Le skieur de Martigny a dressé le bilan d’une première saison exceptionnelle sur le Cirque blanc. Il explique comment il a trouvé la constance sur les skis, la maturité qu’il a gagné en Coupe d’Europe et ses objectifs pour l’hiver prochain. Entretien bilan.
Arnaud Boisset est arrivé en Coupe du monde cette saison et n’a pas perdu une seconde. De ses premiers points à un premier top 15, un premier top 10 et enfin un premier podium aux finales, le « rookie » a bondi d’un exploit à l’autre. À la fin d’une saison exceptionnelle, le skieur de 25 ans explique comment ses longues années passées en Coupe d’Europe ont forgé son caractère, ce qu’il espère pour la saison prochaine et pourquoi il ne ressent pas encore trop de pression.
Arnaud Boisset, dans votre première saison de Coupe du monde, vous avez terminé 11e du classement du super-G et vous vous êtes qualifié pour les finales. Premières impressions?
C’est la folie. C’était clairement inimaginable au début de la saison. Ce n’était pas un objectif que je m’étais forcément fixé. J’avais avoué à demi-mot viser le top 30. De jouer le top 15, ce n’est que du bonus.
Vous avez livré des énormes performances cet hiver, notamment à Kitzbühel, Garmisch-Partenkirchen et Kvitfjell, terminant trois fois dans le top 10 avant de monter sur la boîte à Saalbach. Comment avez-vous géré une telle saison?
Ça a commencé sur les chapeaux de roues, mais j’ai réussi à rester constant et à profiter de ce flow. Et je pense qu’au fil de l’année, je suis devenu toujours plus serein dans mon ski. Mais j’ai quand même progressé tout le temps, et maintenant, j’ai une stabilité qui est ma force. Il y a quelques années, c’était un de mes points faibles: j’avais des passages assez rapides mais je faisais souvent une faute. Là je n’ai pas beaucoup de fautes et c’est ce qui me permet d’avoir des résultats constants et réguliers.
Vous avez passé de longues années en Coupe d’Europe avant de faire le bond en Coupe du monde. C’est souvent une transition difficile mais vous l’avez tout de suite réussie.
Je pense que ces années en Coupe d’Europe m’ont forgé en tant qu’athlète. C’était peut être un mal pour un bien de rester aussi longtemps en Coupe d’Europe, de mûrir un petit peu. Je suis arrivé sur le circuit de Coupe du monde avec plus de maturité et ça m’a permis de directement ne pas me tromper, de ne pas faire ces petites erreurs de débutant que j’aurais sans doute fait si j’étais arrivé quelques années plus tôt.
En début de saison, vous n’aviez encore rien à prouver. Avez-vous commencé à sentir la pression suivant vos résultats?
Franchement, ça va. Je me suis dit en arrivant en Coupe du monde que je n’avais rien à perdre. Puis, première course et premier top 20. Au fil de la saison, je me suis rendu compte que j’allais finir dans les 30, puis aux finales. Et je me suis dit: ‘Il n’y a rien à perdre maintenant, il faut aller chercher tout devant.’ L’appétit vient en mangeant. Forcément j’ai envie de montrer encore du bon ski. Mais je ne pense pas qu’on peut parler de pression. C’était une saison exceptionnelle.
Les points forts n’ont pas manqué en tout cas.
Chaque week-end, j’ai passé une étape. La première fois qui m’a marqué, c’était à Val Gardena: c’est la première fois où j’ai fait un bon résultat avec du monde à l’arrivée. En Coupe d’Europe, on a peu de public. Puis Wengen devant le public suisse et de nouveau une meilleure performance. Ensuite Kitzbühel, la Mecque du ski avec autant de monde. Garmisch, c’était aussi intéressant parce que mon fan club avait fait le déplacement et 50 personnes étaient là pour me voir. Des moments comme Wengen, Kitzbühel ou Garmisch vont encore rester longtemps dans ma mémoire au niveau émotionnel.
Un regard vers l’avant: vous avez fait un premier podium à Saalbach et justement c’est ici que se tiendront les Championnats du monde en 2025. Un bon signe?
C’est la question qui commence à arriver. Ce n’est pas encore mon objectif parce que c’est tellement loin pour moi. Si on regarde actuellement la liste du super-G, je serais dans les quatre Suisses, mais il peut se passer tellement de choses. Il y a vraiment du beau monde chez les Suisses, alors ça ne va pas être facile. Je ne veux pas non plus me fixer des objectifs inatteignables et après être déçu. Donc pour moi, l’année prochaine, ce sera important de confirmer, de continuer à progresser. Et puis après, si je continue de bien skier, il y aura peut être une chance (d’aller aux Mondiaux). Et s’il y a une chance, je la prendrai.
Sim Sim Wissgott, de retour de Saalbach-Hinterglemm