Si Ladina Jenny, éliminée en qualifications, et Julie Zogg, sortie en 8es de finales, peinaient à sécher leurs larmes, Patrizia Kummer s’est présentée en zone mixte avec le sourire. Même si la championne olympique de 2014 a pris la porte dès les 8es, la Valaisanne relativisait son échec lors du géant parallèle. Qu’importe si la snowboardeuse de Goms, non-vaccinée, a passé 21 jours en quarantaine, elle ne changerait aucunement le processus qui lui a permis de prendre le départ de ses troisièmes Jeux olympiques.

Patrizia Kummer, existe-il de la déception après votre élimination en 8es de finale?

Je ne suis pas véritablement contente de ma performance car j’estime que j’étais très bien préparée. Le plus dur pour moi a été de passer les qualifications car j’étais très nerveuse. Après, en manches finales, j’ai ajusté les petits problèmes rencontrés en qualif’. J’ai notamment ridé les cinq premières portes de manière plus directe. J’ai beaucoup aimé comme c’était tracé, c’était rapide. Franchement, je fais une bonne course, mais malheureusement Julia (Dujmovits) a été légèrement plus rapide et je dois l’accepter.

Vous avez dû réaliser une quarantaine de 21 jours, cela valait-il vraiment la peine pour participer aux Jeux olympiques?

Oui, les sacrifices que j’ai faits valaient clairement le coup. Je n’ai pas été en quarantaine pour les Jeux, mais pour moi. Et c’était la bonne décision.

Comment avez-vous vécu ces trois semaines d’isolement?

C’était une véritable découverte car je n’avais aucune idée de ce qui allait m’attendre. Quelques jours avant de voler en Chine, je n’avais aucune information, je n’avais aucun hôtel. J’ai fait du mieux que je pouvais et pour cela je suis très contente. Je n’ai jamais été stressée. Les gens ont été adorables avec moi. Ils m’ont beaucoup aidée. Et ils m’ont même offert des cadeaux pour le Nouvel An chinois. J’ai notamment reçu un tigre en peluche et un jeu dont la surface était peinte à la main avec deux petits pandas. C’est incroyable.

Etait-ce toutefois l’expérience la plus bizarre de votre carrière?

Non, car j’aime faire des choses bizarres (rires). La vie est belle lorsque tu sors de l’ordinaire.

Mais lorsque l’on est en quarantaine peut-on réellement se préparer correctement et être en pleine forme en compétition?

Oui, totalement. J’ai quand même bien pu m’entraîner. J’ai maximisé tant que je le pouvais. J’ai notamment fait du travail foncier dans ma salle de gym avant de voler. Sur place, durant la quarantaine, j’ai travaillé l’explosivité. Pour être performante sur la neige, j’ai juste besoin d’avoir des pieds rapides. Je suis restée flexible sur ma gestion des entraînements. Et si tu as la bonne mentalité, tout se déroule parfaitement.

N’est-il pas frustrant de venir aux Jeux olympiques pour ne disputer qu’une course? A l’époque, à Sotchi, il y avait également le slalom parallèle.

Vous savez, s’il n’y a une seule course, la médaille que l’on remporte a encore davantage de valeur. Après, je n’aurais pas dit non à un slalom…

A 35 ans, dans un sport où les athlètes performent sur le tard, peut-on espérer vous retrouver à Milan-Cortina dans quatre ans?

Ah ça, je ne sais pas encore.

Johan Tachet, Zhangjiakou