Tout ne s’est pas forcément déroulé comme espéré. Pour l’épreuve d’ouverture de la saison, finalement déplacée à Verbier ce week-end, les Suisses nourrissaient des ambitions de podium. Ils devront se contenter de quelques résultats positifs et surtout de confiance engrangée pour la suite de la saison. Le tout dans des conditions finalement meilleures qu’attendues.

C’est notamment le cas de Sybille Blanjean. Malgré un run engagé et maîtrisé, la Valaisanne n’a pu faire mieux que 6e samedi. “Je me suis bien amusée même si je n’ai pas parfaitement réussi mes deux derniers atterrissages, je ne suis pas passée loin de la chute, mais ça a tenu, mes jambes sont solides, a déclaré la gagnante de l’Xtreme de Verbier 2022. Ça fait du bien de lancer la saison, surtout à la maison.” Le niveau du ski féminin était particulièrement relevé pour cette épreuve et c’est la Polonaise de Vercorin Zuzanna Witych qui s’est imposée.

Maxime Chabloz: “Ça fait tellement peur!”

Côté masculin, Maxime Chabloz notamment était très attendu. Et le Nidwaldo-Vaudois s’en est plutôt bien sorti en terminant 6e. “C’était vraiment dur de monter jusqu’au sommet de cette face, physiquement mais surtout mentalement, a expliqué le champion du monde 2022. Ça fait tellement peur! Je suis content de mon haut de parcours, même si je me suis un peu perdu mais après sur le bas, j’ai eu peur. À part ça, je suis content d’être à l’arrivée et d’avoir plaqué un run. Je peux construire là-dessus.”

Construire, pour continuer à enchaîner les exploits. “Je veux continuer à construire mon image là-dessus. Si j’avais arrêté après ma première saison lorsque j’avais quasiment tout gagné, je pense que les gens m’auraient assez vite oublié. Je suis là pour faire rêver les gens, pour montrer mon beau ski”, a encore ajouté celui qui a souffert d’une petite luxation à la hanche la semaine dernière. “Aujourd’hui, je ne voulais pas trop prendre de risques inutiles surtout que j’ai vu que beaucoup de riders sont tombés.”

Mission accomplie donc en vue de passer le “cut” avant les finales à Fieberbrunn et surtout l’Xtreme. “C’est toujours bien de marquer de bons points lors de la première compétition, surtout à la maison, même si ce n’est pas une face que j’adore et que je manque encore de kilomètres de ski”, a aussi avoué celui qui est aussi l’un des meilleurs kitesurfeurs du monde.

Martin Bender: “C’est un rêve d’enfance!”

En ski, un autre Suisse est parvenu à marquer des points, même si Martin Bender espérait mieux qu’une 13e place pour ses débuts parmi l’élite. “Je me suis juste trompé sur l’axe de mon dernier 360, a-t-il concédé. Il y avait clairement moyen de le plaquer mais je ne l’ai pas pris comme je le devais.” Déçu mais pas abattu, le Valaisan de 19 ans était malgré tout heureux de pouvoir s’élancer devant tous ses proches. “Je me réjouissais vraiment de faire un run sur cette face, rappelle-t-il ainsi. Pouvoir prendre un départ sur le Tour, c’est un rêve d’enfance!” Et même s’il a chuté en fin de run, le rider de Martigny a déjà prouvé qu’il avait bien sa place parmi l’élite.

C’est évidement également le cas de son compère Simon Perraudin, qui dispute sa deuxième saison sur le Freeride World Tour. Las pour lui, il n’est pas parvenu au bout de son run ce samedi. “C’était plutôt bien au début et ensuite j’ai mal calculé ma vitesse et j’ai perdu un ski, raconte-t-il. Je voulais aller un peu plus “gros” que l’année passée et j’étais peut-être un peu trop excité pour le coup, surtout de pouvoir rider ici, à la maison alors que je n’ai pas eu la chance de faire le Bec l’année passée (ndlr: il n’avait pas passé le cut)”. Désormais, je dois digérer la déception mais je suis content de ce que j’ai pu montrer avant ma chute. C’est en tombant qu’on apprend, c’est ça le freeride.”

Thibault Magnin: “L’adrénaline et la peur, c’est autre chose”

Un autre rider qui est en pleine phase d’apprentissage, c’est Thibault Magnin. Le Fribourgeois, qui s’élance sous les couleurs de l’Espagne, a reçu une invitation des organisateurs cette année, alors qu’il est plus habitué aux compétitions de freestyle. Lui aussi n’a pas réussi à aller au bout de son run à Verbier. Il gardait toutefois le sourire dans l’aire d’arrivée.

“C’est vraiment une bonne expérience, surtout de skier une face aussi raide, autant engagée que celle-ci, a-t-il décortiqué. J’ai bien skié jusqu’à ma chute. Franchement, avec le changement de lieu de l’événement (de Baqueira Beret en Espagne à Verbier), c’était un gros choc. Je n’étais pas forcément prêt à skier une face comme celle-ci pour ma première compétition.” Reste qu’il se fait petit à petit sa place parmi les meilleurs freerideurs de la planète. “Je me sens bien dans ce monde même si l’adrénaline et la peur, c’est autre chose. Mais je suis en bas, entier et ça reste une bonne expérience. De toute façon, c’est un processus”, a encore poursuivi celui qui n’exclut pas de refaire l’un ou l’autre passage par le freestyle d’ici la fin de l’hiver.

Liam Rivera: “Je pouvais faire mieux”

Enfin, un Suisse était également aligné en snowboard puisque Liam Rivera, qui concourrait auparavant sous les couleurs mexicaines, arbore désormais le drapeau helvétique à côté de son nom sur les listes de départ. Un changement qu’il a choisi de faire à l’intersaison “car en terme sportif et dans le futur, je pense que ça a plus de sens de courir pour la Suisse”. Troisième du championnat la saison dernière, le Fribourgeois a pris la 10e place à Verbier après avoir chuté à la réception d’un 360.

“Je suis un peu déçu car je pouvais faire mieux, regrette-t-il. Chuter sur mon passage le plus facile de la face, c’est dommage. Personnellement, je me sentais bien, j’étais motivé par mon choix de ligne.” Pas de quoi toutefois décourager le rider de 23 ans. “Je me réjouis pour la suite. Je prends une compétition après l’autre. Le premier but est de passer le cut et on verra ensuite s’il y a de la place pour plus.”

Car oui, Verbier n’était que le début d’une longue saison qui passera en tout cas par le Canada, la Géorgie et l’Autriche avant de revenir à Verbier pour l’Xtreme en mars.

Laurent Morel, Verbier