Une page se tourne pour Jovian Hediger. Le fondeur de Bex a disputé mercredi la dernière course olympique de sa carrière avec à la clé une belle 8e place lors du sprint par équipes disputé avec Jonas Baumann. Le Chablaisien garde de magnifiques souvenirs des trois participations olympiques entre Sotchi, PyeongChang et Pékin. Il reste encore une poignée de courses de Coupe du monde au Vaudois. Et il l’assure, il entend toujours être compétitif ces prochaines semaines. Interview.
Jovian Hediger, on imagine que les émotions sont grandes après l’ultime rendez-vous olympique de votre carrière?
Étonnamment, je les contrôle bien mieux qu’après le sprint individuel. Mais c’est sûr que c’est un grand moment, une belle baffe. Mais je suis content du job que l’on a fait pour cette dernière course. On a mis tout ce que l’on avait dans le ventre sur la piste. On va aller se mettre au chaud, se poser, faire remonter tout ça et boire une bonne bière.
Et vous terminez avec une belle performance en ramenant un diplôme olympique à la maison, ce qui était votre objectif avant ces Jeux.
Ça l’était davantage dans l’optique de l’individuel, où je visais le top 8. Nous avons été chercher ce que l’on pouvait. Tactiquement, on était juste, on a mis tout ce que l’on avait, on avait du bon matos. On n’avait pas non plus les faveurs de la cote. Nous avons dû disputer la finale seulement 20 minutes après notre demi-finale, les jambes étaient encore explosées. On a fait ce que l’on pouvait.
Nous vous avons sentis émoussés sur la fin de la finale.
C’est toujours comme cela. Les jambes étaient lourdes dès le début de la finale. En tout cas, Jonas (Baumann) a fait le job, le sprint n’est pas une discipline dont il a l’habitude. De mon côté, je suis parvenu à optimiser mon effort lors de la demi-finale avec mon expérience. En finale, j’ai tout tenté dans le dernier tour pour rattraper le retard. Mais je finis sur les dents.
Vous avez disputé trois Jeux olympiques, quel bilan tirez-vous?
Du point de vue des résultats, ce n’est pas ce que j’espérais, il faut dire les choses comme elles sont. Mais d’un point de vue global, je retiens les expériences. J’ai eu douze années de bonheur avec des hauts et de bas. Dans le fond, quand un jeune me demande comment est la vie d’athlète, j’ai envie de lui recommander, de lui dire que c’est le plus beau job du monde.
Pourtant les sacrifices sont énormes pour être compétitif à haut niveau en ski de fond…
Je n’aime pas ce terme de sacrifices, car je n’ai pas l’impression d’en avoir faits. Mais oui, il y a des sacrifices, on ne peut pas le dire autrement. Et le ski de fond est un sport qui fait mal. Si on n’est pas prêt à souffrir, on avance pas. J’ai tellement aimé ce que j’ai fait. Plus ça avançait, plus j’aimais le sport. C’est ma passion. J’ai été chanceux de vivre tout cela.
Il y a également de la fierté, j’imagine?
Oui, lorsque l’on court comme aujourd’hui pour le pays. Oui, quand je vois les gens chez moi, l’engouement que les Jeux créent, car ça sort de l’ordinaire. Mais c’est davantage de la reconnaissance que de la fierté. La vie d’athlète, on la vit pour soit, on vit des expériences pour soit, et au final c’est un privilège.
Votre carrière n’est pas totalement terminée puisqu’il vous reste encore la saison de Coupe du monde à terminer.
Il me reste de superbes courses. J’ai envie de me faire plaisir, j’ai envie de tenir mon rang jusqu’à la fin de saison. Je l’ai toujours dit, je ne suis pas là pour faire une tournée d’adieux, mais pour finir en beauté, tout en me permettant une petit mousse de temps en temps (rires).
Johan Tachet, Zhangjiakou