Sur le podium de la descente de Val d’Isère, Jasmine Flury et Joana Hählen jubilent. Hilares, elles font la connaissance du petit veau qui va prendre la direction de Monstein, dans les pâturages surplombant Davos, là où ne trône qu’un seul petit téléski. “Je suis heureuse de partager ce moment”, savoure la lauréate du jour qui, comme lors de ses trois podiums précédents, est accompagnée par une compatriote. “Ana” Hählen succède à Michelle Gisin et Corinne Suter sur la boîte aux côtés de la Grisonne.

Sur sa plus haute marche, un sentiment de soulagement enrobe Jasmine Flury. Beaucoup estimaient qu’elle n’était pas à la hauteur de son statut de championne du monde de descente, qu’elle étrenne depuis février dernier. Ce sacre surprise l’avait lestée d’un nouveau poids duquel elle se débarrasse avec ce premier succès sur le Cirque blanc dans la discipline reine, six ans après son seul triomphe lors du super-G de Saint-Moritz. “Cela m’enlève beaucoup de pression”, assure la skieuse qui vient de passer le cap de la trentaine, même si les émotions sont bien différentes qu’à Méribel. “Ce n’était pas la même chose, mais j’ai pris du plaisir à m’asseoir sur le siège de la leader, à regarder les autres concurrentes.”

Jasmine Flury se sentait “très bien” sur ses nouveaux skis Kaesle qu’elle portait uniquement pour la troisième fois en compétition. “J’avais des skis très rapides. Je ne peux que féliciter mon équipe.” Elle porte une attention particulière à “Gigi” Parravicini, son serviceman, qui l’a toujours soutenue dans ses choix, notamment lorsqu’elle a choisi de troquer ses Fischer, avec lesquels elle s’était posée sur le toit du monde il y a quelques mois, le tout deux ans après avoir déjà changé de marque.

Une histoire de fermeture éclaire

Si Jasmine Flury sentait le vent tourner, ce n’était pas forcément le cas de Joana Hählen. La Bernoise est presque surprise de se retrouver aussi haut placée. “Ces derniers mois, je n’étais vraiment pas rapide”, certifie la skieuse de la Lenk qui monte sur son cinquième podium en carrière. “Mais mon entraînement hier m’a permis de prendre beaucoup de confiance (ndlr: 10e vendredi).”

Sur la piste Oreiller-Killy, elle a su tirer les courbes et prendre les risques nécessaires, et ce même si sa routine a été perturbée quelques instants avant de prendre le départ. “Ma fermeture-éclaire de la combinaison s’est cassée 30 secondes avant que je m’élance. Mon technicien m’a dit qu’il n’arriverait pas à la réparer à temps. Cela m’a totalement stressée”, se marre-t-elle en songeant à sa mésaventure qui ne l’a guère perturbée en course sur une piste où elle avait pourtant encore quelques inimitiés. “Avec Val d’Isère, j’ai une relation d’amour-haine”, lance-t-elle en faisant référence à l’une de ses nombreuses blessures arrivée sur la piste savoyade.

“Mais tout ce que j’ai connu, les obstacles, m’ont rendue plus forte. Je suis fière. Et partager ce podium avec Jasmine (Flury), c’est un moment auquel on rêve lorsque l’on est petite”, conclut dans un grand sourire qui la caractéristique Joana Hählen.

Johan Tachet