Franchement, vendredi à 18 heures lorsqu’il s’est présenté devant les quelques journalistes restés pour l’attendre dans la salle de presse des Rousses, on ne donnait pas cher de la peau de Richard Jouve. « J’ai ressenti une douleur à l’adducteur gauche à l’entraînement, sur les skis, ce matin, avouait alors le fondeur de 28 ans. Je ne suis vraiment pas sûr d’être au départ demain, ou il faudrait vraiment que je puisse profiter de bons soins. »

Poussé par un énorme public

Miracle ou pas, le Français était bien présent ce samedi au stade des Tuffes, où le public, probablement l’un des plus bruyant et festif de la Coupe du monde, n’avait pas hésité à faire le déplacement malgré les doutes émis par le champion. Les doutes, d’ailleurs, ont rapidement été levés. Sixième des qualifications, le double médaillé de bronze par équipes est monté en puissance au fil des séries. Encore fallait-il se mesurer à l’ogre Johannes Høsflot Klæbo, vainqueur de 27 des 30 derniers sprints qu’il a disputé en Coupe du monde…

Mais Richard Jouve était en mission. Poussé par plusieurs milliers de spectateurs en délire, il a parfaitement géré tactiquement sa finale, pour en prendre les commandes à quelques centaines de mètres de la ligne. Malgré le retour dans les dernières secondes du Norvégien, l’athlète de Méribel a résisté et s’offre un quatrième succès parmi l’élite. « Pendant les courses, je n’ai pas eu mal, a précisé le héros du jour. J’ai pris la décision de concourir ce matin et je me suis dit qu’il fallait oublier la douleur pour courir devant le public français. » Des émotions, le roi Richard en a vécu. « C’est incroyable, c’est aussi fort qu’une médaille olympique parce qu’aux Jeux on n’a pas ce public français, c’était un moment très fort. »

Le ski de fond français a de beaux jours devant lui

Les Rousses pouvaient alors exploser, au lendemain d’un premier exploit réussi par Delphine Claudel, 2e du 10 km libre dans la station qui accueille sa première étape de Coupe du monde. La Marseillaise, entonnée par tout un stade, restera évidemment dans les mémoires. Le fond français, qui devrait avoir son étape au calendrier tous les deux ans en alternance avec le Valais, a un beau futur devant lui. Côté Suisse, on retiendra la belle 20e place d’Erwan Käser, qui devrait lui permettre de valider son ticket pour les Championnats du monde de Planica.

Pour la petite histoire, Kristine Stavås Skistad s’est offert sa première victoire en Coupe du monde. En France très voisine, la Norvégienne a profité de l’absence de la leader de la Coupe du monde de la spécialité Nadine Fähndrich (qui a décidé de faire l’impasse) pour devancer les Suédoises Emma Ribom et Maja Dahlqvist. Meilleure Suissesse, Désirée Steiner a pris la 18e place. Nadine Fähndrich conserve elle la tête du classement de la spécialité.

Laurent Morel, Les Rousses