C’est en philosophe que Franz Julen a décroché le téléphone ce dimanche. Alors qu’il a appris samedi que le Speed Opening ne serait pas reconduit la saison prochaine entre Zermatt et Cervinia, le patron des épreuves regrette cette décision, sans toutefois s’en montrer réellement “déçu”. L’ancien serviceman, journaliste, agent et surtout directeur d’entreprise reste d’ailleurs ouvert pour d’autres propositions à l’avenir. Interview.
Franz Julen, quelle est votre réaction après l’annonce de la non-reconduction des courses à Zermatt/Cervinia?
C’est vraiment dommage parce qu’on aurait été prêts. On a des contrats de sponsorings qui continuent de courir, un contrat avec les télévision et l’argent public est garanti. On a même trouvé une assurance il y a quelques jours qui était d’accord de nous suivre. Zermatt et Cervinia auraient prêts le risque de la première annulation, l’assurance aurait couvert les autres. Et même avec cette assurance qui coûtait beaucoup plus cher, on aurait été à l’équilibre financier.
Comment avez-vous appris la nouvelle?
On a discuté hier avec les trois fédérations (FIS, Swiss-Ski et FISI). Elles ont pris la décision ensemble. On voulait l’annoncer durant la semaine, mais tout s’est précipité.
Vous attendiez-vous à une telle décision?
Je ne suis pas surpris. J’ai entendu parlé de cette séance des athlètes à Kvitfjell. Là-bas, la plupart des athlètes étrangers étaient contre nos courses, même les Italiens! Les Suisses sont restés neutres mais ils n’ont pas défendu ces descentes. Pourtant, je reste convaincu que ces courses ont une grande valeur pour le ski, le tourisme et pour les sports d’hiver. Toujours est-il qu’on fait les événements pour les athlètes. S’ils n’en veulent pas, il faut les respecter et accepter. En fait, c’est comme un produit en magasin. Si les gens ne l’achètent pas, il faut le sortir de l’assortiment.
Êtes-vous déçu?
Je suis calme. C’est dommage, mais je ne suis pas déçu. On a tout essayé. Beaucoup de gens ont dit que ces courses n’étaient que pour la publicité. Alors oui, les retombées publicitaires ont été énormes, même malgré les annulations mais personnellement, j’ai fait ça pour le sport. On a tout donné, les athlètes ne veulent pas, il faut accepter.
Il a malgré tout fallu construire de nouvelle pistes. Avez-vous perdu de l’argent?
Non, car malgré les annulations, notre assurance a couvert nos dépenses. De plus, les retombées économiques via la publicité pour nos stations ont été énormes.
Pensez-vous que l’épisode des irrégularités sur la construction de la piste de la Gran Becca a joué un rôle dans la décision actuelle?
Non, ça n’a rien changé. Ça n’a absolument rien à voir. Là, ce sont les athlètes qui ont fait leur choix.
C’est donc la fin des courses de ski à Zermatt? Comment voyez-vous le futur?
On reste ouvert et s’il y a d’autres propositions, on va les analyser, les étudier. Je suis convaincu que Zermatt a le grand avantage de l’altitude. Le changement climatique est en fait un avantage pour nous. Un jour, le ski va avoir besoin de Zermatt. Pour l’heure, on va de toute façon continuer à accueillir des entraînements, comme c’est le cas depuis longtemps.
Peut-on imaginer d’autres courses de Coupe du monde rapidement au pied du Cervin?
La FIS m’a dit qu’elle aimerait faire organiser chez nous les finales de vitesse au mois de mars. Mais c’est impossible de construire toute l’infrastructure à 3200 mètres alors qu’il y a deux mètres de neige! En plus, tant à Zermatt qu’à Cervinia, on est pleins, il n’y a pas de lits disponibles. Et puis les remontées mécaniques doivent préparer l’ensemble du domaine skiables. Sans compter que les sponsors n’ont pas le même intérêt pour des épreuves à cette saison, cela est impossible à financer.
Laurent Morel