Marc Rochat a encore franchi un palier cet hiver. Trentième de la Coupe du monde de slalom en 2021 et 2022, vingtième en 2023, le voici désormais dans le top 10 mondial, avec une 9e place finale au classement. Constance et performance sont désormais les maître-mots du skieur vaudois de Crans-Montana qui n’a jamais semblé aussi serein sur les skis. Et à 31 ans, Marc Rochat entend encore nous émerveiller ces prochaines saisons. Interview.

Vous prenez la 6e place du dernier slalom de Saalbach. En tout, cet hiver, vous avez accroché à quatre reprises le top 6, sans monter sur le podium. Celui-ci aurait été la cerise sur le gâteau d’un hiver fructueux?

C’est le petit pion qui a manqué cette saison. J’ai souvent été très proche, ce dimanche encore. Mais ce sport est ainsi. J’ai fait de mon mieux, j’ai eu du vert à l’arrivée de ce dernier slalom. Mais si les autres athlètes performent à leur meilleur niveau, on a beau faire une manche extraordinaire, on termine 4e, 5e ou 6e. Mais au final, je suis très fier de conclure la saison ainsi.

Une nouvelle saison qui vous a permis de vous poser parmi les meilleurs slalomeurs de la planète.

Je me suis enfin établi dans la position dans laquelle j’ai toujours cru pouvoir arriver, c’est-à-dire le top 10. Je termine cette saison en couleurs et en beauté. J’ai encore beaucoup à montrer. On ne va rien changer, on garde la même direction et j’espère me battre l’an prochain pour les premières places.

Il y a douze mois, on disait voir en action le meilleur Marc Rochat sur les skis. Une année plus tard, il est encore plus fort…

Je vais continuer à vous surprendre et je l’espère pendant plusieurs années. J’ai beaucoup travaillé pour en arriver là aujourd’hui, pour trouver cette constance indispensable pour la Coupe du monde. Cette saison, je l’ai démontré avec une seule élimination. Mais la prochaine débute déjà demain et on va continuer à travailler.

Le mental est une composante importante pour être performant sur la neige. On a l’impression que vous skiez libéré, que vous n’avez pas besoin de vous poser trop de questions dans le portillon?

Chacun a son propre état d’esprit pour performer. Pour ma part, c’est le jeu et l’amusement. Je dois trouver le gosse qui est en moi et plus je peux l’exprimer, mieux ça va. Cette saison, j’ai vécu avec cet adolescent en moi et j’en suis très fier.

Contrairment à beaucoup d’athlètes, peu importe les conditions de piste, de neige, vous parvenez à sortir vos manches?

Absolument. Je deviens constant dans toutes les conditions. C’est quelque chose d’important dans notre sport, d’être capable d’être bon sur toutes les neiges. On a beaucoup travaillé là-dessus et on va encore continuer, car il y a toujours quelque chose à gagner dans certaines conditions. Mais cet hiver, j’ai démontré que j’étais capable de jouer aux avant-postes sur toutes les neiges.

Quels seront les axes de travail justement?

J’ai connu une élimination cette saison, donc j’en aimerais une en mois pour la prochaine… (rires). Plus sérieusement, aujourd’hui on parle de fine tuning (ndlr: ajustement) dans ce sport, où on chercher les centièmes. Je vais travailler fort physiquement, mais la clé ne se trouve pas là. Elle se trouve dans les détails, dans la technique, la précision, c’est une combinaison pour aller gratter les centièmes qui me manquent pour arriver sur la boîte et idéalement la première marche.

L’objectif concret du prochain hiver sera de monter sur le podium?

Totalement. J’ai rempli le quota du loto des places 4 à 10, sans aucun problème. Il me manque les trois premières. Mais cela viendra quand ça viendra. Je ne suis certainement pas frustré de ces résultats, car je fais la meilleure saison de ma carrière et j’en suis très fier.

Johan Tachet, de retour de Saalbach