Une ligne à peine différente de celle de ses adversaires a permis à Beat Feuz de tous les berner ce samedi en Bavière. Quelques dixièmes gagnés sur le bas de la course, combinés à un physique parfait et à un toucher de neige désormais légendaire ont ainsi fait la différence. Car le Bernois n’a certainement pas réussi la descente parfaite à Garmisch-Partenkirchen. D’ailleurs, sceptique, il le savait, peinant à laisser exploser sa joie avant le passage de la plupart de concurrents. Peut-être que le souvenir d’une médaille manquée de peu après une sortie de piste lors du slalom du combiné ici-même lors des Mondiaux en 2011 le poursuit encore.

Légèrement en retrait sur le haut du parcours ce samedi, “Feuzi” a montré que les détails auxquels il s’accroche peuvent faire la différence. “J’ai repéré cette trajectoire lors des entraînements et de la reconnaissance, a expliqué le nouveau porteur du dossard rouge de leader de la spécialité. le plan a fonctionné à merveille.” Il a également rappelé que lors des dernières courses, c’est plutôt sur le haut du tracé qu’il avait fait la différence. “La luminosité n’était pas idéale et la piste tapait beaucoup, c’était compliqué de garder la bonne ligne, a également souligné Mauro Caviezel (17e). C’est d’autant plus incroyable de voir ce qu’a réussi Beat. C’est vraiment une bonne nouvelle pour toute l’équipe et pour la Suisse. Il nous tire vers l’avant.”

Bon pour la confiance

“Il montre encore une fois qu’il est au meilleur de sa forme”, a confirmé Marc Gisin (40e). Cet hiver, Beat Feuz compte désormais 3 victoires en descente après Lake Louise et Wengen. Surtout, ce nouveau succès fait de lui le grand favori pour la descente olympique. “Le plus important pour moi est de savoir que je skie bien, porter le dossard rouge en Coupe du monde ne sert à rien lors de de la descente des Jeux qui a ses particularités, rappelle l’Emmentalois. Les compteurs seront remis à zéro. Cependant, c’est bien d’avoir emmagasiné de la confiance.”

Quant à la pression, “Kugelblitz” semble y être imperméable. “En Corée, ça ne va pas lui poser de problème, assure Marc Gisin. Il n’aurait pas gagné à Wengen et fait 2e à Kitzbühel s’il se laissait atteindre par cette pression qui est toujours là pour lui.” Il est vrai que Beat Feuz semble imperturbable. Présent lors des grand rendez-vous, le natif de Schangnau est la sympathie incarnée. Toujours poli et souriant, il sait garder le les pieds sur terre.

Des hauts et des bas

Ses nombreuses blessures aux genoux subies tout au long de sa carrière semblent avoir renforcé son moral, désormais à toute épreuve. Il avait su répondre présent en février dernier à Saint-Moritz et il y a fort à parier que cela pourra être le cas à nouveau dans deux semaines, malgré une trajectoire qui a toujours été compliquée. Outre ses blessures, il avait eu à se remettre de la perte du grand Globe de cristal lors de l’hiver 2011-2012. Alors que celui-ci lui semblait promis, Marcel Hirscher avait profité des circonstances favorables lors des finales de Schladming pour s’offrir avec 25 points d’avance son premier succès dans un classement général de la Coupe du monde qu’il domine depuis.

Désormais, le sympathique Bernois semble s’accommoder de son statut de superstar qu’il gère en restant modeste. Un titre olympique dans 15 jours pourrait encore le faire entrer dans une nouvelle dimension. Le rôle de sa compagne Katrin Triendl n’en sera que renforcé. L’Autrichienne officie désormais comme son attachée de presse. Ancienne skieuse reconvertie en physiothérapeute, elle apporte à son homme l’équilibre dont il a besoin pour s’épanouir.

Laurent Morel, Garmisch-Partenkirchen