“Je fais de la sorcellerie avec un pinceau.” Placé au sommet de la tribune de presse du terrain de beach-volley, qui sied au pied de la Tour Eiffel, Peter Spens fait face à son chevalet. Il aime se comparer à Harry Potter. Comme l’illustre personnage littéraire, l’Anglais est une sorte de magicien dans son domaine. S’il n’enfourche pas de balais, ce sont ses pinceaux qu’il empoigne.
Chapeau panama vissé sur le crâne, le Londonien de 47 ans passe ainsi ses journées à poser des regards intempestifs sur ce qu’il se passe 20 mètres plus bas sur le sable et autour du stade, avant de tremper son pinceau sur les palettes de couleurs et le laisser glisser sur sa toile. L’homme peint des paysages et l’architecture des grandes villes depuis ses 16 ans. Dans la capitale anglaise d’abord, puis autour du Globe. “Mais j’ai une énorme passion pour le sport et j’adore le peindre”, clame-t-il dans un français parfait, qu’il avait appris plus jeune à l’Université de Marseille.
Sur le toit de Horse Guards Parade lors des Jeux de Londres
À Paris, Peter Spens vit ses troisièmes Jeux. Ses premières toiles olympiques datent de Londres, naturellement, où il est alors mandaté par la Fédération internationale de volley-ball. Il avait alors pris place sur le toit de Horse Guards Parade dans la Cité de Wesminster, lieu emblématique de la capitale anglaise qui avait déjà donné lieu à des images sublimes du tournoi de beach-volley. Quatre plus tard, il l’immortalise, dans son berceau, sur la plage de Copacabana à Rio, dans une finesse qui lui est propre, agrémentant ses tableaux de tous les petits détails qui sautent à ses yeux.
Sur ton tableau parisien, les spectateurs, tous les recoins du stade, la verdure ou encore la place du Trocadéro en second plan de la Tour Eiffel y trouvent leur place dans ce fabuleux écrin. “Tout est basé sur l’observation”, poursuit celui qui est influencé par des artistes comme William Turner, John Constable, Camille Pissarro et, bien évidemment, Claude Monet. “J’ai aujourd’hui la chance de peindre dans le berceau de l’impressionnisme”, savoure-t-il.
Dans ses oeuvres (JT/SkiActu)
“Je rêve de peindre les Jeux d’hiver”
Dans un coin de la tête, il rêve d’aller à Milan et Cortina d’Ampezzo dans une année et demie. “Je rêve de peindre les Jeux d’hiver. Je n’ai jamais eu cette chance.” Il est pourtant un féru de paysages montagneux qu’il a si souvent immortaliser, notamment en Suisse. “J’avais séjourné à Wengen pour peindre la Jungfrau. Le paysage était grandiose et le personnel de la gare avait été adorable avec moi, m’autorisant à y stocker mon matériel.”
En attendant peut-être de capturer les pistes de Cortina d’Ampezzo, au coeur des majestueuses Dolomites où dévaleront les skieuses en 2026, Peter Spens poursuit à Paris son objectif de “reproduire l’énergie de la foule”, mais surtout “de finir à temps le tableau”, se marre-t-il. Car réaliser un tel travail prend du temps, il ne suffit pas de quelques coups de pinceaux. “J’espère terminer ma toile le 10 au soir”, sourit le Britannique qui n’a ainsi pas vraiment le temps de se rendre sur d’autres épreuves et encore moins de les reproduire. “Je vais peut-être juste aller voir le marathon. Mais je suis bien ici au beach, car je peux également profiter de ce sport.” Ici, la magie est sur le terrain, dans le stade et sur la toile de Peter Spens.
Johan Tachet, Paris
La Galerie de Peter Spens: ici