Luc Roduit savoure son moment en tournant dans l’aire d’arrivée. Le Valaisan vient de franchir la ligne et l’écran chronométrique s’affiche en vert. Le skieur de Versegères, 4e sur le premier tracé quelques heures auparavant, sait qu’il vient de réaliser une grosse seconde manche qui peut, doit le conduire sur un troisième podium lors de ces Jeux olympiques de la Jeunesse. Il ne reste plus que trois coureurs au sommet de la piste de slalom Willy Favre. L’attente se compte en une poigne de secondes, le temps que l’Autrichien Philipp Hofmann parte à la faute. Luc Roduit devient, comme Amélie Klopfenstein, triple médaillé lors des JOJ de Lausanne. Une monumental exploit.

Rester concentré malgré l’impatience

Après avoir glané le bronze en super-G et en géant, le Valaisan a cette fois remporté l’argent du slalom, quelques instants seulement après que sa compatriote Lena Volken ait réussi pareille performance. « Toutes ces médailles sont belles, elles ont toutes la même valeur, mais celle-ci, dans ma discipline de prédilection, reste ma préférée », se délecte l’athlète bagnard. « C’est fou. Je rêvais de gagner une médaille et je repars avec trois. Je ne sais pas encore ce que je vais en faire, peut-être les accrocher dans ma chambre », sourit-il.

Comme lors du géant la veille, Luc Roduit se trouvait en embuscade après le premier parcours. Quatre heures d’attente entre les deux manches ont mis les nerfs des skieurs à rude épreuve. « Je ne suis pas trop patient, alors là… », poursuit le le skieur aux origines australiennes qui a su rester concentré sur ce qu’il avait à faire. « Dans ma tête, je savais que je devais tout donner, je voulais absolument monter sur la boîte. Ensuite, il fallait attaquer, sans trop en vouloir. » Sur le tracé, Luc Roduit ne tremble pas, pour gratter deux rangs et monter sur le podium.

Sur les traces de Yule et Zenhäusern

Ses performances incitent naturellement à le présenter comme le digne successeur des Daniel Yule ou Ramon Zenhäusern, des athlètes qu’ils admirent, en Coupe du monde. « C’est grâce à eux que le slalom m’a toujours attiré. Quand je les regarde skier et performer, ils me font sauter en l’air », rigole celui qui a eu la maman de Daniel Yule comme professeur d’anglais. « Mais le chemin pour arriver à leur niveau est encore très long. Il faut beaucoup travailler, éviter les blessures et aussi avoir de la chance. »

Après le rêve des Jeux olympiques de la Jeunesse, Luc Roduit va devoir rapidement retourner à la réalité et l’anonymat des courses FIS dans le but de poursuivre sa progression. A terme, il espère pouvoir prendre un départ en Coupe d’Europe, l’antichambre de la Coupe du monde, l’hiver prochain.

Une quatrième médaille au Team Event?

Mais avant de définitivement tourner la page de Lausanne 2020, le skieur de Versegères pourrait encore rajouter une médaille dans son escarcelle demain lors du team event mercredi. « Nous avons les capacités d’accrocher encore quelque chose, nous avons une belle équipe et une magnifique ambiance. » Avec peut-être le secret espoir d’égaler le total de quatre médailles ramenées à la maison par Aline Danioth il y a quatre ans à Lillehammer.

Johan Tachet, Les Diablerets