En remportant les deux slaloms de Levi, Petra Vlhova a agrandi sa collection de rennes. Michael et Boris ont rejoint Igor, Pepi et Luiza où ils pâturent déjà dans la ferme d’Ounaskiaveri. Ces victoires font désormais de la Slovaque, la skieuse la plus titrée dans la station Lapone avec cinq triomphes. Mais au-delà de ses deux nouveaux succès, l’athlète slave, qui a remporté les quatre manches du week-end, a dégagé une impression de puissance, de maîtrise et de confiance que même sa rivale Mikaela Shiffrin a reconnue: «Petra était bien trop forte, il n’y avait rien à faire. Elle mérite ses deux victoires».

Derrière ces performances se cache un nouvel homme: Mauro Pini. Le Tessinois a succédé à Livio Magoni à la tête de la structure privée de la skieuse slovaque depuis le printemps dernier. Un nouveau défi qui réjouit le coach suisse qui, en quelques mois, est déjà parvenu à poser son empreinte sur le ski et la personnalité de Petra Vlhova.

Mauro Pini, vous devez être un entraîneur comblé après ce début fantastique de saison de votre protégée?

Des week-ends comme cela, c’est magnifique. Pour la seconde année de suite elle réaliste un «double double» (ndlr : Petra Vlhova avait déjà remporté les deux slaloms de Levi la saison dernière), c’est quelque chose de très grand.

Petra Vlhova a remporté les quatre manches disputées ce week-end. Êtes-vous surpris de sa domination?

(Rires). Je ne serais pas honnête si je répondais oui. On savait que l’on était dans un bon moment, que Petra était en confiance. Après, on travaille en ce sens pour obtenir de tels résultats. La préparation a été excellente. Mais Petra possède encore une marge de progression. Pour le coup, on se concentre sur des détails, des détails très fins.

Justement, sur quels points peut-elle encore progresser?

Lorsque je vois la 2e manche aujourd’hui (ndlr: dimanche), pas grand-chose (rires). Actuellement, nous mettons l’accent sur le géant. Nous ne sommes pas loin, on l’a vu à Sölden (ndlr: Petra Vlhova avait pris la 3e place). La saison dernière Petra avait perdu de la souplesse dans cette discipline et nous devons y remédier.

Petra Vlhova a remporté son premier grand Globe de cristal l’hiver dernier. L’objectif est-il de le conserver ou l’accent est-il mis sur les Jeux olympiques, une compétition dans laquelle elle n’a pas encore remporté la moindre médaille?

Le premier but est de remporter le Globe de slalom. Nous avons aussi dans le viseur, le géant. Mais nous laissons de côté le grand Globe de cristal. Il y a effectivement les Jeux au mois de février et nous nous concentrerons sur cet événement.

Vous travaillez avec la Slovaque depuis le printemps. Comment est-elle au quotidien?

Ce n’est pas la même fille que l’on voit à la télévision et qui peut paraître dure et froide. Elle est comme les autres, on rigole beaucoup. J’ai voulu apporter davantage de souplesse dans le team. Cela se remarque sur elle et sur les skis.

Effectivement, nous avons le sentiment de voir une athlète plus détendue et même maintenant souriante…

C’était aussi le but recherché. Chaque entraîneur possède sa propre méthode. Je chercher à amener l’expérience et la tranquillité, tout en travaillant sur des points précis. Mais j’insiste aussi sur le fait qu’il n’y a pas que le ski dans la vie. C’est une femme de 26 ans et l’entraîneur doit aussi lui laisser la marge de vivre.

Peut-on la comparer avec d’autres grandes athlètes comme Tina Maze ou Lara Gut-Behrami que vous avez aussi coachées?

Tout comme les filles que j’ai déjà entraînées, Petra est un grand talent. J’apprécie beaucoup notre collaboration car elle a une vision similaire à la mienne, que ce soit sur les skis ou par rapport à son éthique sportive. Nous ne craignons pas de rester dehors, de travailler. Par exemple, nous nous sommes entraînés trois semaines à Levi avant les slaloms et avons pris la décision forte de ne pas nous rendre au parallèle de Lech/Zürs. Ces choix, nous les avons faits en toute sérénité.

Il y a cinq ans, vous aviez déjà été approché par l’entourage de Petra Vlhova. Pourquoi, votre collaboration n’a-t-elle démarré que cette année?

Il est vrai que nous avions déjà eu des contacts, mais ce n’était pas le bon moment. Mes fils étaient encore trop petits pour que je m’engage dans un tel projet. Quand l’ancien entraîneur (Livio Magoni) est parti, ils m’ont appelé pour savoir si j’étais toujours intéressé. J’ai immédiatement eu un bon feeling et je n’ai pas eu besoin de réfléchir longtemps.

Quelle image possède Petra Vlhova dans son pays, en Slovaquie?

C’est une immense star. Regardez seulement le nombre de fans qui font le déplacement de Levi, uniquement pour la coir et l’encourager. Elle se fait aimer de toute la nation et il y a un énorme suivi. Petra est une fille avec les pieds sur terre qui n’oublie pas d’où elle vient.

Et vous-même avez-vous commencé à apprendre le slovaque ?

Pas encore (rires). Mais c’est très difficile.

Johan Tachet, de retour de Levi