Il ne faut pas grand chose pour faire sourire Franjo von Allmen, mais avec une première médaille d’or en descente et les éloges de champions et de légendes du ski, l’enthousiasme contagieux du jeune Bernois dimanche était plus que compréhensible. Réaction.
« L’insouciance de la jeunesse l’a emportée sur l’expérience aujourd’hui », a résumé avec un clin d’œil la légende autrichienne du ski Franz Klammer après le triomphe de Franjo von Allmen lors de la descente masculine des Championnats du monde à Saalbach. De tous les favoris pour le podium dimanche – de Marco Odermatt à Vincent Kriechmayr ou Ryan Cochran-Siegle – c’est en effet le plus jeune, celui sans grande médaille encore dans sa collection et qui n’en est qu’à sa deuxième saison de Coupe du monde, qui a surpassé tout le monde.
Et cela sans même réaliser une manche parfaite. Mais après sa 12e place en super-G vendredi, le Bernois de 23 ans avait la rage au ventre. Il a beau avoir insisté en début de semaine qu’il venait à ses premiers Championnats du monde sans attente, la déception se lisait sur son visage après sa première course. « Après le super-G, je me suis dit qu’il fallait vraiment attaquer, que je n’avais rien à perdre. Alors je suis parti à fond, c’était vraiment à la limite, mais ça a marché et c’était aussi rapide. Je me suis vraiment amusé », a déclaré dimanche le nouveau champion du monde, le sourire retrouvé.
D’abord Wengen, maintenant Saalbach
Cette victoire, quoiqu’extraordinaire, n’était pas vraiment une surprise. Le jeune Suisse a explosé en Coupe du monde cette saison, réalisant trois podiums en descente et une première victoire en super-G à Wengen. Deuxième à l’entraînement de descente Saalbach jeudi, alors qu’il ne semblait même pas être parti à fond, il a aussi montré qu’il se sentait à l’aise sur cette piste Schneekristall. Beaucoup le comptaient donc parmi les favoris pour une médaille en descente.
Le plus jeune skieur a remporter le titre mondial en descente depuis 36 ans, le Bernois peinait encore quelque peu à décrire ses émotions après son exploit. « On ne devient pas champion du monde tous les jours donc j’essaie d’en profiter. Mais je crois que je vais avoir besoin de quelques jours pour réaliser tout ce qui s’est passé. » Le fait qu’il a partagé le podium avec son compagnon de chambre pendant ces Mondiaux, Alexis Monney, lui aussi medaillé pour la première fois, n’a rendu son triomphe que plus beau. « C’est tellement spécial », s’est-il réjoui.
Les éloges d’un champion
Vincent Kriechmayr, à qui Franjo von Allmen a volé la victoire devant son public dimanche, n’a pas non plus tari d’éloges pour son jeune rival. « Il est incroyable. Il est si jeune mais c’est extraordinaire ce qu’il fait. » Cela n’a pas empêché le double champion du monde de Cortina d’Ampezzo de le taquiner. « C’est encore un jeune chiot et il est déjà champion du monde. Ceux-ci seront probablement mes derniers Mondiaux, il aurait quand même pu me laisser passer devant ! » a plaisanté l’Autrichien, qui a fini à 0’24 et avait déjà du se contenter d’une 2e place derrière le Suisse à Wengen le mois dernier.
L’image de Franjo von Allmen comme jeune chiot semble lui coller. Son coéquipier Stefan Rogentin l’a déjà décrit « comme un chien, toujours heureux ». Et à voir le sourire éternel du jeune Bernois et son caractère rieur, on ne peut s’empêcher de penser à un golden retriever. Avec une première médaille d’or à arroser, son enthousiasme était plus contagieux que jamais dimanche. « On va fêter jusqu’à en tomber! » a prédit le jeune champion sur la suite du programme du jour. Il l’a plus que mérité.
Sim Sim Wissgott/LMO, Saalbach-Hinterglemm