Justin Murisier a fait vibrer le public suisse. Le Valaisan n’est pas passé loin d’accompagner Marco Odermatt, le nouveau champion du monde, sur le podium de la descente de Courchevel. Pour sa première apparition dans l’épreuve reine mondiale, le skieur bagnard a failli créer la surprise. Il possédait encore le cinquième chrono au dernier temps intermédiaire avant de commettre une erreur rédhibitoire. Sa 12e place est finalement anecdotique, mais sa performance conforte le sentiment que Justin Murisier est désormais un véritable descendeur.

Justin Murisier, vous terminez 12e de la descente des Championnats du monde, mais on a l’impression que vous aviez la médaille dans les jambes à trois portes de l’arrivée.

J’ai su avant de passer la ligne d’arrivée que je ne l’avais pas. Jusqu’au dernier intermédiaire, je sentais que je pouvais faire quelque chose de grand. J’ai réussi à mettre en place ce que je souhaitais ces derniers jours en corrigeant ce que j’ai fait de faux lors des entraînements. J’y croyais dur comme fer. Mais je rentre un poil tôt dans la porte à l’entrée du mur, ça me fait pousser en bas, et à cette vitesse, dans l’ombre, je n’ai pas eu la confiance nécessaire pour reprendre la ligne. C’est un peu dommage.

Mais pour une première descente aux Championnats du monde, ça reste incroyable?

Je dois rester réaliste, je n’ai pas fait 25 top 15 en Coupe du monde en descente. Mais ici, seules les médailles comptent et il y a un petit goût d’amertume quand même. Mais je peux construire sur cette manche.

Quel bilan tirez-vous de ces Championnats du monde?

Il est franchement positif. Rien n’a été facile émotionnellement. Il y a eu la non-sélection pour le super-G, les discussions pour la méthode de sélections de la descente, sans oublier que je ne me suis pas qualifié en géant. Ce qui est positif, c’est que j’ai pu aller au départ et faire abstraction de toutes ces choses pour donner le meilleur de moi-même. C’est bon signe. Mon corps qui grince m’a laissé tranquille pour ces courses. Je vois du positif pour l’avenir en vitesse.

Cela vous conforte davantage dans l’idée de diriger votre carrière sur la vitesse et de laisser tomber le géant?

J’ai le même programme que Marco (Odermatt) et il gagne aujourd’hui. J’ai fait une grosse performance avec une petite erreur sur le bas. Il va falloir insister un peu sur les parties de glisse qui restent mon point faible. Mais pour le reste, je pense que tout ce que l’on fait d’un point de vue technique nous apporte beaucoup pour la vitesse.

Vous avez pu échanger avec Marco Odermatt avant la course?

Oui, pour la première fois sur cette descente, nous avons fait la reconnaissance ensemble. Avant, on n’avait pas trop le temps, même si on échange toujours beaucoup. Ça nous aide d’avoir l’avis l’un de l’autre.

Et cela a plutôt bien fonctionné pour Marco Odermatt qui est devenu champion du monde.

On savait avant aujourd’hui qu’il était incroyable. La situation est la même qu’aux Jeux olympiques l’an dernier où il n’a pas fait de médaille en super-G, alors que tout le monde l’attendait. Et là, il se pointe avec son mental au départ et décroche la médaille en descente. On ne peut que s’inspirer de lui. J’essaie de beaucoup travailler avec pour que je puisse me transcender comme il en est capable en course. Lui vous le dira, ça restait une course normale. Il ne s’était jamais imposé en descente, il le fait aux Mondiaux. Ça va le débloquer et il sera désormais dangereux sur toutes les descentes à l’avenir.

Vos Championnats du monde se terminent. Il n’y aura donc pas de parallèle pour vous mardi et mercredi?

J’ai fait ma dernière apparition aux Jeux l’an dernier. C’est une discipline que je n’apprécie pas et qui ne fait pas de sens pour nous, je ne vois pas pourquoi j’irai prendre le risque de me blesser.

Beaucoup d’athlètes critiquent le format, c’est aussi votre cas?

S’ils veulent faire cette compétition, ils la font comme ils veulent. Mon avis est simple, ce n’est pas une discipline qui fait la promotion de notre sport, on ne fait pas des événements à moitié. Si la majorité des athlètes dit non, peut-être que cela va leur (la FIS) mettre la puce à l’oreille. Loïc (Meillard) a déjà refusé de prendre le départ avec ce format, s’il tient vraiment parole, c’est très fort, car c’est sûrement le meilleur spécialiste au monde de parallèle. Ce sont des clowns avec ce système. N’importe qui prend la feuille du règlement vous dira que cela ne va pas. Il n’y a pas besoin d’être ingénieur…

JT/LMO, Courchevel