Johan Eliasch est un homme actif. De Saint-Moritz à Wengen, en passant par Beaver Creek ou Courchevel, le nouvel homme fort de la FIS s’est passablement montré ces dernières semaines sur le front de la Coupe du monde. Il parade avec la volonté d’exposer ses projets pour redynamiser une fédération vieillissante, campant depuis trop de nombreuses années sur ses acquis et, qui ne demande qu’à être dépoussiérée.

« Nous devons rendre le ski plus attractif », clame le Suédois de 59 ans, rencontré dans les Grisons il y un mois. Pour ce faire, le Scandinave, qui a remplacé le regretté Gian-Franco Kasper à la tête de la FIS en juin dernier, voit grand. L’un de ses principaux objectifs à court terme est la création de FIS Games, qui réunirait tous les quatre ans lors des années sans Jeux olympiques ni Mondiaux, l’ensemble des disciplines du ski dans un seul et même endroit. La FIS étudie d’ores et déjà la possibilité d’organiser cet événement pour 2024.

S’inspirer du golf et de la Formule 1 pour les retransmissions télévisées

Le second point sur lequel planche Johan Eliasch, et celui relevé par de nombreux athlètes à l’image de Justin Murisier ces dernières années, concerne l’attractivité des retransmissions des compétitions à la télévision. « Nous devons être plus interactifs avec les téléspectateurs », assure le Suédois qui prend l’exemple du golf et de la Formule 1. « Nous avons l’intention d’intégrer rapidement des données télémétriques afin de rendre l’expérience plus intéressante et excitante. » Pour le patron de la marque Head, les sports de neige « ont beaucoup de potentiel de développement ». « Il faut amener au ski les technologies qui existent déjà. Ce n’est pas compliqué, mais cela passe déjà par davantage de caméras. »

Les « storytellings » représentent une autre forme de divertissement envisagée. Encore une fois, la Formule 1, l’a prouvé en reboostant son image grâce à la série documentaire Netflix « Drive to survive », qui s’immisce désormais, depuis plusieurs saisons, au coeur du sport. Depuis ce début d’année, le golf et le tennis ont emboîté le pas.

Plus de compétitions en Amérique du Sud, en Chine et… à Dubaï

Mais le principal cheval de bataille du Suédois est de permettre aux sports de neige « d’avoir la portée la plus large possible à travers le monde ». L’Amérique du Sud et la Nouvelle-Zélande sont des régions à développer. « Nous y avons déjà des centaines d’épreuves et nous voulons en proposer davantage. »

C’est surtout le marché asiatique qui attire Johan Eliasch. Et la Chine, dans un premier temps. « Les responsables gouvernementaux veulent attirer 300 millions de personnes dans les sports d’hiver », partageait-il à nos confrères de Servus TV la semaine dernière. « Le potentiel de croissance est insensé. Si nous n’en obtenions que la moitié, ce serait un succès. »

Les pays du Golf, et certainement les ressources financières illimitées que l’on y trouve, attirent également les convoitises. Sous la férule de son nouveau président, la FIS avait notamment délocalisé en début de saison des courses FIS, officiant comme qualifications olympiques pour les petites nations, dans l’un des centres commerciaux de Dubaï… où on y trouve une piste de ski. « On élargit notre empreinte dans des lieux où nous allons normalement à la plage », nous expliquait-il. « Cela démontre le potentiel de développement de notre sport. »

Ne pas oublier le coeur de son sport

La FIS entend faire sa révolution ces prochaines années, et c’est tant mieux. Mais la Fédération va tout de même devoir faire attention, à travers les desseins de mondialisation de son nouveau président, de ne pas oublier que le coeur de son sport bat essentiellement dans les pays alpins, scandinave et nord-américains.

Johan Tachet, de retour de Saint-Moritz