Dans la brume de Zinal, Rémi Cuche offre une éclaircie. Lundi, sur les hauteurs du val d’Anniviers, le skieur neuchâtelois réussit une performance de choix en se classant 14e du super-G pour ce qui était sa toute première course de Coupe d’Europe en carrière. Le skieur de Saules, parti avec le dossard 70, a pleinement profité du soleil qui a percé la couche nuageuse pour imiter le Valaisan Christophe Torrent et le Fribourgeois Nicolas Macheret, et accrocher un magnifique résultat pour son baptême.

Vingt-quatre heures plus tard, Rémi Cuche a réussi une nouvelle performance de choix en se classant 21e du second super-G organisé dans la station valaisanne, devant les yeux de son illustre oncle Didier. “Ce résultat est encore plus fort, car Rémi confirme que ce n’était pas seulement un coup de chance dû au soleil”, sourit le quintuple vainqueur de la descente de Kitzbühel.

Deux blessures aux genoux, deux ans de galère

Chez les Cuche, le goût de la vitesse sur les skis se transmet de génération en génération. “On est casse-cou dans la famille. Robin, son frère, qui est aussi performant en handiski, l’est également”, rigole le tonton Didier. “C’est la maman qui stresse un peu.” Et c’est normal, puisque les deux frangins ont déjà connu leur lots de blessures. A 21 ans, Rémi a eu les deux genoux bousillés, freinant ainsi sa progression depuis près de trois ans. Le Neuchâtelois se blesse une première fois au genou droit en mars 2019 aux Championnats de Suisse à Stoos. “Il revenait bien, réalisait de bons résultats, sans avoir vraiment pu s’entraîner durant l’été. C’était encourageant.” Mais la poisse s’acharne et cette fois-ci c’est le gauche qui lâche à l’automne 2020 et le Vaudruzien doit tirer un trait sur l’ensemble du dernier hiver.

Rémi Cuche fait alors preuve de résilience et n’entend pas pour autant lâcher le morceau. Sous la férule de son préparateur physique Florian Lorimier, qui s’occupait déjà de son oncle du temps où il sévissait en Coupe du monde, il s’entraîne d’arrache-pied pour retrouver ses sensations. “C’est un gros bosseur”, concède Didier, heureux de voir son neveu de retour sur les skis et, qui plus est, de réussir avec brio son baptême en Coupe d’Europe. “Dans le portillon de départ, cela a dû être très émotionnel pour Rémi après avoir galéré deux années durant et passer plus de temps chez le physio qu’ailleurs. En tout cas, il montre du ski solide, compte tenu qu’il n’a pu être compétitif durant passablement de temps.”

Didier Cuche était présent à Zinal pour aider le groupe d’entraînement de vitesse NLZ dans lequel figure son neveu Rémi (MSB)

Un potentiel à exploiter en vitesse

Par ses résultats, le Neuchâtelois a prouvé qu’il avait désormais sa place en Coupe d’Europe. “On verra ce que les coaches décident, mais il faut qu’il fasse des bons points lors des courses FIS également pour grimper dans la hiérarchie. Et si l’occasion de concourir en Coupe d’Europe se représente, Rémi doit être désormais prêt à aller chercher des bons résultats”, poursuit Didier Cuche, qui fait profiter de son expérience le groupe NLZ de Brigue, dont fait partie son neveu, lors des camps de vitesse.

A terme, le premier objectif pour Rémi Cuche sera d’intégrer les cadres de Swiss-Ski. S’il réussit à maintenir ce niveau, nul doute que le skieur du Val-de-Ruz y parviendra ce printemps. Et c’est d’ailleurs dans les disciplines de vitesse que le jeune athlète, à l’image de son oncle, possède ses meilleurs cartes. “Il est bon techniquement en géant, mais en vitesse, il possède ce petit feeling”, analyse Didier Cuche. “A cet âge-là, entre 15 et 25 ans, beaucoup d’athlètes se tâtent et se protègent. Du coup, ils s’orientent vers les disciplines techniques. Or, Rémi, on sent qu’il prend vraiment du plaisir en vitesse.”

Mélanie Siggen-Beney, Zinal / Johan Tachet