Le climat est devenu une question préoccupante pour la planète et notamment dans le monde du ski qui voit ses hivers se réduire, ses glaciers fondrent et la neige diminuer. C’est dans une optique de faire prendre conscience des problèmes climatiques qu’est née l’organisation Protect Our Winters (POW) en 2007 sous l’impulsion du snowboardeur américain Jermery Jones.
Dix ans plus tars, la communauté suisse de l’association a vu le jour. Parmi les athlètes engagés, nous retrouvons de nombreux guides et athlètes, parmi lesquels trois champions olympiques: Sarah Höfflin, Daniel Yule et Michelle Gisin. Michelle Gisin, justement, explique pourquoi chacun doit s’impliquer pour la planète et le ski.
Michelle Gisin, quand avez-vous décidé de devenir ambassadrice de Protect Our Winters (POW)?
Quand ils ont lancé POW en Suisse. Je suis très contente de faire partie de cette organisation. A travers notre sport, on remarque que le changement climatique a une grande influence sur notre terrain préféré, qui est aussi notre lieu de travail. Nous souhaitons faire prendre conscience que ce changement se fait rapidement et voulons montrer ce que chacun peut améliorer, même des petites choses.
Quels gestes, vous, en tant que skieuses et skieurs professionnels, pouvaient réaliser?
C’est une discussion très difficile en tant que skieuse, car nous menons une vie qui n’est pas véritablement CO2 neutre. Il faut être honnête. Nous ne pouvons être les héros du changement climatique, mais nous pouvons faire des choses et il faut le montrer à la FIS (Fédération internationale de ski). Par exemple, nous devons avoir un calendrier plus économique et écologique, c’est le plus important. Ce n’est pas possible d’aller d’un point A à B, en passant par C, pour revenir vers A. Changer le programme de courses serait déjà une belle amélioration et cela ne ferait de mal à personne.
Pensez-vous que la FIS vous entend?
Je l’espère. J’en ai parlé beaucoup avec Daniel Yule qui est délégué aux athlètes auprès de la FIS. Il y a des éléments entendus, d’autres pas. Mais il est important que nous les athlètes soyons ensemble. Quand tu es skieur, tu vois l’affluence du changement climatique. C’est fou, les glaciers disparaissent, il n’y a parfois pas de neige en janvier.
Avez-vous remarqué de nombreux changements depuis petite et que vous pratiquez le ski?
Oui, principalement les glaciers. A Engelberg, petite, nous avions l’habitude d’aller skier sur les glaciers, même en automne. Maintenant, tu les regardes en août et cela fait pleurer car il ne reste presque plus rien. A Zermatt, à Saas-Fee, on voit le changement depuis dix ans et on beaucoup perdu. Il faut se réveiller.
Les athlètes s’engagent, mais aussi les stations ou les compétitions, comme l’organisation des Coupe du monde de Crans-Montana (22-23 février 2020). Tout le monde doit tirer à la même corde.
Tout à fait, c’est important que tout le monde réalise qu’il faut changer les choses. Cela ne pas se faire du jour au lendemain. Mais je trouve vraiment beau que Crans-Montana ait le feu et la motivation pour aider, trouver des solutions. C’est une réelle évolution qui est mise en place. Un premier pas, c’est de rendre attractif l’utilisation des transports en commun pour venir voir une course et ainsi minimiser le bilan carbone des personnes qui se déplacent. Crans-Montana l’applique et l’a bien compris. C’est un grand pas.
Comment voyez-vous le ski dans 50 ans?
Ce ne sera plus le même ski que maintenant, c’est certain. Les glaciers auront pratiquement disparu et on ne pourra plus skier l’été. Enormément de changements vont intervenir et, pas uniquement pour le ski, mais les problèmes seront nombreux à grande échelle. Chacun, dans sa vie, doit trouver des solutions.
Qu’est-ce que chacun peut donc faire?
Prendre une vraie tasse et non une en papier pour boire son café. Ce sont des petites choses qui ne font pas de mal, comme éteindre la lumière, ne pas créer de déchets inutiles. Ce sont les petits changements qui peuvent engendrer les grands dans un environnement plus large, pour autant que les gens soient sensibilisés.
Laurent Morel/Johan Tachet, Val d’Isère/Levi