« De toute façon, ma saison a déjà été parfaite. » Difficile de contredire Sarah Höfflin en ce mois de mai ensoleillé à Oslo. Médaillée d’or aux Jeux de PyeongChang, l’athlète de 27 ans est entrée dans une nouvelle dimension cet hiver et a pris une place importante dans le coeur du public suisse. Tout en cherchant à conserver sa personnalité.
«C’est marrant qu’on parle de ça. Je suis sortie dernièrement avec des potes et je ne dis quasiment jamais à personne que je suis championne olympique, raconte-t-elle en toute simplicité. Et tous mes amis me disaient: hey, Sarah, il faut le dire plus souvent. Du coup, ils ont parlé de ma médaille aux gens qui ont immédiatement réagi différemment. J’ai fini par leur dire que mes amis mentaient.» Pas question pour la skieuse de se mettre en avant. «Je n’ai jamais voulu que ça change quelque chose à ma vie donc j’essaie de rester le plus normale possible. Je ne veux pas que ça me monte à la tête et je crois que du coup, c’est plutôt l’inverse qui se passe, je n’en parle pas.»
Pour elle, pour que son titre olympique lui fasse prendre le melon, il faudrait qu’elle le considère comme un aboutissement. «Si c’était le cas, ça me démotiverait, je crois, imagine-t-elle. Je me dis qu’il y a encore plein de belles choses à faire. Je ne m’attendais pas trop à cette médaille d’or et je sais qu’il me reste beaucoup à accomplir. Mon ski n’est pas encore tout à fait où je veux qu’il soit. J’ai encore envie d’apprendre.» Le résultat n’est ainsi pas vraiment une fin en soit. «Quand j’ai commencé, je voulais réussir certaines figures puis petit à petit, j’ai eu envie de faire encore mieux donc il n’y pas réellement d’aboutissement, si ce n’est quand t’arrêtes de te faire plaisir.» L’or de la rideuse de la Cité de Calvin l’a tout de même fait entrer dans une nouvelle dimension. «C’est clair que je suis beaucoup plus sollicitée qu’auparavant, explique-t-elle calmement. Je n’ai pas eu énormément de temps pour moi. Mais il faut jouer le jeu.»
De la neige par plus de 20 degrés
En attendant, Sarah Höfflin dispute ce samedi les X Games en Norvège pour leur troisième édition dans le pays scandinave. Pour la 2e fois, la Grand Messe des sports extrêmes regroupe activités estivales (skateboard) et hivernales (ski et snowboard) dans la même ville d’Oslo. La Genevoise s’élancera sur le Big Air de Fornebu malgré les températures de plus de 20 degrés qui ont égaillé les derniers jours dans la capitale norvégienne.
Reste à savoir si le public répondra présent alors qu’il était surtout occupé à fêter jeudi le Jour de la Constitution (la plus grande fête annuelle au pays) et à se prélasser au soleil jusqu’à ce qu’il se couche peu avant 22h. «C’est cool, ça change un petit peu et c’est original, se réjouit la championne olympique, qui ne prendra aucun risque sur l’immense tremplin norvégien. Comme beaucoup de monde, je n’ai pas pu beaucoup skier ces derniers temps (ndlr: depuis un mois), et il faut se réhabituer gentiment. Je ne vais tenter mes figures que si je suis prête. Ça ne vaut pas la peine de se blesser après une si belle saison, même si j’espère repartir d’ici avec une médaille.»
Giulia Tanno de retour
La résidente de Chamonix sera logiquement l’une des grandes favorites à Oslo, comme elle le sera encore au Air&Style de Sydney auquel elle prendra part en août. Déjà médaillée d’or en Big Air pour ses premiers X Games à Aspen en janvier, elle pourrait récidiver. Principales adversaires: sa compatriote Giulia Tanno, de retour après sa blessure au bras juste avant les Jeux olympiques et la Norvégienne Johanne Killi qui cherchera à briller à domicile.
Côté masculin, les espoirs helvétiques reposeront sur les épaules de Fabian Bösch, qui compte déjà deux médailles dans la compétition et Kai Mahler (4 médailles, mais jamais l’or). Le plateau sera toutefois très relevé avec la présence de la plupart des meilleurs riders mondiaux, si l’on excepte celle du Grison Andri Ragettli. A noter également que quasiment l’ensemble des meilleurs snowboardeurs du moment ont également fait le déplacement.
Laurent Morel, Oslo