Sur sa petite chaise rouge de leader, Alexis Monney, entouré de son compatriote Franjo von Allmen et du Canadien Cameron Alexander, ses dauphins, a l’air un peu perdu. Le Fribourgeois n’a pas totalement réalisé la portée de son exploit. Quelques minutes plus tôt, il a réalisé une démonstration sur la terrible Stelvio, entre prise de risque et relâchement, pour s’offrir son premier succès en Coupe du monde lors de la descente de Bormio, certainement la plus complète du circuit.

« Je ne sais pas quoi dire, c’est juste une journée folle. » Le héros du jour peinait à trouver les mots au micro d’Eurosport à l’issue de son chef-d’oeuvre. Le skieur de Châtel-Saint-Denis avait un plan et il a pu l’exécuter à merveille. « Tout était prêt, on a beaucoup bossé à la vidéo. Je n’ai pas eu besoin du retour des autres, ce que j’avais dans la tête, c’était le bon plan », concède-t-il. À la reconnaissance déjà, le champion du monde juniors de descente en 2020 était déjà sûr de son fait, tout comme son entraîneur, Valentin Crettaz. « Alexis m’a dit qu’il se sentait bien », nous explique le coach valaisan. « Je lui ai dit que c’était son jour, qu’il devait envoyer la sauce et nous faire rêver. Il m’a pris au mot. »

« Alexis était en feu »

Sur une descente qui n’a sacré que des trentenaires comme Aksel Lund Svindal, Matthias Mayer, Cyprien Sarrazin ou le patron des lieux Dominik Paris, ces dernières années, le skieur de 24 ans a bluffé toute la concurrence au prix d’une master-class. « Dès le deuxième secteur, Alexis a mis les watts, puis il était en feu sur la partie technique avant de tirer des courbes de rêve sur le bas », admire Valentin Crettaz qui avoue « avoir tremblé et avoir eu les larmes » après le triomphe de son protégé qu’il côtoie depuis les structures NLZ.

« J’ai eu un super sentiment sur les skis. Normalement, c’est toujours très dur ici mais là, je me suis très bien senti », a poursuivi le jeune Fribourgeois sur SRF. Déjà à l’aise lors du premier entraînement, le skieur de la Veveyse a su tirer la course parfaite de haut en bas de la Stelvio. « Je me suis dit que c’était possible de faire un bon résultat mais pas à ce point. D’ailleurs, je me disais sur le skis que je devais pousser davantage, car cela n’allait pas suffire. »

Plus de quarante ans après Jacques Lüthy pour « tonton » Alexis

Avec Franjo von Allmen, Alexis Monney a réalisé un incroyable doublé. Imaginez les deux plus jeunes skieurs du top 30 de la descente à se retrouver devant au tableau d’affichage de la plus exigeante descente de la saison. Une prestation qui a été louée par le patron du circuit Marco Odermatt lui-même sur Eurosport. « C’est extraordinaire ce qu’ils ont réussi, je ne sais quoi dire. Ils méritent un tel résultat », concède le Nidwaldien qui se dit « reconnaissant » d’avoir les deux talents fribourgeois et bernois à ses côtés. « Dans notre équipe, personne n’est le chef, le boss. On essaie vraiment tous de s’aider, de prendre du plaisir. »

Alexis Monney réussit aussi l’exploit de prendre la succession dans les tableaux à Jacques Lüthy, le dernier Fribourgeois à être monté sur un podium de Coupe du monde, il y a de cela plus de 40 ans. Et comme un bonheur ne vient jamais seul, l’athlète de Châtel-Saint-Denis est également devenu tonton ce matin même avant la course. Il va y avoir de quoi fêter ce soir pour Alexis et son papa Louis qui était présent au pied de la Stelvio pour encourager son champion.

Johan Tachet/LMO