Lara Gut-Behrami et Crans-Montana, c’est une histoire d’amour-haine qui a trouvé un point d’orgue plus que positif ce vendredi. Sur une piste du Mont Lachaux très technique qu’elle apprécie, la Bombe de Comano s’est enfin imposée, après avoir connu toutes les mésaventures possibles ou presque jusqu’ici. Alors qu’elle a souvent effectué des entraînements supersoniques sur le Haut-Plateau, elle n’a jamais eu de réussite en course. La Tessinoise a dû composer avec de nombreuses annulations, à cause notamment du brouillard. En 2014, elle était sortie et ce n’est qu’en 2019 qu’elle avait terminé sa première descente à Crans-Montana… au 3e rang, avant d’être reclassée au 6e rang après un recalcul des temps.

“Je n’ai aucune relation particulière avec Crans-Montana, relevait Lara Gut-Behrami après l’entraînement jeudi. J’espère qu’il n’y aura ni problème de brouillard, ni problème de chrono. Il faut oublier ça. C’est une piste que j’aime bien mais mon unique actuellement objectif est de bien skier.” Son voeux s’est réalisé puisqu’elle a en plus repoussé Corinne Suter à 0″80 ce vendredi. Cette piste, très technique, correspond parfaitement à ses qualités.

“Les autre filles ont pu profiter de moi comme j’ai pu profiter d’elles”

“Des choses sont en train de se mettre en place, avouait-elle encore jeudi. Mais retrouver tous les réglages et la confiance, ça prend du temps. Il faut encore coller les pièces du puzzle. Il me manque encore de la confiance. Quand tu réfléchis, c’est déjà trop tard.” Désormais, elle skie de mieux en mieux. Mais la gagnante du grand Globe en 2016 ne veut pas se retrouver dans la situation de sa blessure en 2017. “Franchement, je n’espère pas revenir à l’état dans lequel j’étais avant Saint-Moritz 2017, explique-t-elle. J’étais fatiguée, je n’en pouvais plus. Je veux réussir à skier vite d’une autre manière, en prenant du plaisir. Quand j’ai gagné le Globe, je n’étais pas prête.”

Et pour l’une des premières fois de sa carrière, la skieuse aux cinq médailles mondiales a parlé de sa relation avec ses coéquipières: “Le ski reste un sport individuel, mais c’est clair que ça fait du bien d’avoir une équipe forte. Beaucoup de filles méritent de réussir. On est beaucoup à avoir sacrifié une vie entière. Elles méritent des podiums, des Globes. Je pense aussi que mes victoires et mes Globes ont motivé les autres filles. Elles ont pu profiter de moi comme j’ai pu profiter d’elles.”

“C’est simple de critiquer depuis le canapé”

Touchée par la critique, Lara Gut-Behrami a tenu à remettre les pendules à l’heure. “Ce n’est pas si simple de descendre une montagne comme on peut le croire en regardant la télévision, rappelle-t-elle. C’est un peu plus raide que ce qu’on croit. C’est facile de critiquer quand on arrive 15e ou 20e. C’est dommage qu’on oublie ce qu’on a réalisé. Je pense qu’on devrait avoir un peu plus de respect pour le travail que toute l’équipe fait. C’est simple de critiquer depuis le canapé, mais avant de le faire, il faut savoir de quoi on parle. Après on peut discuter. Les membres de la famille, c’est les seuls qui sont toujours là.”

Laurent Morel, Crans-Montana