Lorsque Johan Eliasch, le président de la FIS, s’est exprimé mardi soir en mondovision depuis Reykjavik pour désigner les deux hôtes devant accueillir les Championnat du monde de ski alpin 2029 et 2031 – une double nomination inédite -, on se demandait quelle serait la candidature plébiscitée avec celle d’Andorre pour accueillir Marco Odermatt et les meilleurs athlètes de la planète dans cinq et sept ans. Pourtant, dans un premier temps, le patron du ski mondial a annoncé que Narvik organisera les Mondiaux 2029, puis dans un second, Val Gardena ceux de 2031. Une petite bombe, puisque la Principauté reste sur le carreau.

Dans le détail, Narvik a reçu 11 voix contre 8 à Val Gardena et une seule pour Andorre au premier tour pour 2029. Lors du second, attribuant les Championnats du monde 2031, la station des Dolomites a reçu 14 votes contre 6 pour la Principauté.

“La candidature d’Andorre doit poursuivre son travail de qualité, car elle a tous les moyens d’organiser des Championnats du monde de ski alpin de qualité dans le futur”, assure Johan Eliasch, très mal pris au moment de divulguer les résultats. Reste une question qui demeure: comment la candidature la plus brillante sur le papier n’ait pas eu droit au gâteau de la FIS? Car, oui, Andorre, avec ses deux stations voisines d’El Tarter et de Soldeu, faisait figure d’épouvantail dans la course aux Championnats du monde de ski alpin. Avec une candidature solide, qui reposait sur l’expérience acquise à travers l’organisation de six étapes de Coupe du monde dont les finales en 2019 et 2023, le petit pays niché au coeur des Pyrénées s’était construite une solide réputation en matière d’organisation de compétitions alpines.

Andorre au milieu d’une lutte de pouvoir

Et dans la Principauté, la réponse est aussi cinglante que légitime. “La politique et l’affrontement entre deux grands blocs de la FIS, d’un côté les pays favorables au président de l’instance internationale, Johan Eliasch et de l’autre, ses opposants, ont fini par pénaliser la candidature andorrane”, est-il écrit dans un communiqué transmis par le comité de candidature. “Bien que la direction technique de la FIS ait exprimé à plusieurs reprises le très haut niveau de la proposition andorrane, et que les athlètes eux-mêmes, les équipes, la famille sportive ou encore les médias l’aient fait, le verdict a été retentissant et l’évaluation du dossier remis en arrière-plan.”

Andorre, qui avait déjà échoué contre Crans-Montana pour les Mondiaux de 2025, de manière plutôt logique, est une victime collatérale. Entre les lignes, il est clair que certaines membres du Conseil de la FIS ont voté, à l’image de l’Autriche, de l’Allemagne, de la Suisse pour la candidature norvégienne de 2029 – celle de 2031 étant pratiquement acquise à l’avance par Val Gardena – au détriment de l’andorrane. Ces fédérations ont vu ici une opportunité de désavouer le président de la FIS Johan Eliasch, proche de la candidature de la Principauté des Pyrénées, et contre qui elles font front maintenant depuis plusieurs saisons. “En fait, ils ne nous ont pas laissé rivaliser”, regrette David Hidalgo, président du comité de candidature d’Andorre 2029. “Le vote fait ressentir un contexte dans lequel, plutôt que de voter pour la meilleure proposition, il s’est orienté vers un camp à soutenir. Cela s’est davantage basé sur des luttes personnelles et des egos que sur des critères techniques et les valeurs du sport.”

“Il est temps d’attendre que la FIS s’engage vraiment pour du changement”

On ne peut que le soutenir dans cette démarche tant la FIS semble marcher sur la tête depuis plusieurs mois entre guerres intestines, pimentées par, surtout, des problèmes de gouvernance, de communication et des luttes de pouvoir face aux fédérations nationales, notamment dans le cadre de la centralisation des droits de télévision.

Dans ce contexte, Andorre hésite ainsi à se relancer dans la course mondiale pour 2033. “Il est temps de réfléchir et d’attendre que la FIS s’engage vraiment pour le changement. Actuellement, il y avait un courant de renouveau, mais il n’a pas reçu l’appui de la majorité”, assure David Hidalgo. “Nous avons fait tout ce qui était possible, et maintenant c’est à nous d’être autocritiques, d’apprendre sur ce que nous pouvons améliorer et de savoir lire les situations pour l’avenir.”

Johan Tachet