Hors des points du géant de Lenzerheide, Justin Murisier n’avait pas la tête des grands jours dans l’aire d’arrivée de la piste Silvano Beltrametti. Car si le Bagnard a réussi sa meilleure saison de Coupe du monde, celle-ci s’est terminée en queue de poisson, avec sa 16e place. Sur une piste où l’état de la neige a fait jaser depuis le début de la semaine, le skieur de 29 ans n’a jamais réussi à trouver le rythme. Comme passablement d’autres skieurs, il n’a pas réussi à trouver les bons réglages sur une neige changeante selon les passages. Et le tracé de la seconde manche l’a largement perturbé.

La solution? La FIS doit tracer les manches

“Je n’ai pas réussi à m’adapter, il tournait énormément, a-t-il décrit dans l’aire d’arrivée. C’était de la peau de phoque de haut en bas. Si on s’entraîne toute l’année, c’est pour faire du ski alpin. Les conditions de neige, c’est une chose mais tu dois adapter ta façon de tracer à ces conditions justement. Il (ndlr: Einar Witteveen, l’entraîneur d’Henrik Kristoffersen) a fait quelque chose qui tournait énormément, sans vitesse. On ne pouvait pas tourner nos skis qui font près de deux mètres.”

A-t-il parlé de cette situation avec son compère Marco Odermatt, qui a vécu une journée cauchemardesque en perdant ses ultimes espoirs de Globes de cristal? “Notre avis (ndlr: à Marco et lui), c’est que notre doit être beau, lâche encore le Valaisan. On doit donner envie aux gens. Il ne faut pas tracer en fonction des athlètes. On doit pouvoir se battre à armes égales, pas qu’un athlète tente de changer le sport pour lui-même.” La solution pour Justin Murisier? “Que la FIS trace les parcours en fonction de la piste et des conditions de neige. C’est déjà le cas en vitesse, il faut aussi le faire en géant.”

L’entraîneur d’Henrik Kristoffersen visé

Le skieur de Bruson a encore précisé son courroux: “Je ne donnerais pas de nom mais il y a un concurrent qui n’arrête pas de pleurer parce que les géants ne tournent pas assez. Ça va tuer notre sport si on a des skieurs qui préfèrent apporter leur grain de sel plutôt que de penser à la beauté du ski alpin. Il faut arrêter de chercher à prendre un avantage, à tracer un parcours qui ne peut aller qu’à lui. Personne n’aime ça. Il est content (ndlr: Henrik Kristoffersen), il va faire sa petite remontée”. Le Norvégien est passé du 13e au 8e rang en seconde manche.

Enfin, Justin Murisier a eu une dernière pensée pour Marco Odermatt. “Pour lui, ce n’est que partie remise, imagine-t-il. Mais quand tu as une telle chance, c’est bien de la saisir. On ne sait jamais ce que l’avenir te réserve. Marco est jeune, tout se passe bien pour lui. Mais, c’était aussi mon cas et j’ai eu des millions de blessures. Evidemment, je ne lui souhaite surtout pas ça mais j’aurais aimé pour lui qu’il puisse remporter ce Globe aujourd’hui. Malheureusement, c’est le sport. Il est deuxième mondial. C’est déjà exceptionnel à son âge.”

“Il y a eu de belles choses”

A 29 ans, le Valaisan met lui un terme à sa meilleure saison jusqu’ici. “Il y a eu de belles choses, le podium en géant et cette 5e place en super-G, se souvient-il. Malheureusement, je n’ai pas réussi à garder la cadence en géant depuis les Championnats du monde. J’ai eu de bons secteurs mais j’ai manqué de constance. En Coupe du monde, cela ne sert à rien de faire des demi-manches.” Et il compte bien continuer sa progression, maintenant que son genou meurtri le fait moins souffrir. “La saison prochaine, je vivrai ma deuxième année sur Head. J’espère vraiment avoir le temps cet été pour trouver les bons réglages dans toutes les conditions”, conclut-il.

Laurent Morel, Lenzerheide