On a beau chercher avoir cherché son nom parmi les différents cadres de Swiss Ski (équipe nationale, A, B ou C), Candide Pralong n’en fait pas, ou plus partie. L’hiver dernier, le Valaisan a pourtant remporté la World Loppet Cup, dont il avait déjà pris le 3e rang un an plus tôt. Il s’agit d’un classement regroupant des épreuves organisée par la FIS, sorte de Coupe du monde, mais pour les longues distances.

Sauf que Swiss Ski ne prend pas en compte ces courses marathon dans ses critères de sélection. C’est donc sous les couleurs du Jobstation Rossignol Team que court désormais l’athlète de 27 ans et non avec la combinaison noire habituelle de l’équipe de Suisse. Il est salarié par cette structure privée, dont font également partie Toni Livers, membre en parallèle de l’équipe nationale chez Swiss Ski, Seraina Boner et des Français.

Entraînement différent

“C’est assez compliqué, reconnaît le fondeur du Val Ferret lorsqu’il s’agit d’évoquer sa situation. J’ai eu des problèmes de dos qui m’ont fait m’éloigner de la fédération il y a 5 ans environ.” Sans résultat pendant 2 ans, il a logiquement été exclu des cadres nationaux. “J’avais besoin d’un encadrement, explique le natif de Martigny. Je suis alors entré dans un team de longues distances, qui me conviennent mieux. Avec mon team, on fait peut-être plus d’heures d’entraînement, mais moins intensif pour pouvoir tenir 50 km.”

Il n’a toutefois pas délaissé totalement les moyennes distances, qui constituent la plupart des épreuves de Coupe du monde. Et cet hiver, grâce à ses bons résultats obtenus sur les courses FIS d’Ulrichen, Candide Pralong a obtenu sa sélection pour les épreuves de Davos. Et il a brillé. Dans la station grisonne, le fondeur d’Orsières a obtenu la 18e place du 15 km libre (son meilleur résultat en carrière en Coupe du monde), après avoir longtemps lutté pour une place parmi les 15 meilleurs. Ce résultat lui offre un demi-ticket olympique.

Et si, souffrant de problèmes récurrents au dos, il n’a pas pu confirmer lors des épreuves de Toblach (ITA), avec une 63e et une 48e place, l’athlète a l’occasion de le faire sur le Tour de Ski. Il disputera la compétition à étapes pour la première fois de sa carrière. “Je pense avoir mes chances, assure le Valaisan. Il y a un peu moins de monde au départ qu’à Davos par exemple. Ca me donne plus de possibilité de faire des bons résultats.” Il compte aussi sur son expérience. “Je pense que sur la durée, j’arrive bien à tenir le coup, assure-t-il. Même en sprint, normalement ça va pas si mal.”

 

“L’idée, c’est évidemment de se qualifier pour les Jeux, ça reste un rêve de gamin”

Candide Pralong

membre du Jobstation Rossignol Team, 18e à Davos

Il aura besoin d’une place dans les 25 premiers de l’une des différentes étapes pour assurer son billet pour PyeongChang. “La forme est bonne, se réjouit cet amateur de course à pieds. L’idée, c’est évidemment de se qualifier pour les Jeux. Ça reste un rêve de gamin.” Pour ça, il devra briller sur des distances plus courtes que celles sur lesquelles il est le plus à l’aise. “Je n’ai toutefois pas modifié ma préparation pour cela”, concède-t-il.

A long terme, Candide Pralong n’exclut pas de réintégrer les cadres de Swiss Ski. En attendant, il compte bien porter la même combinaison que ses compatriotes lors des Jeux olympiques en février. Spécialiste des longues distances, il aurait notamment un rôle à jouer lors du 50 km. “Ce serait l’objectif, avoue l’étudiant en sports. Participer au relais? Pourquoi pas, ça serait énorme. Mais on est beaucoup pour peu de places et je vais garder les pieds sur terre pour le moment.”

 

“Les portes sont ouvertes pour lui. Il est sur les listes pour les Jeux comme n’importe quel membre des cadres nationaux, c’est clair.”

Hippolyt Kempf

chef du ski de fond chez Swiss Ski, à propos de Candide Pralong

Du côté de Swiss Ski, l’arrivée en force de Candide Pralong réjouit. “Nous sommes très contents pour lui, confirme Hippolyt Kempf. On espère qu’il va continuer sur ce rythme.” Le chef de la discipline assure que la fédération va lui laisser les mêmes chances que les autres athlètes: “Les portes sont ouvertes pour lui. Il est sur les listes pour les Jeux comme n’importe quel membre des cadres nationaux, c’est clair. Sur 50 km et le relais, c’est très ouvert et c’est difficile pour moi de donner plus d’informations pour le moment. S’il y a trop de fondeurs qualifiés? J’aime avoir ce genre de problème.”

Aucune animosité existe entre les parties donc. “On s’entend bien, je n’ai rien contre la fédération, explique le Valaisan. Beaucoup de gens pensent qu’on est en conflit mais ce n’est pas le cas.” D’ailleurs, Hippolyt Kempf assure que si les résultats suivent, Candide Pralong pourrait bien faire son retour dans les cadres nationaux dès l’hiver prochain.

Laurent Morel