Sur le podium de Levi qu’elle connaît si bien, Mikaela Shiffrin lance un appel solennel à la foule pour trouver un nom au huitième renne qu’elle vient de recevoir des mains du Père Noël, coïncidant avec sa huitième victoire dans la station lapone. « Je ne pense jamais à un nom avant la course pour le karma », rigole-t-elle. Le nom de Roland a d’ailleurs été proposé par la rédaction de SkiActu.

Mais prénommer son nouveau cervidé est peut-être la chose la plus difficile que l’Américaine doit réaliser ce samedi, tant elle a semblé skier avec une facilité déconcertante, reléguant toute adversité à près d’une seconde. « C’était un peu stressant de lancer mon hiver en slalom », concède toutefois la championne qui avait manqué le coche à Sölden, en terminant 5e du géant d’ouverture. « Je n’étais pas dans les bonnes conditions mentalement », se rappelle-t-elle.

La patronne, c’est Mikaela

La skieuse de Vail voulait remettre les pendules à l’heure et avec la manière, dans le but de rappeler qu’elle est toujours la patronne du circuit féminin malgré une blessure à un genou qui l’a privé d’une grande partie du dernier hiver et peut-être du grand Globe de cristal, revenu Lara Gut-Behrami. « Tout a très bien été lors de ce slalom, même s’il y a toujours des choses à améliorer. Mais je ne peux pas me reposer sur mes lauriers », poursuit Mikaela Shiffrin. « J’ai pu observer les autres athlètes skier ces derniers jours. Et si j’entends gagner, ou même être sur le podium, je me dois d’être à 100%. Et c’est toujours ce à quoi je tends et ce n’est jamais facile. Au contraire. »

Ce succès, le 98e sur sa fiche de statistiques, va permettre à l’Américaine d’emmagasiner de « l’énergie positive » pour les prochaines semaines avec le slalom de Gurgl dans une semaine, avant de retrouver l’Amérique du Nord. Et à Killington, Mikaela Shiffrin aura peut-être l’occasion d’atteindre le mythique cap des 100 victoires, devant ses fans. Elle tente déjà de relativiser les attentes, de façon à s’enlever de la pression. « J’adore skier à Killington, mais avec toute cette foule, c’est toujours un peu stressant. Je me réjouis d’y concourir, mais je ne veux pas penser aux chiffres. »

Une pensée pour Petra Vlhová

Si les nombres n’encombrent pas ses réflexions, Mikaela Shiffrin a toutefois une petite pensée pour sa rivale Petra Vlhová, avec qui elle livrait ces dernières années de sacrées batailles sur la Levi Black et qui est toujours convalescente après sa blessure à Jasná l’hiver dernier. « Je pense beaucoup à elle, je ressens son absence », certifie la skieuse du Colorado. « Petra skie cette pente de Levi si merveilleusement, j’imagine ce qu’elle fait et j’essaie de le faire moi-même. »

Avec 14 rennes à elles deux, Mikaela Shiffrin et Petra Vlhová pourront ouvrir une ferme dans les contrées lapones une fois leur carrière terminée. Mais avant de penser à ranger les lattes, il y a toujours des records que l’Américaine entend s’accaparer, et certainement de nouveaux rennes à prénommer.

Johan Tachet/LMO, Levi