C’est une Fanny Smith extrêmement remontée qui a quitté la raquette d’arrivée de Val Thorens (FRA) ce samedi. Il faut dire que la Villardoue (10e au final) a été sortie dès les quarts de finale pour la première fois depuis le mois de février 2019 à Feldberg (GER). Disputée dans une véritable purée de pois et une neige fraîche tombée en conséquence ces dernières heures sur la Savoie, la course a été faussée par des conditions météo très compliquées, certaines skieuses ainsi que certains skieurs préférant ne pas s’engager à fond, afin de limiter les risques de chute et de blessure.
“Je pense que pour la sécurité des skieurs, il fallait mieux annuler, reconnaissait d’ailleurs Ralph Pfäffli, entraîneur en chef de l’équipe de Suisse. La visibilité était très limitée et surtout, la piste est cassée et molle. Les organisateurs ont fait du mieux qu’ils pouvaient mais c’est la FIS qui doit aussi savoir dire stop avant de subir un grave accident. Parfois, on ne peut pas gagner contre la météo et Fanny a peut-être fait un choix intelligent. Elle a d’autres objectifs cet hiver.” La Vaudoise s’est confiée dans la foulée de son élimination. Interview.
Fanny Smith, compte-tenu des conditions météorologiques dangereuses, c’est presque une bonne nouvelle d’être sortie dès les quarts de finale?
C’est vraiment n’importe quoi. Je ne comprends pas pourquoi ils font cette course aujourd’hui. Déjà, on n’a pas de place pour freiner à l’arrivée, en plus on ne voit rien. Franchement, c’est complètement ridicule de continuer une telle épreuve.
Vous le dites, sur la piste, la visibilité est donc quasiment nulle?
Elle est nulle et en plus, on s’élance par séries de quatre. Je crois que les gens ne se rendent pas compte des risques qu’on prend. On doit se relever à la dernière bosse pour pouvoir freiner avant la ligne d’arrivée, c’est scandaleux. Pour moi, l’objectif est en février (ndlr: les Jeux olympiques). Aujourd’hui, je voulais juste rester en bonne santé.
C’est la bonne nouvelle. Vous terminez la journée sans blessure, c’est le principal.
Complètement. En plus, on voit que des filles décident de juste prendre le départ et de s’arrêter directement. Cela montre à quel point c’est ridicule. En haut, ce n’était pas l’unanimité entre les filles mais la plupart ne voulait pas prendre le départ. Ils ont quand même décider d’envoyer. Je ne comprends pas.
C’est donc une course à oublier pour vous. Il y en a une autre demain et ensuite vous allez enchaîner avec Arosa. C’est une programme attrayant?
Oui, s’il fait beau, qu’il y a du soleil et qu’on peut s’arrêter en fin de course, pourquoi pas. Mais arriver à quatre dans une raquette pareille, ce n’est pas possible. Mais je pense aux bonnes choses, je me réjouis de la course à la maison. Il fera grand beau et ensuite on aura Innichen, que j’adore.
Avec Sandra Näslund qui s’impose, c’est votre principale rivale à la Coupe du monde qui prend déjà le large. Regrettez-vous de perdre de gros points aujourd’hui?
Très honnêtement, après une journée comme ça, je suis juste contente de ne pas avoir pris des risques inutiles. Je n’ai pas été à la bataille avec Sandra (elle était dans le même quart de finale), même si je revenais sur elle à un moment donné. Il faut skier avec la tête et c’est ce que j’ai fait.
Vos entraîneurs vous ont-ils donné des consignes?
Ils ne voulaient pas non plus que la course ait lieu. Mais après, ils nous ont donné les consignes habituelles.
N’y avait-il pas un moyen de convaincre la FIS d’arrêter?
Apparemment, ça ne fonctionne pas, ils n’écoutent pas et s’en fichent un petit peu de notre feedback. C’est un peu dommage. Je suis un peu énervée, sous le coup de l’émotion.
Laurent Morel, Val Thorens