Cela faisait 22 ans que tout l’Oberland bernois attendait un successeur à Bruno Kernen et à Michael von Grünigen, derniers athlètes du coin à s’être imposés en Coupe du monde. L’attente a pris fin ce vendredi avec le succès de Franjo von Allmen, qui a de plus choisi de s’offrir son premier succès sur le Cirque blanc à la maison, à Wengen. « C’est totalement fou, je n’arrive pas encore à croire à ce que je viens de réaliser », rigole le héros du jour. « Gagner, ici, à Wengen, pour un skieur suisse, c’est la plus chose e qui puisse arriver. »
Avec son dossard 3, l’athlète de Boltingen a réalisé le super-G parfait. « Franchement, je ne m’y attendais pas du tout », poursuit le jeune skieur de 23 ans. « Je me suis vraiment concentré sur le fait de skier solidement, de prendre du plaisir à skier. » Le talentueux bernois confirme tous les espoirs placés en lui.
« Franjo est le plus Welsch des Alémaniques »
Pour ses coéquipiers, ce n’est pas une surprise de retrouver le triple médaillé des Championnats du monde juniors de Panorama en 2022. « Franjo est très, très fort. S’il ne commet pas d’erreur, il a le potentiel pour remporter toutes les courses », admire le patron Marco Odermatt, seulement 7e, mais qui reconnaît que cela fait du bien de pouvoir sur des compatriotes performants. « C’est bien de ne pas être toujours dans la lumière. »
Arnaud Boisset, était, lui, tout aussi heureux de retrouver la compétition, que de la victoire de l’un de ses meilleurs potes sur le circuit. « Ça me remplit de joie », lance le Martignerain pour qui Franjo von Allmen est « le plus Welsch des Alémaniques ». « C’est une force tranquille qui est toujours de bonne humeur. » Stefan Rogentin, 3e de l’épreuve du jour, partageait l’avis du Valaisan comparant même Franjo à un chien, « car il est toujours heureux », se marre le Grison.
Stefan Rogentin, trois jours après une chute monstrueuse
Les deux hommes n’ont d’ailleurs pas manqué de s’arroser de champagne sur le podium. Sur l’estrade, ce n’était pas une surprise de retrouver Franjo von Allmen, mais davantage Stefan Rogentin, qui s’est présenté en zone mixte avec un visage encore tuméfié après son énorme chute lors du premier entraînement de la descente mardi. « Je suis heureux d’avoir été en mesure de prendre le départ. J’avais encore mal à la tête ce matin, mais avec l’adrénaline, j’ai pu skier à 100% », assure le skieur de Lenzerheide qui monte sur le troisième podium de sa carrière, le second à Wengen. « Je ne sais pas pourquoi cette piste me convient. J’ai toujours obtenu de bons résultats, même en Coupe d’Europe. Je suis content d’avoir cette course au calendrier. »
Le secret suisse? Une superbe ambiance d’équipe
Stefan Rogentin et Franjo von Allmen perpétuent la domination du ski suisse en vitesse cette saison. En sept épreuves, les athlètes helvétiques en ont remporté 5 pour 11 podiums. « Il y a une belle concurrence dans notre équipe », souligne Stefan Rogentin qui avoue que les Suisses bénéficient de conditions d’entraînement idéales. « Depuis tout petit, nous profitons d’excellentes infrastructures. Cela permet d’avoir énormément de qualité. » Arnaud Boisset se sent pour sa part « chanceux » de faire partie de cette équipe performante. « Nous avons les meilleurs athlètes du monde et ainsi tout le monde de progresser. Tout le monde tire à la même corde. » Le Valaisan est suivi dans son raisonnement par Marco Odermatt. « Si tu es rapide à l’entraînement dans une équipe comme la nôtre, tu sais que tu le seras aussi en course. C’est cool que cela se passe ainsi. »
Tous les athlètes suisses s’accordent sur un élément qui favorise la performance et l’émulation: la superbe ambiance de groupe. Cette semaine encore, ils se sont tous réunis à leur initiative pour se faire un souper. Jeudi, ils ont profité de l’annulation du troisième et dernier entraînement de la descente pour aller jouer au curling. « On s’entend tous très bien », reprend Alexis Monney. « Avant le super-G du jour, Justin (Murisier) a mis de la musique pour l’équipe. On passe des bons moments, on rigole et on s’entraide sur la piste que ce soit à la reconnaissance ou lors des analyses vidéos. » La recette des succès est simple pour les Suisses, le ski est un sport individuel qui se dispute en équipe. Et samedi, pour la descente du Lauberhorn, ils seront bien évidemment attendus par tout un peuple au sommet du tableau.
Johan Tachet, Wengen