se développer et de progresser très rapidement. C’est beau à voir.
Il vous reste encore à juger le slopestyle masculin dimanche…
Oui, le niveau s’annonce incroyable. On se réjouit de retrouver tous ces riders. Cela va être une journée très… intense.
Laurent Morel, PyeongChang