Week-end après week-end, course après course, Arnaud Boisset confirme toujours plus qu’il appartient désormais bien à la caste des meilleurs spécialistes de vitesse de la planète. C’est avec une 8e place en super-G, pour un troisième top 10 sur ses trois derniers week-ends de course, qu’Arnaud Boisset est rentré de Kvitfjell. “Pourtant, j’avais des craintes de ne pas réussir là-bas. J’y avais déjà skié par le passé et cela ne m’avait pas convenu”, se remémore le Martignerain qui a réalisé une nouvelle prestation de choix dimanche sur l’Olympiabakken.

Toutefois, sur la piste norvégienne, il ne s’est pas senti forcément à l’aise et a commis une grosse faute à mi-parcours. “Ce super-G était déjà raccourci et on savait que cela allait être serré. À partir de mon erreur, je me suis dit que c’était fini, que je devais arriver en bas sans me blesser.” Quelle n’est pas la surprise du skieur valaisan au moment de franchir la ligne, de voir son nom s’afficher à côté du 6e rang provisoire, alors qu’il pensait terminer dans les fonds du tableau. “C’est dur à analyser. Cela faisait partie de mon ski. J’avais de la vitesse, mais moins de direction.”

“J’ai l’impression d’être à ma place, sans la voler”

Au final, Arnaud Boisset savoure cette 8e place, sans regretter de terminer à 15 petits centièmes d’un premier podium en Coupe du monde. “Ce serait osé de dire que je suis déçu. Je trouve plutôt que c’est encourageant d’être si près du podium en n’ayant pas réalisé la course parfaite.” Une performance qui le place au 13e rang du classement de la spécialité en super-G avant les finales de Saalbach. Un exploit compte tenu que le Valaisan a effectué son baptême en Coupe du monde il y a deux mois uniquement. “Je ne me rends pas compte, tout a été tellement vite”, sourit-il. “C’est beau, je suis en concurrence avec des pointures, je me retrouve devant des skieurs comme Loïc (Meillard) et Justin (Murisier). Je fais un nouveau top 10, mais j’ai l’impression d’être à ma place, sans la voler.”

Arnaud Boisset vole sur la piste, mais pas sa place au sein des meilleurs spécialistes mondiaux de super-G. (Jonas Ericsson/Zoom)

Aussi ambitieux que talentueux, Arnaud Boisset aurait également souhaité se qualifier pour les finales en descente. Malheureusement, 17 points le sépare du top 25 et de son pote de chambre finlandais Elian Letho qui occupe le dernier spot qualificatif pour l’Autriche. “Je relativise car je n’ai pris le départ que de quatre des huit descentes au programme”, rappelle-t-il en faisant référence à plusieurs qualifications internes où il n’a pas passé le cut au sein d’une sélection suisse des plus fournies. “J’ai manqué la qualif à Val Gardena pour la descente courte alors que j’avais mes chances. Mais je n’étais pas le skieur que je suis aujourd’hui.” Il y a également eu cet airbag qui s’est ouvert intempestivement lors de la seconde descente de Wengen alors qu’il avait le top 20 sous les spatules. “Mais je relativise, car heureusement la descente n’est pas ma seule discipline.”

Un mois pour déjà travailler en vue de la prochaine saison

Avant même la fin de saison et l’ultime course de l’hiver avec ce super-G de Saalbach, le Valaisan a pleinement rempli ses objectifs pour ses débuts sur le Cirque blanc. La saison prochaine, il intégrera les cadres A de Swiss-Ski et pourrait même s’installer dans les cadres nationaux. De quoi envisager l’avenir sur les skis sereinement et déjà préparer le prochain hiver. Il entend ainsi profiter de ce mois sans course de Coupe du monde pour travailler sur son matériel. “C’est un luxe que j’ai de pouvoir faire des tests de matériel aussi rapidement dans des conditions hivernales. L’objectif est de peaufiner les détails sur un ski de super-G qui fonctionne bien, mais surtout de trouver un réglage de base pour la descente qui peut fonctionner dans toutes les conditions.”

C’est entre Verbier, Anzère et Saint-Moritz qu’Arnaud Boisset va passer ces prochains jours sur les skis. Il n’est d’ailleurs pas acquis qu’il soit au départ des courses de Coupe d’Europe à Stoos ou dans le val de Bagnes, ces deux prochaines semaines. “Étant donné que j’ai rempli tous les critères, cela fait moyennement sens de faire de la Coupe d’Europe. Mais je dois quand même rester dans le rythme.”

Car il entend naturellement terminer la saison en beauté le 22 mars prochain en Autriche, sur la piste qui accueillera les Championnats du monde dans douze mois. “Je sais maintenant que je peux rivaliser avec les meilleurs et j’aimerais terminer dans le top 15.”

Johan Tachet