Voyage dans le temps pour revisiter le parcours d’une des plus grandes skieuses de tous les temps: Annemarie Moser-Pröll. Un nouvel entraîneur quitte l’équipe autrichienne, tandis qu’un autre dresse les plans pour son mandat. Et l’hymne national autrichien prend un nouvel air lors de la remise des globes en combiné nordique. C’est à découvrir dans ce nouveau numéro de Servus Österreich.  

Quarante-trois ans après sa retraite, Annemarie Moser-Pröll est toujours la détentrice de plusieurs records en ski alpin féminin. Lundi, elle a fêté ses 70 ans. L’occasion de revenir sur une carrière légendaire.

En janvier 1968, la skieuse de Kleinarl, âgée de 14 ans, prend le départ en Coupe du Monde pour la première fois à Bad Gastein et termine dernière. Douze ans plus tard, elle se retire definitivement du Cirque blanc après avoir remporté 62 victoires. Ce record tient chez les dames jusqu’en 2015 lorsque Lindsey Vonn le surpasse enfin. Mikaela Shiffrin est la seule autre skieuse à faire mieux. Mais personne n’a encore réussi six globes du général (dont cinq d’affilée) chez les dames comme l’Autrichienne, ni 11 victoires consécutives dans une seule discipline — un exploit que la skieuse d’exception réalise en remportant les huit descentes en 1972-1973, ainsi que les trois premières courses de la saison suivante.

Des débuts modestes

Loin des structures qui existent aujourd’hui, Annemarie Pröll (elle devient Annemarie Moser-Pröll à son mariage) a d’abord chaussé les skis pour aller à l’école: aucune route ne menait jusqu’à la ferme de ses parents à flanc de montagne dans les alpes salzbourgeoises. Ses premiers entraîneurs étaient deux frères qui étaient maçons et profs de ski, et c’est le pasteur du village, qui avait une voiture, qui l’a amenée à ses premières compétitions.

Des débuts modestes mais où brillait déjà la future étoile. À 15 ans, Annemarie Pröll fête son premier podium en Coupe du monde. Un an plus tard, sa première victoire. Elle remporte des épreuves dans toutes les disciplines, de la descente au slalom en passant par le géant et le combiné (le super-G n’est ajouté au programme qu’en 1982-1983). De 1971 à 1975, elle domine le classement général et gagne cinq médailles en Championnats du monde, dont deux en or. Puis elle annonce sa retraite: nouvellement mariée, elle souffre aussi de burnout et de la pression des attentes sur ses jeunes épaules, dit-elle aujourd’hui dans un entretien avec la Kleine Zeitung.

Une retraite de courte durée

Mais un an plus tard, elle annonce son comeback, redevient championne du monde et remporte enfin le seul trophée qui lui manquait: une médaille d’or olympique à Lake Placid en 1980. Elle range alors ses skis de compétition pour de bon.

Quatre décennies plus tard, Annemarie Moser-Pröll reste une des plus grandes figures du sport en Autriche et une légende de l’histoire du ski. Toujours copine avec une de ses grandes rivales de l’époque, la Suissesse Marie-Theres Nadig, elle continue de faire du ski et s’adonne au tennis et aux courses à la montagne à Kleinarl où elle vit toujours. Pince-sans-rire, elle note dans un mini-documentaire de l’ORF à l’occasion de ses 70 ans: “J’ai bien skié, et c’est pour ça que les gens me connaissent encore aujourd’hui”. C’est le moins qu’on puisse dire. Joyeux anniversaire Annemarie!

La descente olympique de Lake Placid (USA) en 1980. (Capture d’écran/ORF)

En vrac….

  • Nouveau départ. Harald Rodlauer est le dernier entraîneur autrichien à tirer sa révérence. Responsable de l’équipe de saut à ski féminin depuis 2018, il a annoncé sa décision à Lahti (FIN) le weekend dernier après une nouvelle saison réussie. Le globe de cristal d’Eva Pinkelnig est le deuxième en deux ans pour l’Autriche, après Sara Marita Kramer en 2021-2022. Sous la direction du Styrien, les dames ont gagné une demi-douzaine de médailles, y compris l’or en équipe aux Mondiaux de 2021, et fini en tête du classement des nations trois fois. “C’était une nouvelle saison extraordinaire! Mais j’en suis arrivé à un point où je dois dire: pour moi, c’est fini. J’ai eu le privilège de vivre d’énormes succès et des moments incroyables avec ces athlètes et nous avons beaucoup réussi ensemble”, a dit Harald Rodlauer dans un communiqué. Un successeur n’a pas encore été annoncé.
  • Les priorités d’Assinger. Le nouvel entraîneur des skieuses autrichiennes est déjà en plein dans le bain. Annoncé il y a tout juste une semaine, Roland Assinger doit prendre ses fonctions le 1er avril, mais il était déjà présent sur le terrain aux Championnats d’Autriche le weekend dernier pour prendre la température. Son objectif premier: créer la structure avec laquelle il voudra travailler, y compris la distribution du personnel et des athlètes. “La saison n’était pas entièrement mauvaise, il y a eu des médailles et des victoires. Mais il faut faire un redémarrage du côté des techniciennes, attaquer de nouveau à fond. Je vais établir certaines priorités,” a-t-il confié à la Kronen Zeitung.
  • Land der… Belgier? Johannes Lamparter a enfin mis ses mains sur son globe de cristal tant attendu en combiné nordique le weekend dernier, mais sa joie a été mêlée de confusion lorsque l’hymne national autrichien devait jouer. Dès les premières notes, il était clair que ce n’était pas la mélodie de “Land der Berge” mais l’hymne de la Belgique, “La Brabançonne”, ce qui n’a pas empêché les responsables de jouer le morceau pendant une bonne minute avant de s’excuser d’un “problème technique”. Johannes Lamparter l’a pris avec bonne humeur et a finalement eu droit au bon hymne. Le skieur de 21 ans a signé la meilleure saison de sa carrière avec sept victoires et 12 podiums. “C’est un rêve d’enfant qui se réalise”, a-t-il confié. “Pour moi, gagner le globe de cristal, ça vaut plus qu’être champion du monde ou champion olympique: il faut être le meilleur tout au long de la saison, avoir de la constance… Et cette fois, j’ai réussi”, a noté le multiple médaillé et ancien champion du monde.
  • Future championne? Le slalomeur Michael Matt a eu une assez piètre saison, prenant même le départ en Coupe d’Europe pour la première fois en six ans. Mais une nouvelle tâche l’attend: changer les couches! Le médaillé olympique a annoncé la naissance de la petite Emily avec son amie Rebekka en début de semaine. Félicitations!

Sim Sim Wissgott, Vienne