Longtemps délaissée par la Coupe du monde de ski de fond, l’Europe de l’Ouest devrait enfin avoir droit à son étape annuelle. C’est du moins ce que souhaite mettre en place la FIS. Swiss-Ski a d’ailleurs officialisé ce vendredi l’arrivée d’une étape l’année prochaine en Valais. À l’heure où Lenzerheide se mobilise pour le biathlon et pourrait laisser tomber ses courses du Tour de Ski, organisées en alternance avec le Val Müstair, la vallée de Conches se positionne comme nouveau site roi du fond en Suisse, avec Davos évidemment.

Quatre courses en Valais en 2024

Après avoir organisé les Championnats du monde juniors en 2018, le site valaisan s’apprête donc à recevoir les meilleurs fondeurs de la planète en 2024. Quatre courses sont d’ores et déjà prévues pour le dernier week-end de janvier. Le centre nordique, récemment agrandi et réaménagé, est adapté pour un tel événement. Il faut dire que la vallée de Conches est dédiée au ski de fond (et au biathlon) depuis longtemps. Le conseil de la FIS doit encore officialiser ce choix en mai.

Si la Suisse profite depuis plusieurs années de ses installations, le monde aura ainsi l’occasion de découvrir la fameuse vallée. “La Coupe du monde de ski de fond est l’occasion de souligner avec force, aux yeux du monde entier, que la vallée de Conches constitue un véritable paradis pour l’entraînement comme pour les compétitions internationales”, a ainsi déclaré Chantal Carlen, présidente du comité d’organisation, qui espère aussi créer des vocations grâce à ces épreuves.

Une alternance bienvenue

Le site des Tuffes, aux Rousses, est lui aussi voué à recevoir de grandes compétitions. Le stade Jason Lamy Chapuis avait d’ailleurs été le théâtres des épreuves de biathlon et de combiné nordique lors des Jeux olympiques de la Jeunesse de Lausanne en 2020. Après plusieurs annulations (en raison du Covid-19), il reçoit ce week-end ses premières courses de Coupe du monde de ski de fond. “On veut que ce soit durable et récurent, que ça devienne un gros événement, détaille Nicolas Michaud, responsable des lieux. Mais on n’est pas en capacité de le faire annuellement pour le moment car ça coûte trop cher. Les discussion avec la FIS sont vraiment pour organiser une épreuve tous les deux ans. Ça nous irait très bien.” En cas de succès de cette première édition, 2025 s’imposerait évidemment.

Secrétaire général de la FIS, Michel Vion était présent vendredi dans la station jurassienne, confirmant du bout des lèvres la possibilité d’une alternance entre Les Rousses et la vallée de Conches. “Chaque pays fait ses demandes et nous ensuite on essaie de trouver une cohérence, explique l’ancien skieur français. Les projets qui se font une année sur deux sont toujours les bienvenus. On sait que c’est compliqué d’organiser des épreuves chaque année et pour nous de donner satisfaction à tout le monde. Du coup, ce tournus qui pourrait être instauré serait de bon augure.” Celui qui était encore président de la fédération française de ski il y a quelques années se réjouit également de voir du ski de fond dans cette partie de l’Europe. “C’est important. Et s’il y a un massif où ce sport est populaire, c’est bien ici, dans le Jura.”

Le problème des logements à régler

Étant donné que l’organisation d’une étape de Coupe du monde de biathlon est impossible pour le moment en raison notamment du manque de ressources hôtelières dans la région, le site situé à quelques encablures de la frontières helvétique veut se concentrer sur le fond. “Heureusement que nous avons réussi à sauver l’épreuve (ndlr: en danger jusqu’au dernier moment en raison du manque de neige), poursuit Nicolas Michaud. Si on annulait à nouveau, j’ai l’impression qu’on pliait la chose pour de bon.” Il n’en sera rien et les 3200 spectateurs présents vendredi ont montré que le projet avait de l’avenir.

“Les retours sont bons, se félicite encore le patron du site, qui a le regard tourné vers le futur. Pour le moment, on ne peut pas se positionner sur des plus gros événements en raison des soucis d’hébergement. Ainsi, ce week-end, on a passablement de personnes qui logent en Suisse, à la Vallée de Joux ou en plaine, à Nyon ou à Divonne-Les-Bains.”

Une grosse structure de quelque 600 chambres, dont le projet a été largement retardé par le Covid-19, situé à Lamoura, tout près des Rousses, pourrait toutefois permettre à la situation de se décanter. Dès lors, le lieu pourrait aller jusqu’à imaginer l’organisation de Championnats du monde de ski nordique. Au pied de La Dôle, on ne ferme pas non plus la porte au Tour de Ski et on veut profiter d’une situation géographique au coeur de l’Europe. “En plus, ça permet aux athlètes locaux de performer, c’est certain, lâche encore Nicolas Michaud, qui rappelle que la France n’avait plus accueilli d’étape de Coupe du monde depuis La Clusaz en 2016. Et les jeunes trouvent une source de motivation.”

Laurent Morel, Les Rousses