Ce n’est pas dans la station de Vail, où elle réside, mais à Ounaskiaveri, dans le grand nord finlandais, que Mikaela Shiffrin pourrait ouvrir un ranch. Dans le pittoresque village lapon, la skieuse Américaine possède quatre rennes (Rudolf en 2013, Sven en 2016 , Mr. Gru en 2018 et Ingemar en 2019), correspondant à ses quatre succès lors des slaloms de Levi. Un record que la skieuse du Colorado, qui pensait toutefois être l’heureuse propriétaire de “cinq ou six rennes déjà”, pourrait encore accentuer lors des deux slaloms prévus ce week-end au delà du cercle polaire.

Toutefois, la lauréate du géant de Sölden n’a pas voyagé en Scandinavie en toute sérénité. Après son succès autrichien, Mikaela Shiffrin a, à nouveau, ressenti des douleurs au dos qui avaient déjà perturbé son début de saison l’hiver dernier. Pour le coup, elle a choisi de rentrer aux Etats-Unis après sa victoire inaugurale pour se reposer avant de reprendre progressivement l’entraînement. “J’avais prévu dans l’intervalle 8 ou 9 séances en descente et en super-G notamment. Je n’ai de loin pas pu en faire ce que je souhaitais, mais j’ai fait un petit peu de tout. Ce qui est mieux que rien”, assure la sextuple championne du monde qui certifie être capable de gérer ses maux pour l’hiver qui débute réellement avec les slaloms finlandais.

“Plus de certitudes qu’il y a une année”

A Levi, Mikaela Shiffrin débarque “avec davantage de certitudes qu’il y a une année” pour un départ dans l’inconnu qui faisait suite à une longue pause après le décès subit de son papa quelques mois plus tôt. “Je remettais beaucoup de choses en questions. Je me demandais si ça valait le coup de pousser mon corps aussi fort dans ses derniers retranchements. C’était une expérience difficile, mais désormais, je suis dans un nouvel état d’esprit et je vois à nouveau que ça vaut le coup de faire des gros efforts”, poursuit l’athlète de 26 ans.

Chaque année, au sommet de la Black Levi, les cartes sont rebattues selon la skieuse nord-américaine. “J’arrive à chaque fois en Finlande avec de grandes attentes car c’est la première course de la saison. Mais c’est terrifiant car tout le monde a faim et on ne sait pas vraiment où l’on se situe par rapport à la concurrence. On se réjouit, mais il y a beaucoup de nervosité.”

Briller sur tous les fronts tout en gérant les plages de repos

Toujours est-il que Mikaela Shiffrin, qui s’était concentrée sur le géant et le slalom l’hiver passé, a retrouvé l’entier de ses moyens, comme l’a démontré sa victoire lors du géant d’ouverture de Sölden. La nouvelle compagne d’Alexander Aamodt Kilde ne cache d’ailleurs pas ses ambitions de remporter une quatrième fois le classement général. Mais pour atteindre cet objectif, l’athlète sait, mieux que quiconque, qu’il faut être capable de gérer ses efforts sur l’ensemble de la saison. “Je ne vais très certainement pas faire toutes les courses, même si je vais concourir dans toutes les disciplines”, annonce-t-elle, ne sachant pas encore quel sera son calendrier après la tournée américaine qui débutera la semaine prochaine sur ses terres de Killington. “La gestion est primordiale, que ce soit pour le mental, la récupération, les plages d’entraînement qui doivent être qualitatifs. Et, en plus, il n’y a pas de garantie de faire des points lors de chaque compétition.”

Surtout que l’Américaine a dans le viseur les Jeux olympiques de Pékin où elle entend jouer l’or dans toutes les disciplines, après être passée au travers des joutes de PyeongChang en 2018, où elle n’avait remporté “que” deux médailles. “Je vais m’appuyer sur l’expérience acquise en Corée où j’étais arrivée très fatiguée, sans compter la pression inhérente à l’événement. D’où l’obligation de trouver un équilibre dans son planning.”

Mais entre un nouveau renne et une médaille d’or olympique, Mikaela Shiffrin ne choisit pas. Elle prend les deux.

Johan Tachet, Levi