“On était tout proche. On a fait tout ce qui était humainement possible.” L’émotion était palpable auprès de Federico Maquignaz, le président des Remontées mécaniques de Cervinia, quelques instants après la dernière annulation des descentes du Speed Opening.

Même s’ils espéraient un miracle, les organisateurs savaient pertinemment qu’il n’y aurait aucune course sur les hauteurs de Zermatt/Cervinia pour la seconde année de suite. La sentence définitive a été prononcée en fin de matinée. Un travail de longue haleine réduit à néant par les mauvaises conditions climatiques et surtout le vent – logique lorsque la piste côté italien s’appelle Ventina, signifiant “Petit vent”, rappelant que, même si cette année est exceptionnelle par rapport aux précédentes, c’est toujours la nature qui a le dernier mot.

La balle dans le camp de la FIS

En tout et pour tout, les athlètes auront arpenté la Gran Becca uniquement pour une séance chronométrée masculine et une autre féminine sur les 10 jours d’entraînements et de courses programmés. Rageant, décevant, mais “pas catastrophique”, pour Franz Julen, le président du Comité d’organisation. “Ça reste une course et on ne peut rien faire contre la nature qui est plus forte que nous. Mais c’est avant tout difficile pour toutes les personnes qui se sont investies dans ce projet depuis deux ans, pour l’équipe, les 500 bénévoles. Parfois, on gagne, parfois on perd, c’est le sport”, souligne le Haut-Valaisan, soutenu par son compère valdôtain Federico Maquignaz. “On a perdu la bataille, mais pas la guerre, parce qu’on sera encore plus forts l’année prochaine.”

Malgré deux années blanches – même si c’est le manque de neige qui a conduit au renvoi des compétitions l’an dernier -, on continue à espérer qu’une course de Coupe du monde puisse se dérouler à haute altitude au mois novembre. Le contrat signé par les comités d’organisation, Swiss-Ski, la FISI (la fédération italienne de ski) et la FIS portent encore sur les trois prochaines années. Reste cette question: est-ce que la FIS pourrait dénoncer le contrat après les deux premiers échecs. “Je suis habitué à ce que l’on respecte les contrats”, assure Franz Julen. “Pour moi, il n’y a pas besoin de signature, une bonne poignée de mains suffit, mais nous avons en plus un contrat.”

Une bonne publicité pour les stations

Sur les hauteurs de Zermatt et de Cervinia, on recense les retombées positives plutôt que négatives. “Certes, nous ne sommes pas parvenus à faire une course, mais l’impact reste très bon”, reprend Federico Maquignaz. “On parle du Cervin, de Zermatt, de la région. Cela fait une bonne publicité et c’est un but atteint”, poursuit le Transalpin qui évoque les magnifiques images rapportées lors des deux seuls entraînements qui ont pu avoir lieu. “Tout le monde était émerveillé par le décor. Dès que l’on voit le Cervin, on en tombe amoureux. Nous, on le connaît depuis longtemps, mais c’est aussi pour partager que l’on continue à travailler.”

Face à la justice

Les dirigeants de la première compétition transfrontalière de l’histoire du ski alpin auront toutefois du pain sur la planche ces prochains mois. Les défis seront nombreux pour pouvoir accueillir à nouveau les meilleurs spécialistes de vitesse dans une année. À commencer par la justice. Pour rappel, l’illégalité de certains travaux sur le glacier du Théodule a conduit à l’ouverture d’une enquête pénale en Valais. Mais Franz Julen se veut rassurant et avoue n’avoir aucune crainte face à la justice. “Nous allons tout analyser. Si on estime que la décision est fausse, nous ferons recours. Si elle est justifiée, nous payerons l’amende et nous prendrons les mesures nécessaires pour l’avenir.”

Car, que ce soit à Zermatt ou à Cervinia, on est totalement certains que le Cirque blanc reviendra planter son chapiteau. “On est des montagnards, et on va tout faire pour trouver des solutions afin d’organiser ces compétitions qui sont très importantes pour nous”, conclut Federico Maquignaz.

Johan Tachet, Breuil-Cervinia/SWW