C’est un mélange d’émotions qui s’empare de Marco Odermatt après le géant des finales de Saalbach. Il y a tout d’abord, ce petit sourire échangé avec un coach au bord de la piste, quelques secondes après son élimination qui assurait à Loïc Meillard, un premier succès en géant cet hiver. Un rire jaune plutôt pour le Nidwaldien qui n’avait plus l’habitude de se retrouver dans une telle situation. “J’ai fait une faute inutile. J’en fais rarement des erreurs comme celle-là. Avec cette neige un peu tendre, cela ne pardonne pas”, peste-il. “Je suis un peu triste et déçu.”
La dernière fois que Marco Odermatt n’avait pas vu la ligne d’arrivée, c’était en décembre 2019 lors du géant de Beaver Creek. Une éternité. Dans l’intervalle, il est devenu le patron de la discipline signant 26 podiums consécutifs et surtout 12 victoires de rang avant cette sortie de piste frustrante. Car le prodige d’Hergiswil n’avait qu’une idée en tête au moment de franchir le portillon de départ: la victoire à tout prix. Un succès qui lui aurait permis de rejoindre dans le grand livre d’histoire du ski mondial Ingemar Stenmark, le seul skieur à ce jour à avoir remporté toutes les courses d’une même discipline en une saison. “C’est toujours spécial d’avoir l’occasion de marquer l’histoire. Certes, ça ne compte pas autant qu’un Globe, mais c’est quelque chose d’unique.”
Pas de pression avant la course
Marco Odermatt rejette l’idée qu’il a été rattrapé par l’enjeu. “Je n’avais pas de pression. J’étais un peu nerveux avant la première manche, car c’est une piste que l’on avait jamais skiée en géant en Coupe du monde. Mais tout était prêt pour réaliser une grande deuxième manche ensuite et poursuivre la série.” Une série qui prend fin au plus mauvais moment. “J’aurais préféré que cela se produise il y a trois ou quatre courses”, concède le skieur helvétique qui était passé proche de la correctionnelle plusieurs fois cet hiver en géant, à Schladming ou à Aspen notamment. “Là, ça gâche un peu la fin de saison parfaite.”
Il se consolera avec la réception du Globe du géant, le troisième de sa carrière, dont il n’arrive pas encore à totalement profiter. “Les prochains jours peut-être” assure-t-il. D’ailleurs, quelques larmes ont coulé au moment où il est monté sur le podium pour recevoir son trophée. Peut-être la tension d’une saison extraordinaire qu’il évacuait. Car l’hiver de Marco Odermatt est à marquer d’une pierre blanche. Il aura dominé de la tête, des skis et des épaules ses adversaires. Il aura réalisé son grand objectif de l’hiver en remportant la vraie descente de Wengen. Il tient à rappeler que ses victoires en géant à Adelboden, devant son public, et à Schladming, avec une folle remontée de la 11e à la 1re place, étaient également spéciales.
Égaler Pirmin Zurbriggen et Hermann Maier
Mais avant de tirer un bilan global, Marco Odermatt a encore deux défis à relever: s’assurer les Globes de super-G et de descente, la semaine prochaine. Le Nidwaldien qui chasse les records se rappellera très certainement que les deux seuls skieurs à avoir remporté au moins quatre Globes de cristal le même hiver sont son compatriote Pirmin Zurbriggen en 1987 et Hermann Maier en 2000 et 2001.
Johan Tachet, Saalbach-Hinterglemm