Avec Sarah Höfflin, il faut s’attendre à tout! Une nouvelle fois, la rideuse genevoise qui partage sa vie entre Chamonix et Leysin le prouve. À l’entame de l’hiver 2023-2024, elle s’est fixé un mot d’ordre: mettre le Big Air entre parenthèses et se lancer un nouveau challenge en se mettant au halfpipe, rien que ça! Alors quelle fut la surprise de la retrouver sur le podium lors de la première épreuve de Coupe du monde de la saison, sur un… Big Air à Coire! Pour SkiActu, elle a accepté de s’expliquer en détails. Interview.

Sarah Höfflin, votre 3e place semble vous surprendre, non?

En effet, c’était complètement inattendu. Surtout de la manière dont ça c’est fait, en prenant les résultats des qualifications. Je ne me suis pas trop mis la pression, surtout car à la base, je ne voulais plus trop me concentrer sur le Big Air cette saison. Je compte mettre le focus sur le slopestyle mais à Coire, dans cette ambiance de dingue, en Suisse, c’était impossible de faire l’impasse sur cette compet’.

Pourquoi cette volonté de mettre le Big Air de côté?

C’est un choix que j’assume. J’estime que j’aurais perdu beaucoup de temps à développer des tricks nécessaires à rivaliser avec les meilleures en Big Air. Cela aurait représenté énormément de travail et je n’en n’avais pas forcément trop envie. C’est plus simple et plus varié en slopestyle. Du coup, si je viens, je fais les figures que je connais.

Et en parallèle, vous avez commencé à vous entraîner en halfpipe, c’est juste?

(Rires) Oui, complètement, j’ai envie d’apprendre. Après, je suis vraiment au début de l’apprentissage. Mais le niveau ne semble pas inaccessible. C’est une discipline dans laquelle j’ai une petite chance de faire au moins des finales. J’ai une chance de m’épanouir.

Ce n’est pas quelque chose de commun à 32 ans…

C’est sûr qu’il n’y en a pas beaucoup qui passent la trentaine et qui trouvent une nouvelle motivation. Mais je suis super contente que ça m’arrive. C’est un joli renouveau.

Comment vous est venue cette idée?

En fait, les organisateurs ont commencé à intégrer des parties de halfpipe dans des parcours de slopestyle, à l’image de ce qui s’est fait l’année passée à Corvatsch. Je me suis rendue compte que mon niveau était vraiment faible. Alors je me suis dit que de me mettre au halfpipe pouvait clairement m’aider pour le slopestyle. Et de fil en aiguille…

Les structures sont particulièrement impressionnantes, ça ne vous fait pas peur?

Si, beaucoup! Mais j’espère vraiment pouvoir apprendre assez vite. Après, attention, ce n’est pas gagné d’avance. C’est une discipline compliquée et beaucoup d’athlètes ne font que ça, ce n’est pas pour rien. Ce n’est pas un hasard s’il n’y a pas énormément de concurrentes.

Et votre entraîneur Greg Tuscher, dont le halfpipe est la discipline de prédilection, vous a soutenue.

Complètement! Ça lui fait plaisir. Il est encore plus motivé que moi je crois. D’ailleurs il m’a déjà inscrite pour l’épreuve de Coupe du monde de Copper Mountain mi-décembre. C’est probablement trop tôt, mais je devrais être sur place alors pourquoi ne pas essayer. Pour l’heure, mon niveau est bas. Pour réussir à faire des tricks, j’ai besoin de m’entraîner. À mon avis, il me faudrait six semaines pour y arriver.

Et vous avez aussi reçu le soutien de Robin Briguet et Rafael Kreienbühl, les deux Suisses qui évoluent en Coupe du monde?

Oui, ils m’ont beaucoup conseillée, notamment à l’entraînement à Saas-Fee. Et je dois dire que c’est extrêmement utile, j’ai vraiment de la chance.

Et votre programme pour cet hiver, du coup, à quoi ressemble-t-il?

Je ne sais pas exactement mais je pense ne pas aller en Chine (ndlr: un Big Air est au programme début décembre à Pékin). Je n’ai pas trop envie, c’est loin. Et du point de vue environnemental, ça fait énormément de trajet. De plus, j’estime que c’est une compétition lors de laquelle j’ai un peu moins de chances que d’autres. Le tremplin (celui utilisé pour les Jeux olympiques 2022) est immense, plus que la structure provisoire de Coire par exemple. Je ne veux pas aller là-bas pour ne potentiellement même pas arriver en finale. Je préfère rester m’entraîner en Europe.

Vous fixez-vous malgré tout des objectifs pour cette saison?

Ils sont en constante évolution, mais en montant sur ce premier podium à Coire, j’en ai déjà rempli un, surtout en réussissant un switch double 1080. Je sens que tout va revenir rapidement. Et j’aimerais bien réussir le double Cork 1260 dans tous les sens, ce qu’aucune fille n’a encore réussi. Ce serait plutôt pas mal, non?

Laurent Morel, de retour de Coire